Proces Delisle

Ex-juge Delisle, libre dans 9 mois?

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Agence Qmi

2015-03-31 14:00:00

L’interrogatoire policier de Jacques Delisle, qui n’avait jamais été rendu public avant ce jour, pourrait bien aider l’ex-juge à retrouver sa liberté d’ici neuf mois, espère son nouvel avocat…

Ex-juge Delisle, libre dans 9 mois?
Ex-juge Delisle, libre dans 9 mois?
Le Journal de Montréal a pu avoir accès en exclusivité à certains extraits de la transcription écrite de cet entretien qui a eu lieu le 15 juin 2010, jour de l’arrestation de Jacques Delisle pour le meurtre prémédité de son épouse. L’interrogatoire n’ayant pas été déposé en preuve lors du procès en 2012, ces nouveaux éléments sont inédits.

« Il n’a pas menti aux policiers lors de l’interrogatoire. En fait, il en a dit beaucoup. [...] À plusieurs moments, il a dit des choses très intéressantes», assure son nouvel avocat, James Lockyer, rencontré par Le Journal vendredi dernier dans son bureau de Toronto.

« Dynamique »

Interrogé pendant près de deux heures par un enquêteur, Jacques Delisle fait référence à différentes reprises à une « dynamique » qui régnait entre les époux le matin du décès de Nicole Rainville. Il concède qu’il a eu une discussion avec sa femme à ce moment, martèle n’avoir « tué personne » et reproche à son interlocuteur d’être sur la « mauvaise voie ».

« Il y avait une dynamique ce matin-là que vous ne connaissez pas et que vous allez connaître en temps voulu », lance une première fois l’ex-juge. Alors que le policier tente de faire des liens entre ce décès et la relation extraconjugale qu’il entretenait avec sa secrétaire, Jacques Delisle le ramène à l’ordre. « Il vous manquera toujours la dynamique de ce matin-là », renchérit-il.

L’ex-juge refuse d’entrer dans les détails de cette « dynamique ». Il déclare plutôt à l’enquêteur que tout ce qui doit être révélé le sera, mais une fois devant le tribunal. « Quand j’ai lu ça, je me suis dit: “Bingo!”» commente, ravi, Me Lockyer.

Aide au suicide

Désireux de connaître la signification précise de ces déclarations, il a interrogé son client à ce sujet lors d’une visite au pénitencier, à l’automne 2014. L’homme de 79 ans lui aurait confirmé qu’il faisait référence à ce qu’il aurait dit s’il avait témoigné: il avait accepté d’aider sa femme à mettre fin à ses jours en lui apportant son pistolet chargé. « Je pense que c’est raisonnablement convaincant », affirme Me Lockyer.

Le criminaliste n’écarte pas la possibilité que cet élément puisse aider la cause de son client, qui se dit victime d’une erreur judiciaire. Si le ministre accepte de réviser son dossier, Jacques Delisle pourrait bénéficier d’une remise en liberté sous caution. « Et je vais appliquer pour lui immédiatement », a commenté Me Lockyer, confiant que tout cela pourrait survenir d’ici la fin de l’année.
Me Larochelle a informé les proches du condamné

C’est de la bouche de Me Jacques Larochelle que Jean et Élène Delisle ont appris que leur père aurait joué un rôle dans le présumé suicide de leur mère, et ce, près de trois ans après le drame.

L’ex-juge Jacques Delisle aurait ainsi vécu durant tout ce temps seul avec sa version des faits, ne la révélant qu’en 2012 à son avocat. Il aurait gardé le silence pour s’assurer que personne ne sache.

« Ce n’est pas un homme qui partage des informations personnelles avec les gens. Ce n’est pas son genre, ça ne me surprend pas. Mais il a quand même senti qu’il fallait dire la vérité quand le temps serait venu. Je trouve ça assez intéressant et très convaincant », analyse son nouvel avocat, Me Lockyer.

Choc moins grand

Une dizaine de jours avant son témoignage, réalisant qu’il dévoilerait la vérité, Jacques Delisle aurait demandé à Me Larochelle d’informer ses enfants de ce qu’il s’apprêtait à révéler, croyant que le choc serait moins grand si la nouvelle venait de son avocat. Jean Delisle et le conjoint d’Élène ont tout d’abord été mis au courant. Jean Delisle connaissait donc le rôle de son père lorsqu’il a témoigné au procès.

Une semaine plus tard, Élène a été rencontrée. L’annonce a été difficile pour l’aînée, qui a relayé les faits à sa belle-sœur, Dominique. « Les femmes l’ont pris plus dur que les hommes », concède Me Lockyer.

Pas de témoignage

On connaît la suite: Dominique l’aurait supplié au nom de la famille de ne pas témoigner, pour ne pas causer plus de tort. Ce à quoi Delisle aurait consenti.

« Si l’accusé a choisi de ne pas témoigner parce qu’il pensait être acquitté sans son témoignage, tu ne peux pas avoir une seconde chance et demander un nouveau procès pour témoigner. Mais dans ce dossier-là, il n’a pas témoigné à cause de cette incroyable et émotionnelle pression sur lui dans les dernières minutes », résume Me Lockyer, rappelant que les proches sont convaincus de l’innocence de Jacques Delisle.
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