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Conseils d'un juge à un jeune avocat
Emeline Magnier
2014-10-20 15:00:00
Comment convaincre les juges? Quelles sont les qualités recherchées chez un plaideur? Des juges ont livré leurs secrets et conseils aux jeunes membres du Barreau...
Pour la 20ème édition de l'événement tenu chaque année, le Comité des activités socioculturelles et sportives de l'association avait choisi le thème suivant : Ce que j’ai appris en devenant juge que j’aurais aimé savoir en tant que jeune avocat.
« En général, nos événements sont propices au réseautage et très utiles pour avoir des références; mais ici, c'est l'occasion d'améliorer nos habiletés professionnelles et les juges s'impliquent volontiers » souligne Me Paul-Mathieu Grondin, président de l'AJBM et avocat chez Grondin Savarese.
« Les magistrats sont souvent perçus comme des sages mystérieux par les avocats. Nous offrons la possibilité aux plus jeunes de leur poser des questions qu'on ne leur poserait pas d'habitude », ajoute Me Louis-Paul Hétu, administrateur du comité organisateur.
Parmi les membres de la magistrature venus à la rencontre des jeunes juristes, de grands noms faisaient partie de la liste d'invités: André Perreault, juge en chef adjoint de la Cour du Québec, Ann-Marie Jones, présidente du Tribunal des Droits de la personne, Julie Veilleux, vice-présidente du Tribunal des professions, Morton S. Minc, juge-président de la Cour municipale de la Ville de Montréal et Nicole Duval-Hesler, juge en chef du Québec, qui était l'invitée d'honneur de la soirée.
Présentée par Me Dominique Tardif, de ZSA, partenaire de l'événement, la plus haute magistrate de la province est montée à la tribune pour raconter quelques anecdotes de pratique à son auditoire attentif. Alors qu'elle était en début de pratique, elle a expliqué qu'un magistrat l’a questionnée sur sa qualité d’avocate avant le début d’une audience. « À la fin du procès Monsieur le juge, vous n'aurez plus à vous poser la question », lui avait-elle répondu d'un ton assuré.
Prêts à argumenter avec la cour
« La profession d'avocat est difficile mais elle en vaut la peine, elle offre de beaux défis », indique la juge en chef. Elle conseille aux jeunes plaideurs de se préparer de la bonne façon avant une audience. « Il faut être prêt à argumenter avec la cour au besoin et ne pas être prisonnier de son texte », souligne-t-elle.
Tout au long de la soirée des idées de questions à poser aux magistrats étaient diffusées sur un écran pour permettre aux jeunes avocats d’engager facilement la conversation. Comment vous convaincre? Certains jeunes avocats vous impressionnent-ils? Pourquoi? Quelles sont les qualités recherchées ou appréciées chez un plaideur?
Diane Quenneville, juge à la Cour du Québec, apprécie particulièrement les échanges avec les jeunes avocats. « C'est souvent eux qu'on voit devant les tribunaux et c'est intéressant de savoir ce qu'il pense de la profession », explique celle qui considère que le milieu juridique est beaucoup plus compétitif aujourd'hui qu'il ne l'était à ses débuts de pratique.
S’impliquer dans des OSBL
D'un pas décidé, elle est allée à la rencontre de Me Fanie Dubuc et Tina Capraro, avocates à la Société de l'assurance automobile du Québec. C'est la première fois que Me Dubuc assiste au cocktail avec la magistrature. « J'avais envie de voir ce que l'association a mis en place; c'est une belle occasion de briser la glace avec les juges », dit-elle. « Ce sont des moments rares qui nous permettent de discuter de tout et de rien avec les magistrats », ajoute sa consœur.
La juge Quenneville leur a conseillé de s’impliquer dans des organismes à but non lucratif pour développer leur réseau et ouvrir leur esprit.
Sylvain Coutlée, juge à la Cour du Québec, considère qu'il est important pour les juridictions de garder de bonnes relations avec les jeunes membres du Barreau, « l'avenir de la profession». Il leur conseille d'être bien préparés pour un procès, de rencontrer leurs clients et de maîtriser la théorie de la cause. « On ne voit pas souvent des avocats mal préparés, mais c'est de ceux-là dont on parle le plus », indique-t-il.
Actuellement en stage chez Clyde&Co, Alexandra Azab a profité de la soirée pour recueillir les conseils des magistrats et améliorer ses compétences. « Ce n'est pas quelque chose qu'on peut lire dans un livre ou dans la jurisprudence », dit-elle.
Pendant son stage, elle a déjà eu l'occasion d'aller plaider une requête en précision, une expérience qu'elle a adorée. « Je n'ai pas trouvé ça impressionnant; les juges m'impressionnent plus par leurs discours et leurs jugements .»
Vous souhaitez-vous aussi vous entretenir avec les juges ? Rendez-vous lors de la 21ème édition du cocktail!
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