Nouvelles

Il blâme le système judiciaire pour le meurtre de ses enfants

Main image

Agence Qmi

2015-01-23 12:56:00

Le père des enfants assassinés par Sonia Blanchette croit que l’État a probablement une part de responsabilité dans leur meurtre, en raison d’une faille judiciaire…

Patrick Desautels
Patrick Desautels
QMI révélait hier matin qu’il y a un trou dans la loi: les gens qui supervisent les visites parentales ne signent aucun engagement et ne sont pas toujours bien informés de leur rôle et de leurs responsabilités.

« Dans chaque drame, il y a toujours une faille et c’est peut-être le bout qui aurait pu faire changer quelque chose. Ce serait juste logique que la loi soit modifiée », croit le père des trois enfants noyés par Sonia Blanchette, Patrick Desautels.

Il jugerait utile que toutes les personnes qui supervisent un parent avec ses enfants soient officiellement informées par le système judiciaire et que ces personnes reçoivent un minimum de formation.

Pas au courant

Le père de famille était d’accord pour que Nicole Grenier, la mère de Sonia Blanchette, soit désignée pour surveiller sa fille lorsqu’elle voyait ses enfants, comme l’ordonnait la cour. Il confirme que celle-ci n’avait jamais été informée par le juge qu’elle devait être présente en tout temps.

Le 2 décembre 2012, Nicole Grenier a laissé sa fille seule avec ses trois enfants pendant cinq heures alors qu’elle devait superviser la visite. C’est à ce moment que Sonia Blanchette a assassiné Lorélie, Loïc et Anaïs. Dans une brève entrevue mercredi, Mme Grenier a indiqué que si elle avait su qu’elle ne pouvait pas laisser sa fille seule, elle ne l’aurait pas fait.

M. Desautels constate que sa tragédie a contribué à conscientiser les professionnels du droit sur le rôle des superviseurs, lorsque les visites parentales doivent être surveillées par une tierce personne.

Pris au sérieux

Même si Mme Grenier maintient ne pas avoir été au courant de ses responsabilités, M. Desautels se rappelle lui avoir dit à au moins une reprise qu’elle devait en tout temps demeurer avec Sonia Blanchette lors des visites. Sa propre mère serait alors intervenue auprès de Mme Grenier pour lui signifier l’importance de son rôle de superviseur.

Au ministère de la Justice, on assure que lorsqu’un juge donne une ordonnance dans un dossier de droit d’accès supervisé, on lui fait des représentations selon lesquelles la tierce partie accepte de superviser ces droits d’accès. Ce sont des représentations qui peuvent être faites par affidavit, par un témoignage ou par l’entremise des avocats.

Dans le cas d’un litige privé, il appartient aux parties de faire respecter les ordonnances de la Cour. Au ministère de la Justice, on assure que le dossier des droits d’accès supervisé est pris très au sérieux par l’ensemble des ministères.

Cloutier estomaqué

Le porte-parole en matière de Justice au Parti québécois, Alexandre Cloutier, s’est dit complètement estomaqué d’apprendre que le suivi n’est pas fait avec la personne qui a la responsabilité de superviser les droits d’accès, une fois le jugement émis. « Dois-je rappeler qu’il s’agit d’enfants ? Si un juge en vient à la conclusion que les enfants ne peuvent être seuls avec un des parents, c’est parce que le tribunal a des motifs raisonnables de croire que les enfants pourraient être dans une situation de danger. C’est complètement incroyable qu’il y aille une telle faille dans le système », a-t-il dit.

L’avocat Marc Bellemare n’exclut pas de poursuivre la mère de Sonia Blanchette parce que selon lui, elle savait qu’elle devait demeurer avec sa fille quand elle voyait ses enfants.

« C’est en discussion, mais il n’y a rien de décidé », informe Me Marc Bellemare. Son client, Patrick Desautels, a jusqu’au 2 décembre 2015 pour intenter une poursuite en responsabilité civile contre la grand-mère, Nicole Grenier.

Aux dires de Me Bellemare, le débat entourant la communication ou non de l’ordonnance qui désignait Mme Grenier comme superviseure est secondaire. Il se dit même surpris que le ministère de la Justice soit montré du doigt dans ce dossier. « Ça n’a rien à voir », tranche l’avocat. Selon lui, la vraie question à poser est: « Est-ce qu’elle savait? ». Celui-ci est convaincu que oui.

Inacceptable

Le procureur ne croit pas l’argumentaire de Mme Grenier selon lequel elle ignorait le mandat qu’elle avait accepté à l’été 2012, et qui lui exigeait de surveiller sa fille chaque fois qu’elle voyait ses enfants.

« Ça ne tient pas la route », s’exclame Me Bellemare. Comme la présence de Mme Grenier était essentielle pour que Sonia Blanchette puisse quitter la Maison de la famille avec ses enfants, il va de soi, pour l’avocat, que la grand-mère était aussi consciente de sa responsabilité dans la garde de ceux-ci. « Elle ne servait pas juste de taxi », s’offusque-t-il. Il trouve inacceptable le comportement de Mme Grenier dans cette tragédie. « C’est d’une gravité incomparable », commente-t-il. Il est trop facile, selon lui, de dire je ne savais pas, surtout maintenant que Sonia n’est plus là.»
4107

Publier un nouveau commentaire

Annuler
Remarque

Votre commentaire doit être approuvé par un modérateur avant d’être affiché.

NETiquette sur les commentaires

Les commentaires sont les bienvenus sur le site. Ils sont validés par la Rédaction avant d’être publiés et exclus s’ils présentent un caractère injurieux, raciste ou diffamatoire. Si malgré cette politique de modération, un commentaire publié sur le site vous dérange, prenez immédiatement contact par courriel (info@droit-inc.com) avec la Rédaction. Si votre demande apparait légitime, le commentaire sera retiré sur le champ. Vous pouvez également utiliser l’espace dédié aux commentaires pour publier, dans les mêmes conditions de validation, un droit de réponse.

Bien à vous,

La Rédaction de Droit-inc.com

PLUS

Articles similaires