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L’EI pourrait-il plaider la non-responsabilité criminelle ?

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Michel Morin

2014-10-15 11:15:00

Avocat et militant athée, l’auteur s’interroge sur la frontière existant entre une foi poussée à l’extrême et un trouble mental, invoqué pour plaider la non-responsabilité criminelle....

Me Michel Morin a pratiqué au Bureau des Procureurs de la Cour Municipale de Longueuil en 2003-2004 et au DPCP (Bureau des affaires jeunesse) en 2012.
Me Michel Morin a pratiqué au Bureau des Procureurs de la Cour Municipale de Longueuil en 2003-2004 et au DPCP (Bureau des affaires jeunesse) en 2012.
S’il est permis d’établir des degrés dans l’horreur et la folie meurtrière, on s’accorde à dire qu’au pur plan matériel, les procédés d’exécution du tristement célèbre Rocco Magnotta et ceux des fanatiques de l’État Islamique occupent à peu près le même niveau.

Quand on y songe, d’ailleurs, les deux dossiers ont plus en commun qu’on pourrait le croire. Oui, et c’est le plus évident, ils partagent ce répugnant modus operandi qui consiste à démembrer leur victime. Ensuite, dans un cas comme dans l’autre, les actes barbares sont captés sur vidéo pour être ensuite mis en ligne. Enfin, l’expédition sordide des membres de sa victime à des instances politiques semble indiquer qu’à l’instar de l’EI, Magnotta voulait communiquer un message quelconque.

Nul besoin d’un diplôme en psychiatrie pour à tout le moins envisager la réelle possibilité que Magnotta ait l’esprit suffisamment perturbé (en général ou à l’époque du meurtre) pour ne pas avoir eu conscience que ce qu’il faisait était mal.

Concrètement, c’est la tâche à laquelle se consacrera son avocat qui, n’en doutez pas un instant, n’aura pas eu de difficultés à recruter d’honorables spécialistes du « mental » qui émettront une opinion favorable au verdict de non-responsabilité criminelle.

Rappelons ici le fardeau de la défense qui doit (selon une prépondérance des probabilités) démontrer que l’accusé est atteint de troubles mentaux et que ces troubles le rendent incapable de juger de la nature et de la qualité de l’acte qu’il a commis ou de savoir que c’est mauvais.

Si on juge un homme à ses actions, on a spontanément le réflexe de se dire : Magnotta n’est pas normal et son cerveau ne fonctionne pas comme vous et moi. Rien de scientifique là-dedans, bien sûr. Mais, bon, simple gros bon sens. Ultimement, tout crime impliquant des éléments de cruauté et de sadisme qui heurtent notre conscience ne peut avoir été commis par une personne « normale ».

L’article 16 C.crim, une défense pour l’EI ?

Ainsi, pourquoi ai-je ce sentiment que, dussent-ils comparaître devant nos tribunaux pour répondre de leurs crimes atroces, les responsables des décapitations de l’EI trouveraient en l’article 16 de notre Code Criminel une défense des plus opportunes sur le plan stratégique?

Le Docteur Darrell W Ray, un brillant psy américain a publié en 2009 un fascinant ouvrage intitulé « The God virus : how religion infects our lives and cultures ». Grossièrement résumée, la thèse du Dr Ray consiste à démontrer que l’infection religieuse est un calque parfait de l’infection virale.

Il explique : « On peut observer plein d’exemples où les parasites et virus prennent littéralement le contrôle de certaines parties du cerveau et, partant, contrôlent l’hôte. Ils reprogramment l’organisme dans le meilleur intérêt du parasite et ce, au détriment de l’hôte. »

Du point de vue d’un grand nombre de scientifiques (et certainement du point de vue d’un athée), on aurait tort de sous-estimer le formidable ascendant que peuvent prendre des convictions religieuses sur le processus mental d’un croyant.

Nous savons, bien entendu, que l’immense majorité des Musulmans adhère à une foi basée sur des principes d’entraide et de générosité. Des sourates du Coran font la promotion des valeurs humaines. Mais on peut lire ces passages dans ce même Coran :

« Combattez dans le sentier d’Allah ceux qui vous combattent (…) Et tuez-les, où que vous les rencontriez… » (2 :190-191)

« Combattez-les jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’association et que la religion soit entièrement à Allah seul… » (2 :193)

« Ne prenez pas d’alliés parmi les mécréants jusqu’à ce qu’ils émigrent dans le sentier d’Allah. Mais s’ils tournent le dos, saisissez-les et tuez-les où que vous les trouviez… »(4 :89)

Délires religieux

On pourrait multiplier les exemples de sourates incitant à la haine et à la violence envers les infidèles. Endoctrinés dans la foi islamique depuis leur plus tendre enfance, ceux qu’on appelle justement « les fous d’Allah » n’arrivent pas même à imaginer que leur livre saint puisse se tromper. Dès lors qu’ils en font une interprétation littérale, ils deviennent des terroristes en puissance.

La frontière entre une foi religieuse ardente, poussée à l’extrême et un « trouble mental » est mince et baigne assurément dans le flou. Le délire religieux n’est par ailleurs pas propre à l’Islam.

Plus près de nous, combien de fois avons-nous vu de ces cas de meurtriers qui jurent avoir commis leurs crimes odieux en suivant les ordres que la voix de Dieu ou du Christ leur avait donnés ?

Un journaliste américain a mené récemment une étude sur les tueurs en série aux États-Unis. Sur les douze cas de tueries qu’il a étudiés, onze avaient tous ce dénominateur commun : le tueur avait eu une éducation très religieuse dans son enfance ou il croyait à l’existence des démons. La majorité transportait une Bible avec eux partout où ils allaient.

Les types de l’EI qui décapitent des malheureux devant des caméras se conforment-ils aux critères de l’article 16 et pourraient-ils être déclarés non-criminellement responsables de leurs actes ? J’estime que leurs chances seraient assez bonnes.

Me Michel Morin a pratiqué au Bureau des Procureurs de la Cour Municipale de Longueuil en 2003-2004 et au DPCP (Bureau des affaires jeunesse) en 2012. Depuis 1999, il travaille à titre d’auteur et concepteur sur divers projets et séries télé. Il a été scénariste sur des émissions comme « Dans une galaxie près de chez vous », « Une grenade avec ça? », « Toute la vérité », « Les Boys », « Les pêcheurs », etc.

Me Morin s’est consacré au cours des derniers mois à la rédaction d’un ouvrage offrant le point de vue d’un athée sur la religion dont la publication est prévue en 2015.

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7 commentaires

  1. anonyme 2
    anonyme 2
    il y a 9 ans
    Commentaires simplistes à éviter!
    "Nul besoin d’un diplôme en psychiatrie pour à tout le moins envisager la réelle possibilité que Magnotta ait l’esprit suffisamment perturbé (en général ou à l’époque du meurtre) pour ne pas avoir eu conscience que ce qu’il faisait était mal."

    Jugement trop simpliste de votre part! Vous auriez avantage à revoir l'ensemble des causes rendues en semblables matière depuis les 50 années.

    Saviez-vous que Charles Manson qui a offert une défense similaire s'est vu condamné!

    La distinction entre les troubles mentaux sévères et la dissociation involontaire de l'esprit sont deux choses bien différentes!

    Prière de refaire vos devoirs.

  2. Anonyme
    Anonyme
    il y a 9 ans
    Un instant!
    C'est LE Michel Morin, celui qui faisait partie de l'équipe du Zoo/la Jungle sur les ondes de la radio de la capitale dans les années 80? Il est devenu avocat? Trop drôle!

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 9 ans
      Re : Un instant!
      Et pourquoi serait-ce drôle... Un ex-animateur de radio ne peut pratiquer le métier d'avocat sous prétexte de... Ah j'oubliais, tu dois être un avocat(e) qui pense que ce métier est réservé à l'aristocratie ! Pathétique comme commentaire....

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 9 ans
      re re Un instant!
      Vous n'avez rien compris, je suis (du moins j'étais à cette époque) un fan de cet homme. Ce qui est drôle est de voir qu'il soit devenu avocat. Et que ça m'a pris un bout pour le reconnaître. Pas drôle dans le sens que je me moque de lui ou parce qu'il ne le mérite pas ou parce qu'il n'aurait pas dû le devenir, plutôt drôle dans le sens que "son parcours est particuler" et quel hasard que j'aurais pu me retrouver à la même table que lui à un congrès.

      Un peu commme quand on apprenait qu'André Arthur conduisait des autobus. Ces gars-là étaient d'immenses vedettes à Québec. Tout le monde les écoutait. Je me souviens du "Défilé de la Coupe Stanley sur la Grande Allée. Le "where are they now" mène parfois à des résultats surprenants, c'est tout. Et l'intelligence fera réussir dans biens des domaines.

      Ce qui est pathétique est votre vitesse à sauter à des conclusions quant à ce que je pense du statut social des avocats. Ce commentaire en dit beaucoup plus long sur vous que sur moi....

  3. L'athée Non-proxénete
    L'athée Non-proxénete
    il y a 9 ans
    biaisé
    Militant athée, dans une société comme la nôtre, c'est particulier.

    Plus souvent qu'autrement, les gens qui se décrivent de la sorte sont dans les faits opposés à une religion en particulier en raison de motifs personnels (mauvaise expérience avec une religion)ou en raison d'ignorance (notamment, ils présument que tous les adeptes d'une religion sont des fanatiques).

    Le problème évidemment est que cette position ignore le bien que les religions peuvent faire. Il est facile d'être méprisant et caricaturer les croyances religieuses, ("les ti bonhommes dans le ciel"), mais il ne faut pas nier que d'innombrables personnes ont trouvé et trouvent toujours beaucoup de réconfort dans la foi.

    Que ce soit une personne âgée qui prie pour "que le Ptit Jésus vienne me chercher" ou encore la personne aux prises avec un problème de dépendance qui trouve du réconfort dans un texte religieux, la religion peut être bénéfique.

    Les cas de comparaison avec un parasite sont, si la comparaison est appropriée, des cas extrêmes. Et dans ce cas, est-ce que la religion est vraiment la source de la folie ou constitue-elle plutôt sa manifestation? La grande majorité des gens religieux faisant la part entre le bien et le mal, il n'est pas équitable de se référer aux personnes troublées comme étant représentatives de l'ensemble. Si les gens ne se tournaient pas vers la religion, entendraient-ils des extra-terrestres ou le fantôme de Jeanne d'Arc qui leur indiqueraient des comportements à adopter?

    Je ne crois pas en Dieu, mais je respecte ceux qui le font et je ne vois pas pourquoi je chercherais à leur enlever quelque chose de si important (pour eux). En quoi serais-je meilleur que les fanatiques qui cherchent à convertir à une religion ou une autre si je faisais preuve d'autant de certitudes qui me pousseraient à "convertir" ceux-ci à mon athéisme?

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 9 ans
      Sauf que...
      "cette position ignore le bien que les religions peuvent faire"

      - Et la vôtre semble ignorer tout le mal qu'elles peuvent engendrer...

      "ou encore la personne aux prises avec un problème de dépendance qui trouve du réconfort dans un texte religieux, la religion peut être bénéfique."

      - Certaines personnes trouvent du réconfort dans l'alcool ou les drogues, ce n'est pas bénéfique pour autant...et malheureusement, cela se traduit souvent par une nouvelle dépendance face à la religion...

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 9 ans
      re: Sauf que
      "Et la vôtre semble ignorer tout le mal qu'elles peuvent engendrer..."

      Vous avez raison, dans la majorité des cas je pense que la religion est bénéfique pour les croyants, même si ce n'est pas mon choix. Le mal qu'elles peuvent engendrer est, comme je le mentionnais, lié à une mauvaise expérience personnelle ou aux fanatiques.

      "Certaines personnes trouvent du réconfort dans l'alcool ou les drogues, ce n'est pas bénéfique pour autant...et malheureusement, cela se traduit souvent par une nouvelle dépendance face à la religion..."

      Sauf que la grande majorité des gens religieux n'ont aucune difficulté en raison de leur religion. Pensez à nos ancètres qui ont construit le Québec avec la religion comme élément central. Le fait de revendiquer contre les religions (par opposition aux extremistes religieux) est contraire à nos lois fondamentales et celles de la plupart des régimes démocratiques.

      De toute évidence, vous n'avez jamais été au chevet d'un de vos proches qui cherche un peu de réconfort dans la religion. Je ne peux m'imaginer débattre de la question avec quelqu'un qui souffre dans ces circonstances.

      Je n'ai pas la vérité inné, je laisse les gens croirent ce qu'ils veulent bien croire.

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