« Il y a beaucoup de compétition entre notaires »
Céline Gobert
2016-10-24 15:45:00
À 29 ans, Me Alexandre Roy est le co-fondateur de l’Association des Jeunes Notaires du Québec, au sein de laquelle il est Vice-Président, ainsi que de l’étude Notarié inc. Il a complété ses études en droit à l’Université Laval et exerce la profession depuis 2014.
Droit-inc: Pourquoi avoir choisi cette profession au départ?
Me Alexandre Roy : Le droit a été un deuxième choix. Et le notariat… le deuxième choix du deuxième choix! (Rires) Je viens d’un milieu artistique, j’ai étudié en théâtre mais j’ai passé des auditions et je n’ai pas été retenu. Je ne voulais pas rester sans emploi. Deux raisons m’ont poussé à choisir le notariat : 1- je n’aimais pas tout ce qui tournait autour du litige et à l’époque on ne parlait pas beaucoup des avocats hors d’un contexte litigieux, et 2- le notariat me permet aussi de faire de l’éducation juridique auprès de la population dans un contexte non contentieux, je leur explique le travail et les oriente.
De quoi est fait le quotidien d’un notaire? Quels sont ses mandats?
Une journée-type, comme aujourd’hui, c’est 70% d’immobilier, avec achats de maison, refinancement, planification successorale. Je m’occupe aussi de mandats en droit corporatif à l’intérieur même de la compagnie, j’aime monter un projet de A à Z, notamment en immobilier.
Y’a-t-il un dossier qui vous a rendu particulièrement fier?
C’était un règlement de succession atypique l’année dernière, dans un contexte de meurtres et de suicide. C’était un dossier compliqué qui me demandait de mettre en commun plusieurs aspects du droit. Le père a tué deux filles avant de se suicider et tout l’héritage revenait à une demi soeur non reconnue. Ça c’est le genre de dossier que j’aime car ça demande beaucoup de réflexion. Comme cela fait deux ans et demi que je pratique, je n’ai pas encore un gros bagage de dossiers mais je peux dire que celui-ci était très intense.
De façon générale, quels défis la profession de notaire présente-t-elle?
Le défi est de sortir des sentiers déjà tracés. Beaucoup de notaires se satisfont des champs de pratique traditionnels mais il faut se diversifier et aller chercher d’autres marchés, que le notaire soit plus un conseiller juridique qu’un officier public. La rémunération des notaires est aussi un défi, dans les champs traditionnels on voit une baisse constante des prix et beaucoup de compétition entre notaires, qui est à mon sens pas justifié. Si l’on reste dans ces champs de pratique, on ne sera plus capables d’être rentables.
Justement puisque vous parlez de rémunération, combien gagne un notaire?
La profession est relativement jeune, 53% des notaires exercent depuis moins de 10 ans. En moyenne, les salariés gagnent 28 000 $. En solo, 40 000 $ pour les moins de dix ans de pratique. Après 20 - 25 ans de pratique, certains gagnent 80 000 - 100 000 $. Mais pour les salariés il n’y a pas vraiment de perspectives d’augmentation. Pour plusieurs, ça ne bouge pas pendant plusieurs temps.
Quels conseils donneriez-vous aux plus jeunes?
Comme Vice-Président de l’Association des Jeunes Notaires du Québec, je vois beaucoup de jeunes passer et je me rends compte que beaucoup, et notamment en raison de la rémunération, décident de quitter la profession ou de partir à leur compte. Je leur conseille de prendre un cours de gestion d’études notariales donné par M. Mehran Ebrahimi, professeur titulaire au département de Management et Technologie à l’école des Sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal. Je leur suggère de sauter dessus car on ne peut pas se lancer en affaires sans aucune connaissance de gestion, on fait vite de mauvais choix entrepreneuriaux.
Vous-même, vous vous êtes lancé en solo…
Oui, je me suis lancé en affaires après un an passé comme employé. Un de mes confrères avait besoin d’aide, on s’est associé et on a créé la compagnie. J’ai toujours eu une vision très entrepreneuriale du notariat, je ne vois pas ça seulement du point de vue des services juridiques, mais comme une entreprise. La nôtre continue à grossir avec 5 actionnaires, 5 employés, 4 notaires, 4 bureaux. Bizarrement, tout s’est bien passé. Grâce peut-être à nos profils entrepreneuriaux. Nous sommes très axés sur une gestion saine de la compagnie. La clientèle est arrivée tout de suite, en raison des partenariats d’affaires avec des conseillers financiers, des courtiers hypothécaires, en immobilier, et également des avocats. Ils nous réfèrent de la clientèle.
Pour relire l’entrevue avec Me Gérard Guay, président de la Chambre des notaires, cliquez ici.
oyoyoy
il y a 8 ansLes notaires sont l'exemple patent que le nouveau cheval de bataille du Barreau avec ses forfaits est une pensée magique vouée à l'échec et où les seuls perdants seront les avocats.
Que le Barreau et le gouvernement commence par nous donner un système de justice efficient...
Thémis
il y a 8 ansle probleme ? du notariat québécois:
80 % des notaires, font 80% la même chose: vente, hypo, testatment....
Il faut faire vite (agent d'immeubles) et pas cher.
Aucune ou pas de valeur ajoutée au processus.
Notaire anonyme
il y a 7 ansÊtre notaire c'est avoir les heures de travail d'un avocat et le même sinon plus de risque/responsabilité, pour un 1/4 du salaire et 1/20 du respect. Plus la joie d'être la bitch de service pour les banques cherchants à te refiler des travaux qui auraient autrefois été faits en succursale et en ordre professionnel qui est contre toi et dont la vision de la discipline ressemble à celle de la SPV (on donne des tickets au petit peuple pour des gniaiseries pour remplir un quota, mais on ne fait rien contre les pires offenseurs). Ça revient vraiment à ça.
Le spin de la Chambre et de certains notaires que la solution magique est de délaisser le droit immobilier n'est que de la pensée magique. La même lutte des prix existe en droit des successions, testaments, procédures non contentieuses et droit corporatif qu'en immobilier, et les mandats sont plus difficiles à chercher. D'ailleurs Me Alexandre Roy qui se plaint de la baisse des prix à mis sur place un site web qui génère des testaments à 50$, ce qui prouve que les actions ne suivent pas la rhétorique.