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Enquête: Quebecor réplique à Radio-Canada

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Marc Tremblay

2011-11-23 14:00:00

Le VP des affaires juridiques de Quebecor Media, Marc Tremblay, vient de faire parvenir une lettre à Judith Harvie, du Service juridique de la société d'État, à la suite d'un reportage de l'émission Enquête. La voici...

Montréal, le 22 novembre 2011

Me Judith Harvie
Première conseillère juridique
Service juridique
Société Radio-Canada
1400 René-Lévesque Est, 2e étage
Montréal, Québec H2L 2M2

Objet : Réponse à votre correspondance du 3 novembre, émission Enquête

Chère consœur,

Le 3 novembre dernier, vous faisiez parvenir à notre chroniqueur, Guy Fournier, et au rédacteur en chef du Journal de Montréal, Dany Doucet, une mise en demeure dans laquelle vous dénonciez l’affirmation de M. Fournier à l’effet que le reportage de l’émission Enquête diffusé sur les ondes de la télévision de Radio-Canada allait sûrement, « faute de preuve », « avancer sans conclure des hypothèses qui laissent supposer mille choses ».

Après avoir visionné le reportage, force est de constater que l’affirmation de M. Fournier tenait de la prescience, comme le démontre entre autres les inexactitudes, les exagérations, les omissions et les affirmations trompeuses suivantes relevées dans ledit reportage.

Le choix des intervenants

Dresser la liste des intervenants à qui le reportage donne parole revient dans les faits à dresser la liste des pourfendeurs habituels et connus de Quebecor, chacun de ceux-ci ayant par le passé eu maille à partir avec notre entreprise pour une raison ou une autre. En l’occurrence :

Brian Myles : Président de la Fédération professionnelles des journalistes du Québec, organisme ayant maintes fois exprimé des positions antagonistes à Quebecor Media sur des enjeux tels que la concentration de la presse ou l’appartenance au Conseil de presse;
John Gomery : Président du Conseil de presse, organisme duquel se sont retirés Le Journal de Montréal et Le Journal de Québec, privant ainsi celui-ci d’une source de financement importante;
David Patry : Journaliste mis en lock-out, puis congédié par Quebecor Media. Membre du Comité de mobilisation du Syndicat des travailleurs de l’information du Journal de Montréal;
Raynald Leblanc : Ex-président du Syndicat des travailleurs de l’information du Journal de Montréal;
Marc-François Bernier : Universitaire dont l’ouvrage cité dans votre reportage (Journalistes au pays de la convergence. Sérénité, malaise et détresse dans la profession) a été financé par la Fédération nationale des communications, une centrale syndicale affiliée à la CSN, et réalisé avec la coopération de Mme Chantal Léveillée, une ancienne présidente du Syndicat des travailleurs de l’information du Journal de Montréal et conjointe du précédent président du même syndicat, Martin Leclerc, et de Monique Prince présidente du syndicat des journalistes de La Presse; comme en témoigne la page de remerciement de cet ouvrage reproduite à l’Annexe 1 de la présente. M. Gendron se garde bien d’indiquer les sources de financement de cette « étude ». Le professeur Bernier ne manque d’ailleurs aucune occasion de s’en prendre publiquement à Quebecor, ce qui a mené à plusieurs échanges épistolaires publics entre ce dernier et des représentants de l’entreprise au cours des dernières années.
Michel Arsenault : Président de la FTQ, qui, dans le cadre du lock-out au Journal de Québec, a déjà prononcé cette édifiante déclaration publique que négocier avec Quebecor, c'était comme « un bâton de marde qu'on ne sait pas comment prendre pour ne pas se beurrer »;
Denis de Belleval : Mène une lutte opiniâtre contre la construction d’un nouvel amphithéâtre à Québec et contre la signature d’une entente de gestion de cet amphithéâtre entre la Ville de Québec et Quebecor Media.

Une réplique cinglante du patron des Affaires juridiques de Quebecor Media, Me Marc Tremblay
Une réplique cinglante du patron des Affaires juridiques de Quebecor Media, Me Marc Tremblay
Tous ces gens ont bien sûr droit à leur point de vue et le droit de l’exprimer sur toutes les tribunes qui leur sont offertes. Vous ne pouvez par contre prétendre qu’il s’agit là de points de vue neutres et sans partis pris, les opinions de ces personnes étant connues de longue date de tout observateur de la scène médiatique québécoise. À cet égard, vous aviez donc le devoir journalistique de contrebalancer leurs points de vue avec ceux d’intervenants ayant un autre point de vue sur notre entreprise. Or, vous avez failli misérablement à cette tâche, votre reportage n’incluant pas un seul intervenant non lié à notre entreprise qui ait pris la défense ou tenté d’expliquer le point de vue de Quebecor Media. À lui seul, ce fait suffit à démontrer que le reportage d’Enquête n’était rien d’autre qu’un perfide exercice aux conclusions prédéterminées ainsi qu’une modalité supplémentaire à laquelle se livre CBC/Radio-Canada depuis que notre filiale dans le domaine de la presse écrite, Sun Media, a entamé une démarche afin d’éclairer ses lecteurs sur la gestion des fonds publics faite par CBC/Radio-Canada depuis que cette dernière est assujettie à la Loi sur l’accès à l’information. La campagne de boycott de votre organisation en est une illustration supplémentaire, comme en témoignent les nombreuses correspondances entre nos deux PDG respectifs.

L’information comme marchandise

Dans l’introduction du reportage, le président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ), Brian Myles, donne le ton du reportage en affirmant, gratuitement et sans en faire la démonstration, que Pierre Karl Péladeau voit l’information « comme une marchandise ». Or, pareille déclaration est en parfaite contradiction avec plusieurs déclarations de M. Péladeau sur l’importance et la valeur de l’information en démocratie.

C’est ainsi, par exemple, que M. Péladeau a déclaré ce qui suit, en présence de M. Myles, lors du banquet d’anniversaire visant à souligner le centenaire du journal Le Devoir, pour lequel écrit M. Myles :

« Nous pouvons croire que la liberté de presse et le droit à l’information sont protégés à jamais. Rien n’est plus faux. Et même au Québec, ces libertés en 2010 peuvent se voir limiter ou être empêchées de s’exercer avec toute l’envergure nécessaire au maintien de la plus saine des démocraties. Comme je vous connais tout autant admirateur que défenseur de la Charte québécoise des droits et libertés qui en reconnaît la protection, je souhaitais, Monsieur le Premier ministre, vous souligner l’importance que nous devrions tous attacher à ces valeurs qui participent à la vitalité démocratique. »

 Me Judith Harvie, de Radio-Canada
Me Judith Harvie, de Radio-Canada
Pas plus tard que le mois dernier, M. Péladeau s’est retrouvé devant le Comité permanent de l'accès à l'information, de la protection des renseignements personnels et de l'éthique de la Chambre des communes pour discuter de la performance de votre organisation, CBC/Radio-Canada, en matière d’accès à l’information. Or, il a profité de cette occasion pour rappeler aux parlementaires le jugement de la Cour Suprême dans la cause Edmonton Journal c. Alberta (Procureur général), [1989] 2 R.C.S. 1326, dans lequel le juge Cory avait affirmé qu’il « ne peut y avoir de démocratie sans la liberté d'exprimer de nouvelles idées et des opinions sur le fonctionnement des institutions publiques ».

En d’autres mots, M. Péladeau et Quebecor Media n’ont aucune leçon à recevoir de M. Myles, de l’équipe d’Enquête ou de quiconque quant à la ferveur de leurs convictions face à l’importance de l’information dans notre société.

Par ailleurs, j’inclus pour votre gouverne, en Annexe 2 de la présente, une liste non-exhaustive de prix remportés par nos journalistes au cours des dernières années, lesquels témoignent du fait que le traitement de l’information pratiqué par Quebecor Media, en plus d’être apprécié par les spectateurs et les lecteurs qui font de nos médias les leaders dans leurs marchés, dépasse largement le statut de simple marchandise pour se démarquer parmi toutes.

Les lois du marché

Au cours du reportage, Brian Myles affirme que « Quebecor décide que les seules lois applicables sont les lois du marché ». Or, notre entreprise évolue dans une myriade de secteurs hautement réglementés, ce qui l’amène quotidiennement à soumettre ses opérations à un éventail imposant de lois et de règlements, notamment en matière de comptabilité, de divulgation financière, de radiodiffusion, de télécommunications, etc. Affirmer que Quebecor Media n’obéit qu’aux seules lois du marché est une affirmation grossière et caricaturale qui aurait pour le moins nécessité d’être qualifiée, pour autant qu’on lui accorde quelque pertinence ou la juge être de quelque façon d’intérêt public.

D’ailleurs, la position de Quebecor, qui vise à réclamer un allégement réglementaire dans le domaine de la radiodiffusion, se rapproche de celle de plusieurs autres entreprises œuvrant dans le même secteur, comme Bell, Rogers ou Shaw. En laissant seulement entendre que seule Quebecor réclame ces allégements, votre journaliste a obscurci la réalité de façon à dépeindre Quebecor sous un jour défavorable.

Le retrait de La Presse Canadienne

Comme nous avons eu l'occasion de le faire valoir à votre journaliste avant la diffusion du reportage, sans que ce soit mentionné dans celui-ci, notre retrait de La Presse Canadienne et la création de l’Agence QMI sont les deux faces d’une même réalité, à savoir qu’il était absurde et inefficace pour un groupe médiatique comme le nôtre, comptant sur plus d’un millier de journalistes aux quatre coins du Canada, de verser chaque année 6,5 M$ à une organisation externe pour une couverture que nous étions en mesure d’effectuer nous-mêmes. De plus, cette organisation prenait ensuite nos textes qu’elle donnait à nos concurrents, notamment des quotidiens gratuits, pour leur permettre de mieux nous concurrencer. Votre journaliste prétend que nous aurions fait des promesses au sujet de La Presse Canadienne que nous n’aurions pas tenues. Il n’en est rien et cette affirmation n'est qu'élucubration de spectateurs qui ne prennent pas en considération l'évolution dramatique de la presse écrite partout en Occident. La Presse Canadienne étant demeurée insensible à nos requêtes répétées des cinq dernières années en vue de faire évoluer sa gestion, nous avons dû rompre nos relations avec cette dernière et créer notre propre agence comme l'ont fait également d'autres groupes de presse au Canada et à l'étranger au cours des dix dernières années. En vertu de la logique de votre journaliste, l'état du monde devrait rester immuable. Ce n'est pas la réalité des médias.

Manipulation de l’information

Thèse centrale du reportage, celle-ci manque cruellement de faits concrets pour être quelle que soit peu convaincante. Même sans disputer l’authenticité des documents avec lesquels votre journaliste a confronté Mme Coudé-Lord, il faut admettre qu’il aurait fallu bien davantage qu’un incident isolé, remontant à 2007, pour soutenir votre thèse. Or, votre reportage sombre rapidement dans la propagation de rumeurs (non-précisées et non-fondées) et la supposition (sans preuve, aucune), notamment de la part d’un journaliste condamné pour outrage au tribunal et alors en conflit de travail avec le Journal de Montréal, que l’incident rapporté concernant le palmarès s’étend également à d’autres sujets et circonstances.

Un exercice plus approfondi aurait par ailleurs pu amener votre journaliste Guy Gendron, plutôt que de tenir des propos risibles dans une quête inquisitoire, de constater que Madame Snyder a été reconnue à deux reprises par le journal La Presse comme faisant partie des personnes les plus influentes dans le milieu culturel tout comme M. Péladeau l’a été, par le même journal, au sommet d’un palmarès de 2006, comme en témoignent les articles joints en Annexe 3.

Votre reportage s’enfonce par la suite dans un ridicule déni de la réalité en donnant la parole au président de la FTQ, Michel Arseneault, lequel affirme que les articles « hostiles » à l’égard de la FTQ ont augmenté de façon significative depuis août 2009 dans les médias de Quebecor, après que le Fonds de solidarité de la FTQ eut donné son appui à l’achat des Canadiens de Montréal par les frères Molson. Venant d’Enquête, une émission qui a plus souvent qu’à son tour fait état, durant cette même période, de supposées malversations entourant le Fonds de Solidarité de la FTQ et divers entrepreneurs reliés au monde la construction, la diffusion d’une telle affirmation ne manquera de soutirer un sourire au plus cynique des téléspectateurs. Se pourrait-il en effet que la FTQ ait elle-même, par ses agissements dans le secteur de la construction, fourni à nos médias bien plus de raisons d’écrire des articles « hostiles » à son égard que sa simple participation à l’achat des Canadiens de Montréal? Un petit coup d’œil du côté de la revue de presse des deux dernières années, tous médias confondus, aura vite fait de répondre à cette question.

Un autre exemple du type de supercherie auquel votre journaliste a dû avoir recours pour soutenir sa thèse de manipulation de l’information survient lorsque celui-ci dénonce un titre du Journal de Montréal, « Vidéotron la plus admirée », sous prétexte que Vidéotron se serait en réalité classée 102e dans le classement des entreprises les plus admirées auquel l’article fait référence. Or, la première phrase de l’article en question (joint en Annexe 4 de la présente) se lit comme suit : « Pour une sixième année consécutive, Vidéotron obtient le titre d’entreprise de télécommunications la plus admirée au Québec, selon les résultats de l’enquête annuelle de Léger Marketing sur la cote d’amour des entreprises québécoises ». Vous conviendrez que cette affirmation, rigoureusement exacte, n’a rien de trompeur ou de manipulateur.

Étude d’Influence Communication

Sans remettre en doute les données de l’étude effectuée par Influence Communication, selon laquelle les médias de Quebecor accaparent une plus grande proportion de la couverture de leurs propres activités que ne le font Gesca et Radio-Canada sur leurs propres activités, nous croyons que cette étude aurait pu bénéficier d’une bien meilleure mise en contexte. Les trois organisations ne sont en effet pas comparables, chacune étant constituée de composantes différentes. Dès lors, toute comparaison sera nécessairement boiteuse dans la mesure où une entreprise moins intégrée aura bien moins d’occasions de faire état de ses propres activités.

Prenons, par exemple, le secteur des magazines où Quebecor Media est un joueur important, alors que Gesca et Radio-Canada sont pratiquement absents de ce secteur. Dans ce contexte, la couverture que Quebecor Media fera de ses propres activités dans ses propres magazines (si minime ou de faible proportion soit-elle) viendra augmenter son pourcentage d’auto-couverture, alors que l’inverse est impossible, compte tenu de l’absence de ces groupes du secteur des magazines. De la même façon, la couverture que Quebecor Media ou tout autre groupe de magazines fera de Radio-Canada ou de Gesca viendra réduire de façon proportionnelle le pourcentage d’auto-couverture de ces groupes. Quebecor Media étant active dans beaucoup plus de secteurs que les autres groupes, c’est une inévitabilité mathématique que sa proportion d’auto-couverture soit supérieure à celle de ses concurrents.

Pareille tautologie aurait dû être évidente pour quiconque se penche sur cette question un tant soit peu, à moins bien sûr que le seul objectif soit d’appuyer une thèse et d’amener une conclusion à tout prix.

Quant au poids relatif de ces divers groupes dans l’ensemble de l’information diffusée au Québec, (lesquels sont de 37 % pour Quebecor, 24 % pour CBC/Radio-Canada et 22 % pour Gesca), nous trouvons intéressant, bien que nullement surprenant, que votre journaliste ait ici choisi d’exclure toute allusion à la convergence pratiquée par Radio-Canada et Gesca. Celle-ci fait en sorte que 46 % de l’information au Québec est désormais contrôlée par deux entités qui fonctionnent parfois, sinon souvent, en tandem, si on doit se fier au contenu d’un courriel (reproduit à l’Annexe 5) de M. Philippe Cantin, alors vice-président à l’information et éditeur adjoint de La Presse, reproduit sur le site Le Québécois, dans lequel il évoque ouvertement sa collaboration avec le directeur des contenus information et actualités aux Services français de Radio-Canada de l’époque (et nouvel ombudsman du diffuseur d’état), M. Pierre Tourangeau.

Tout cela, sans compter le fait que ce sont souvent les mêmes journalistes et chroniqueurs qui interviennent tant dans les journaux de Gesca que sur les ondes de Radio-Canada.

Ce phénomène, communément appelé Radio-Gesca, a d’ailleurs été démontré par nul autre que le chercheur Marc-François Bernier, qui, comme on vient de le mentionner, ne porte pourtant pas Quebecor dans son cœur. Dans une étude intitulée « Radio-Gesca est-il un phénomène réel? », jointe en Annexe 6 de la présente, celui-ci démontre en effet que Radio-Canada a été mentionnée deux fois plus souvent dans les pages de La Presse, entre 1990 et 2010 que n’a pu l’être TVA.

Votre journaliste a pourtant interviewé le professeur Bernier pour son reportage. Pourquoi, alors ne pas avoir recherché et, si ce fut le cas, présenté le point de vue de ce dernier sur cette question? Est-ce parce que ces données viennent directement contredire l’impression que votre journaliste a voulu créer avec les données d’Influence Communication? Ou est-ce encore parce que, comme il en accuse les journalistes de Quebecor, il ne souhaitait pas déplaire à son employeur et à un des partenaires d’affaires les plus importants de celui-ci?


Proximité avec les pouvoirs publics

Une autre des thèses centrales de votre reportage porte sur le « poids inquiétant de [Quebecor] sur nos gouvernements ». Via la participation de M. Teneycke au projet de Sun News, le reportage associe notre entreprise au gouvernement conservateur de Stephen Harper, mais quelques instants plus tard, on y affirme que Sun News s’en prend régulièrement au ministre du Patrimoine et des Langues officielles, James Moore, pourtant membre important de ce même gouvernement. De la même façon, plus loin dans le reportage, on présente des images de Julie Snyder prenant à parti le ministre de la Santé de l’époque, Philippe Couillard, puis siégeant aux côtés de l’actuel ministre de la Santé, Yves Bolduc. Enfin, on affirme dans le reportage que Quebecor est « proche du discours identitaire, pour ne pas dire de la cause souverainiste », ce qui aurait amené le Parti Québécois, un parti pourtant associé à la social-démocratie, à déposer le projet de loi 204 de façon à plaire à Quebecor, laquelle fait supposément la promotion des idées de droite sur sa chaîne Sun News. En d’autres mots, tout en tentant de démontrer une proximité à un parti ou à un autre, votre journaliste fait plutôt une démonstration convaincante que Quebecor Media et les gens qui y sont associés n’ont aucun parti pris politique, étant, comme un média se devrait de l’être, apolitique.

Le summum de l’absurdité, au sein d’un reportage qui y baigne à de maintes reprises, est par contre atteint lorsqu’on y présente une lettre envoyée par le ministre des Finances du Québec, Raymond Bachand, à notre président et chef de la direction, M. Péladeau, dans laquelle il dénonce un article du Journal de Montréal et réclame des sanctions à l’égard de son auteur. En d’autres mots, l’équipe d’Enquête a jugé qu’il fallait dénoncer la prétendue intervention de la direction du Journal de Montréal dans les textes d’un de ses journalistes, mais celle-ci accepte sans broncher qu’un élu, membre du gouvernement au pouvoir puisse s’immiscer dans la couverture de presse et réclamer des sanctions contre un journaliste ayant rédigé un article lui ayant déplu. Une simple recherche aurait d’ailleurs permis à votre journaliste de retrouver la lettre émise par la FPJQ afin de dénoncer cette intervention du ministre, dénonciation que la FPJQ ne reprend étrangement pas dans le reportage.

En appliquant deux poids, deux mesures de cette façon, l’équipe d’Enquête révèle ainsi que sa seule véritable intention n’a jamais été que de diaboliser Quebecor aux yeux de ses téléspectateurs, quitte à piétiner la vérité, l’éthique ou quelque autre principe supposé être cher aux journalistes, comme l’indépendance des salles de presse du pouvoir public pour y arriver.

Rupert Murdoch

Nous ne nous attarderons pas sur la portion du reportage portant sur Rupert Murdoch, tant est-il que votre journaliste y verse dans la démagogie la plus insidieuse en tentant, de façon aucunement subtile, d’établir un parallèle entre les pratiques de Quebecor et le prétendu danger posé par celles-ci, et les pratiques illégales et condamnables utilisées par certains journaux appartenant à la société de M. Murdoch en Grande-Bretagne. Or, il n’existe absolument aucun élément permettant même de soupçonner que les médias de Quebecor s’adonnent ou ne se soit jamais adonnés, de près ou de loin, aux pratiques décriées. Laisser entendre le contraire, par association, juxtaposition ou inférence relève de la calomnie la plus vicieuse.

Julie Snyder

De la même façon, nous jugeons odieux, trompeur et déplacé le fait de n’avoir montré à l’écran que la couverture effectuée de la part des médias de Quebecor des efforts de Julie Snyder en vue d’obtenir le financement public des traitements de fertilité, et de la subséquente décision du gouvernement du Québec en ce sens, alors que ce dossier a fait l’objet d’une abondante couverture médiatique dans pratiquement tous les médias québécois, comme en font foi les dizaines d’articles de presse à ce sujet provenant d’autres médias présentés à l’Annexe 7. Il aurait été au contraire honnête intellectuellement de souligner que, comme toute citoyenne, elle a suivi le chemin de la démocratie en témoignant courageusement devant les parlementaires alors que vos journalistes pourfendent, à juste titre, l’influence que certains lobbys exercent derrière des portes closes.

Amphithéâtre de Québec

Enfin, la dernière portion de votre reportage, laquelle porte sur le futur amphithéâtre multifonctionnel de Québec, pèche encore une fois par omission, en présentant l’amphithéâtre comme un projet « défendu » par Quebecor Media, sans mentionner qu’il avait fait l’objet d’une promesse électorale du maire de Québec, Régis Labeaume, bien avant que Quebecor Media ne manifeste quelque intérêt que ce soit envers le retour d’une équipe de hockey de la LNH à Québec.

De la même façon, le projet d’amphithéâtre y est présenté, de façon caricaturale, comme devant servir uniquement à une équipe de hockey appartenant à Quebecor Media et à des artistes liés à cette dernière. Dans les faits, Quebecor Media a toujours affirmé qu’il lui serait impossible d’assurer la rentabilité de son investissement de plusieurs dizaines de millions dans le projet sans la possibilité d’y attirer une grande variété d’événements sportifs et culturels autant québécois qu’internationaux.

Je vous rappellerai en outre que ce projet reçoit l’appui de plus de 80 % de la population de la région de Québec et que le contrat de gestion en question a été attribué dans le cadre d’une mise en concurrence ouverte à tous. Personne, parmi tous ceux qui ont eu l’occasion de voir les offres déposées, n’a d’ailleurs remis en question le fait que Quebecor Media avait bel et bien déposé la meilleure offre.

Compte-tenu de ces quelques exemples, vous comprendrez que la thèse avancée par M. Fournier s’est à notre avis avérée des plus justes et que ce dernier, ni plus que M. Doucet ou quiconque de Quebecor Media, n’a l’intention de s’excuser pour la publication de cet article qui peignait un portrait somme tout flatteur du reportage à être diffusé comparativement à l’exercice trompeur et malhonnête auquel s’est adonnée l’équipe d’Enquête.

Veuillez agréer, chère consœur, mes salutations distinguées,


Me Marc Tremblay
Vice-président, Affaires juridiques


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Téléchargez la lettre et les annexes ici



p.j. : Annexe 1 Extrait de l’introduction du livre Journalistes au pays de la convergence de Marc-François Bernier
Annexe 2 Prix de journalisme remportés par Quebecor Media
Annexe 3 Palmarès de La Presse auxquels figurent Julie Snyder et Pierre Karl Péladeau
Annexe 4 Vidéotron, la plus admirée, article du Journal de Montréal du 18 février 2011
Annexe 5 Radio-Canada et la manipulation de l’information, article du site Le Québécois.org, 12 février 2011. http://www.lequebecois.org/textes/propagande-federaliste/radio-canada-et-la-manipulation-de-linformation
Annexe 6 Radio-Gesca est-il un phénomène réel? Étude de Marc-François Bernier
Annexe 7 Articles portant sur les efforts de Julie Snyder pour le financement public des traitements de fécondation
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