Defi 2010

Le défi de Deveau

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Natacha Mignon

2010-02-12 08:30:00

Deveau, Bourgeois, Gagné, Hébert et associés veut damner le pion aux grands bureaux. Pour Jean-François Gagné, l’associé directeur, la compétence d’un bureau ne se mesure pas à sa taille.

Droit-inc.com : Votre bureau a ceci de spécifique qu’on le retrouve un peu partout au Québec, sauf dans les grands centres de Montréal et de Québec. Quelle est votre stratégie d’implantation ?

Jean-François Gagné : C’est assez simple, nous voulons apporter aux collectivités publiques et aux entreprises situées en régions les services qu’un grand cabinet de Montréal leur offrirait. C’est pourquoi nous avons un bureau principal à Laval, nos autres bureaux étant situés à Saint-André-Avellin, à Saint-Jérôme, à St-Hyacinthe et aux Îles-de-la-Madeleine, grâce auquel on dessert une clientèle jusqu’à la Côte-Nord. Avec cette implantation, nous sommes présents à peu près partout au Québec, à l’exception de la région autour de Québec et de Trois-Rivières, de la Mauricie, de l’Abitibi et du Saguenay.

Est-ce que l’implication géographique est si importante pour un bureau d’avocats, compte tenu des moyens de communications modernes?

Nos bureaux ont deux activités principales : le droit des affaires et le droit municipal.

En droit public, la réussite est une question de territoire, d’occupation et de présence locale. Il faut quelqu’un du cru pour que cela marche. Sur notre territoire, notre réputation n’est plus à faire.

En droit des affaires également, je pense qu’avoir des bureaux implantés localement est primordial. Moi, je ne crois pas à l’avocat qui se promène dans le Québec comme un vendeur de balais. Il faut un réseau établi localement pour développer ses affaires.

Est-ce que votre bureau veut encore étendre son territoire en 2010 ?

Oui, on est actuellement en discussions confidentielles avec deux bureaux en région, qui ont la même philosophie que nous. Vous comprendrez que je ne peux pas en dire plus pour le moment.

Votre cabinet a-t-il d’autres défis pour 2010 ?

Je voudrais aller un pas plus loin vers les grandes entreprises et les multinationales. Cela car il nous arrive de les conseiller, mais comme des conseils locaux, complémentaires à leurs principaux avocats situés à Montréal et à Québec, voire même d’intervenir à leurs cotés pour rattraper des omissions ou des erreurs commises par des grands bureaux.

J’aimerais maintenant que ces très grandes entreprises nous consultent en première intention. Une intelligencia maintient l’idée que seuls les grands cabinets peuvent intervenir sur des dossiers portant sur des financements de 10 à 15 millions de dollars. Eh bien ce n’est pas vrai, notre bureau en a aussi les compétences.

Comment convaincre les grandes entreprises de faire affaire avec un bureau de 45 avocats ?

C’est là le challenge. Lorsqu’elles se sont brûlé les doigts ailleurs, c’est plus facile de les faire venir à nous. Autrement, il faut côtoyer les gens avec lesquelles ces sociétés font affaire. C’est difficile d’entrer dans leur premier cercle, dans la sphère où évoluent leurs dirigeants. En revanche, localement, il faut connaître les architectes, les entreprises de construction qu’elles mandatent pour s’implanter. Il faut des démarches personnalisées Je ne crois pas aux publicités dans les revues ou aux loges au Centre Molson.

Vous trouvez que les grandes entreprises peuvent vraiment avoir avantage à travailler avec un plus petit bureau ?

Oui ! Les grands bureaux ont des compétences, je ne veux pas le nier. Mais, ils offrent un service dépersonnalisé et segmenté. Je prends un exemple. Un bureau comme McCarthy pour un dossier de financement va mettre de bons avocats qui connaissent cette matière, mais ceux-là ne vont pas parler aux autres équipes ou très rarement. Dans un plus petit bureau, on est plus proche les uns des autres et dans un pareil dossier on va voir l’aspect financement, en même temps que le reste.

La question des honoraires peut convaincre le client. Ne serait-ce que du fait de nos frais fixes moindres, on a des taux horaires 50 % moins chers par rapport à ceux des grands bureaux.

Ensuite, on a des compétences bien établies dans les principaux domaines du droit des affaires et pour les matières plus spécialisées, comme la propriété intellectuelle, on réfère les clients à des confrères qui les traiteront aussi bien que nous et leur assureront, comme nous, un service personnalisé.

Est-ce que c’est cette personnalisation et cette proximité qui attirent les jeunes avocats qui rejoignent votre bureau ?

Oui, c’est certain. Il y a aussi une philosophie particulière dans notre cabinet, qui convainc les jeunes, car ils aiment qu’on leur fasse confiance. Ici, on estime que la valeur n’attend pas le nombre des années. A un an de barreau, on croit qu’un avocat s’il en a les compétences peut plaider devant la Cour supérieure. Dans d’autres bureaux, il faut attendre d’avoir sept ou huit ans de barreau. Chez nous, on évalue les jeunes au jour le jour, et on leur donne des responsabilités rapidement dès qu’on les en juge capables. Je n’aime tellement pas cette discrimination sur l’âge et l’expérience que j’ai fait enlever mon année d’admission au barreau sur le bottin bleu des avocats !
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