Le cobaye (ou la triste histoire d’Omar Khadr)
Frédéric Bérard
2011-10-26 14:15:00
Prisonnier de Guantanamo depuis 2002, Omar Khadr vient de déposer sa demande de transfert au Canada, celle-ci étant permise en vertu de l’entente relative à son plaidoyer de culpabilité, lequel fut enregistré à pareille date l’an dernier. À moins bien sûr de faire fi de la primauté du droit et du respect des droits de l’Homme, il y a de quoi se réjouir.
Là où le bât blesse, cela dit : le gouvernement conservateur aura le dernier mot sur ladite demande. Considérant l’historique de cette triste affaire, disons tout de suite que le retour du ressortissant canadien ne comporte aucune certitude. Loin s’en faut. Voyons pourquoi.
Arrêté par l’armée américaine en Afghanistan en 2002, Omar Khadr, âgé de 15 ans, est alors le plus jeune détenu de la prison militaire de Guantanamo. Les autorités américaines le soupçonnent alors d’avoir assassiné un de leur soldat. Idem quant aux soupçons de complot, d’espionnage et de soutien matériel à une organisation terroriste.
Depuis son incarcération, jamais ne lui a-t-on permis quelconque visite, sauf celles, rarissimes, de ses avocats canadiens. Blessé à un œil lors du combat fatidique, on lui refuse les soins nécessaires. Rien à comparer aux épisodes, fréquents, de mauvais traitements et de pure torture. En 2003, il reçoit la visite d’agents du Service canadien des renseignements secrets (SCRS). Les autorités américaines ont bien préparé le détenu à ces mêmes rencontres : la privation de sommeil au cours des semaines précède les interrogatoires.
Le Secrétariat américain de la Défense prétend par la suite que Khadr a finalement reconnu être un terroriste. Trois ans après son arrestation, on dépose enfin les accusations susmentionnées. Comment les autorités américaines ont-elles obtenu ce prétendu aveu ? Par l’entremise des interrogatoires illégaux menés par le SCRS. Joli.
En 2008, la Cour suprême du Canada ordonne au gouvernement fédéral de remettre aux avocats de Khadr la documentation relative aux interrogatoires dont il a fait l’objet, notamment les vidéos de ceux-ci. Dès lors, on apprend que les agents du SCRS connaissaient les mauvais traitements subis par Khadr; savaient que ce dernier ne pouvait d’aucune façon répondre librement aux questions posées. Que les aveux recueillis seraient, par voie de conséquence, systématiquement viciés.
Les documents (et surtout la vidéo) rendus publics, les manifestations populaires s’enchaînent afin de réclamer le rapatriement immédiat du jeune Khadr. Les partis politiques emboîtent le pas, parfois timidement. Le parti libéral, par exemple, peine à s’extirper d’un conflit d’intérêts évident : il était lui-même au pouvoir au moment de l’incarcération du Canadien. Difficile de gueuler maintenant à l’injustice. Passons.
Insensible aux pressions internes et internationales, le gouvernement Harper se vautre dans l’immobilisme le plus complet. Laissons la justice américaine faire son œuvre, plaide-t-il. Au même moment, Obama décrète la fermeture prochaine de Guantanamo. Contrairement à ses homologues d’autres pays dans la même situation, Harper refuse de rapatrier son ressortissant, et ce, même si les Américains ne veulent plus de ce dernier. Douce ironie.
En 2009, la Cour fédérale conclut que le gouvernement viole la Charte canadienne des droits et libertés et lui ordonne de réclamer son rapatriement. Le gouvernement porte alors la cause en appel. Mal lui en pris, la Cour d’appel fédérale confirme la décision de première instance. Opiniâtre, le gouvernement demande maintenant à la Cour suprême de renverser ces décisions. La raison ? L’incarcération et le rapatriement de Khadr, le cas échéant, relèvent du politique et non du judiciaire. Raisonnement amusant. Comme si la violation de droits et libertés prévus par la Constitution tenait de la discrétion de l’exécutif. Pendant ce temps, Khadr croupit toujours dans quelque cellule pourrie, et ce, en attente d’une conclusion de ces arguties juridiques aux allures à la fois alambiquées et interminables.
La Cour suprême rend finalement sa décision en 2010. Elle confirme partiellement les décisions de première instance, notamment en ce que le fédéral a contribué à la détention continue de Khadr et, par conséquent, porté atteinte aux droits à la liberté et à la sécurité de sa personne prévus par l’article 7 de la Charte des droits et libertés.
Comme l’indique la Cour : interroger un adolescent détenu sans qu’il ait pu consulter un avocat pour lui soutirer des déclarations relatives à des accusations criminelles sérieuses, tout en sachant qu’il a été privé de sommeil et que les fruits des interrogatoires seraient communiqués aux procureurs américains, contrevient aux normes canadiennes les plus élémentaires quant aux traitements à accorder aux suspects adolescents détenus.
Victoire en demi-teinte pour Khadr. Malgré ce qui précède, la Cour refuse d’ordonner le rapatriement, invoquant le concept de séparation des pouvoirs et, plus précisément, les impacts d’une telle décision sur la diplomatie canadienne. On demande plutôt au gouvernement fédéral de prendre les mesures nécessaires, incluant le rapatriement, afin d’assurer la réparation des injustices commises.
Le gouvernement Harper envoie alors une simple note aux autorités américaines requérant de ne pas utiliser les informations leur ayant été fournies par le SCRS. Retour devant les tribunaux : la Cour fédérale conclut au ridicule de cette mesure proposée et réclame du gouvernement une mesure réparatrice adéquate, suggérant implicitement le rapatriement.
Sans surprise, le fédéral porte cette décision en appel. Heureusement pour lui, le juge en chef de sa Cour d’appel est un ancien ministre conservateur nommé par… les conservateurs. L’honorable Pierre Blais renverse ainsi la décision antérieure. On oublie le rapatriement. Exaspéré, et on le serait à moins, Khadr conclut l’entente suivante : emprisonnement pour huit ans, et demande de transfert possible au Canada après un an.
Si on exclut ici le refus de Khadr de poursuivre la mascarade juridico-miliaire de Guantanamo, où il devait être représenté par un militaire américain, jugé par un jury composé exclusivement de militaires américains au cours d’une audience présidée par un juge militaire américain, jamais le ressortissant canadien n’aura subi de réel procès. Après pratiquement dix ans de violation de ses droits les plus fondamentaux.
Terroriste, Khadr ? Aucune idée. Ceci importe peu ou pas. Les vraies questions : souhaite-t-on d’un État de droit au caractère intermittent ? Veut-on d’une Charte des droits et libertés à degrés variables ? Le simple fait d’être accusé de crimes graves justifie-t-il dorénavant la privation de procès ? Le politique avant le juridique ? L’acharnement étatique ? Le marchandage de la présomption d’innocence au profit de l’hypocrisie diplomatique ? L’homophobie idéologique sous le couvert du déni de justice? Voilà les réels enjeux de ce triste film dans lequel son personnage principal est confiné, bien malgré lui, au rôle de pauvre cobaye.
DSG
il y a 13 ansI have an honest question:
How long does one have to bury himself in his law books and then lock himself up in the sheltered world of a university campus before that person becomes so completely detached from reality that he begins to make statements such as this?
I would like to know.
Anonyme
il y a 13 ansGreat comment, thanks. I still think that the nature of the crime has no importance for at least one thing : everyone has the right to be judged by a fair and independant court. This applies to terrorist too.
I have an honest question:
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> How long does one have to bury himself in his law books and then lock himself up in the sheltered world of a university campus before that person becomes so completely detached from reality that he begins to make statements such as this?
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> I would like to know.
DSG
il y a 13 ans> Great comment, thanks. I still think that the nature of the crime has no importance for at least one thing : everyone has the right to be judged by a fair and independant court. This applies to terrorist too.
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> I have an honest question:
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> > How long does one have to bury himself in his law books and then lock himself up in the sheltered world of a university campus before that person becomes so completely detached from reality that he begins to make statements such as this?
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> > I would like to know.
Who has that right, Canadians accused of crimes Ccmmitted in Canada? Or do those rights extent to those who willingly leave this country in order to commit acts of terror far, far away from Canada? Does our Charter compel other nations to abide by it? Isn’t the Charter supposed to protect against acts of the state, our state, being Canada? What did Canada do to this man that requires us to correct any injustices done to him by another country? Even if the Charter did apply, wouldn’t Charter rights be suspended in a war zone? Or do our solidiers need to get a court order before they shoot at the enemy and advise them of their right to attorney if captured?
Dollar Bill
il y a 13 ansDSG wrote: What did Canada do to this man that requires us to correct any injustices done to him by another country? Even if the Charter did apply, wouldn’t Charter rights be suspended in a war zone? Or do our solidiers need to get a court order before they shoot at the enemy and advise them of their right to attorney if captured?
Wow, you didn't really read the article, did you? Too bad, it's interesting.
For the answer to your first question, read the Supreme Court decision. And no, the breach of this man's rights by the Canadian Government did not occur in a war zone and for that matter Canadian soldiers were not involved, our spies were.
I realize that you probably believe that the end justifies the means (when you approve of the end of course), but ultimately even war has a set of rules that the combatants must theoretically abide by. If we sign treaties, we should respect our signature. Or to put it in terms you may appreciate more, we should walk the walk if we talk the talk. That said, in this case, this does not apply: the situation comes down to the Canadian government and Charter Rights.
DSG
il y a 13 ans> Wow, you didn't really read the article, did you? Too bad, it's interesting.
I was responding to the comment "everyone has the right to be judged by a fair and independant court. This applies to terrorist too". Not to the article.
I couldn't care less about the article, except for the comment "Terroriste, Khadr ? Aucune idée. Ceci importe peu ou pas." Sorry sir, it makes all the difference in the world, at least for those who still have a soul.
As for the rest, I’m tired of all this legal jibber regarding Kadr. Makes one wish that the Americans would have implemented a take-no-prisoner policy.
Dollar Bill
il y a 13 ans> As for the rest, I’m tired of all this legal jibber regarding Kadr. Makes one wish that the Americans would have implemented a take-no-prisoner policy.
What you call legal jibber, I call important elements of the bedrock of our judicial system (and thus our society):
presumption of innocence, no indeterminate detention without formal accusation and trial, right to fair trial, confrontation of your accuser, no torture, different status for children.
Anonyme
il y a 13 ans"À moins bien sûr de faire fi ...du respect des droits de l’Homme"
Ah ces droit-de-l'homistes! Ce sont les dernier à comprendre que les "droits de l'homme" sont une invention destinée à prendre le contrôle des richesses d'un pays (comme en Libye) et non pour éviter que des justiciables subissent des abus de la part des états.
Ils se font déculoter par un ex-ministre conservateur devenu juge, et ils ne comprenennt pas encore qu'on se fout de leur gueule.
Faites-donc de la politique, au lieu de prétendre faire du droit.
Anonyme
il y a 13 ansJe suis effectivement un droit-de-l'hommiste, comme vous dites. Et bien que je me croyais plutôt cynique par moment, je réalise que je ne vous arrive pas à la cheville.
Quant à votre proposition relative à la politique, non merci. J'aurais peur de devoir convaincre des gens comme vous du bien-fondé de la primauté du droit et du respect des libertés publiques. Ce serait peine perdue, visiblement.
FB
Anonyme
il y a 13 ans> ...bien que je me croyais plutôt cynique par moment, je réalise que je ne vous arrive pas à la cheville.
> Quant à votre proposition relative à la politique, non merci. J'aurais peur de devoir convaincre des gens comme vous du bien-fondé de la primauté du droit et du respect des libertés publiques. Ce serait peine perdue, visiblement.
Cher FB, vous comprenez ce que vous voulez comprendre, comme la plupart des droits-de-l'hommistes.
Contrairement à ce que vous pensez, j'attache de l'importance au respect des individus. J'ai toutefois compris que les "droits de l'homme" sont une industrie dévoyée au profit de ceux qui font les règles, et non un instrument de protection. J'en conclu qu'une stratégie qui consiste à faire encore plus de "droits de l'homme" ne rend pas service aux individus et aux peuples, mais au contraire les brimes encore davantage.
Un système de règle peut fonctionner quand le plus fort se résigne à le respecter (ou qu'il désire le respecter, ce qui est plus rare). Avec les "droits de l'homme", on ne parvient pas au respect des individus par la règle de droit car le camp du plus fort démontre quotidiennement qu'il instrumentalise ce système.
Si vous voulez contribuer à instaurer un climat propice au développement du respect de l'homme par le droit, vous feriez mieux de travailler à établir un équilibre des forces entre les camps (en devenant marchand d'armes par exemple).
Quand vous aurez compris qu'on agrave sa situation en tendant l'autre joue à un Klingon, vous arriverez peut-être à faire autre chose que pelleter des nuages.
Pour un exemple récent des dérives du droit-de-l'homisme, rergardez la récente déportation du Canada vers le Mexique d'une femme en situation irrègulière. Le tribunal déclare que le Mexique a des lois criminalisant la violence que madame disait craindre. Il eut été moins hypocrite de motiver la décision en disant que le Canada ne peut accueillir tous les damnés de la Terre, plutôt qu'en laissant croire que le Mexique a quelque chose à voir avec un état de droit.
Anonyme
il y a 13 ansD'abord, permettez-moi de vous féliciter pour l'usage du terme ''supermarionnettoscope''. Vous m'aurez au moins appris quelque chose (bien que j'ignore toujours le sens profond du terme employé).
En ce qui a trait à vos propos désolants sur l'immigration, sur le trafic d'armes, sur le oeil-our-oeil-dents-pour-dents purement revanchard, ainsi sur votre obssession maladive du droit-de-l'homisme, je ne sais trop que dire, sinon que je m'en dissocie complètement. Et souhaite aussi ne pas vivre dans un pays gouverné par vos semblables anti-droit-de-l'homisme.
FB
...bien que je me croyais plutôt cynique par moment, je réalise que je ne vous arrive pas à la cheville.
> > Quant à votre proposition relative à la politique, non merci. J'aurais peur de devoir convaincre des gens comme vous du bien-fondé de la primauté du droit et du respect des libertés publiques. Ce serait peine perdue, visiblement.
>
>
> Cher FB, vous comprenez ce que vous voulez comprendre, comme la plupart des droits-de-l'hommistes.
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> Contrairement à ce que vous pensez, j'attache de l'importance au respect des individus. J'ai toutefois compris que les "droits de l'homme" sont une industrie dévoyée au profit de ceux qui font les règles, et non un instrument de protection. J'en conclu qu'une stratégie qui consiste à faire encore plus de "droits de l'homme" ne rend pas service aux individus et aux peuples, mais au contraire les brimes encore davantage.
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> Un système de règle peut fonctionner quand le plus fort se résigne à le respecter (ou qu'il désire le respecter, ce qui est plus rare). Avec les "droits de l'homme", on ne parvient pas au respect des individus par la règle de droit car le camp du plus fort démontre quotidiennement qu'il instrumentalise ce système.
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> Si vous voulez contribuer à instaurer un climat propice au développement du respect de l'homme par le droit, vous feriez mieux de travailler à établir un équilibre des forces entre les camps (en devenant marchand d'armes par exemple).
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> Quand vous aurez compris qu'on agrave sa situation en tendant l'autre joue à un Klingon, vous arriverez peut-être à faire autre chose que pelleter des nuages.
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> Pour un exemple récent des dérives du droit-de-l'homisme, rergardez la récente déportation du Canada vers le Mexique d'une femme en situation irrègulière. Le tribunal déclare que le Mexique a des lois criminalisant la violence que madame disait craindre. Il eut été moins hypocrite de motiver la décision en disant que le Canada ne peut accueillir tous les damnés de la Terre, plutôt qu'en laissant croire que le Mexique a quelque chose à voir avec un état de droit.
Solo
il y a 13 ansJe suis toujours étonné par le nombre élevé d'avocats et de journalistes canadiens qui courent au secours d'Omar Khadr mais qui semblent peu préoccupés par les personnes ici qui, tous les jours, peuvent être condamnés parce qu'ils n'ont pas eu une représentation adéquate mais dont les cas sont moins "glamour". La vraie justice sociale se livre des fois de façon discrète...
Anonyme
il y a 13 ansJe suis effectivement un droit-de-l'hommiste, comme vous dites. Et bien que je me croyais plutôt cynique par moment, je réalise que je ne vous arrive pas à la cheville.
Quant à votre proposition relative à la politique, non merci. J'aurais peur de devoir convaincre des gens comme vous du bien-fondé de la primauté du droit et du respect des libertés publiques. Ce serait peine perdue, visiblement.
FB
Anonyme
il y a 13 ansJe ne vois pas en quoi le fait de défendre les droits de Khadr en vient à nier les droits dont vous discutez, propos sur lequel je suis de toute façon d'accord.
FB
Elle
il y a 13 ans" Les vraies questions : (...) Veut-on d’une Charte des droits et libertés à degrés variables ? (...) Le politique avant le juridique ? L’acharnement étatique?"
Les Canadiens ont répondu à ces questions le 2 mai dernier.
Anonyme
il y a 13 ansEn espérant fortement que le dernier vote ne constituait pas une réponse aux questions posées. Dans le cas contraire, nul doute que tout ceci deviendra pour le moins inquiétant.
FB
anonyme
il y a 13 ansJ’ai écrit le 5 août dernier en commentaire à Droit inc. alors que, tel que le rapportait ce jour-là Droit Inc., notre très persécuté Omar venait de congédier ses avocats canadiens, encore ébahis de tant d’outrecuidance et d’«ingratitude», que la vrai histoire de Omar Khadr était en fait la malheureuse mésaventure d’un de nos «…valeureux compatriote qui s’est malencontreusement retrouvé dans une tranchée pleine de soldats ennemis alors qu’il fréquentait une colonie de vacances en compagnie de son papa (un autre de nos valeureux mais mésestimé compatriote)…»
À ce moment là il était question que notre cher Omar, dès qu’il toucherait la sol de la «mère-patrie», entreprenne un recours musclé contre le Gouvernement du Canada qui, comme tout le monde le sait, a toujours été depuis la naissance de ce citoyen modèle la source de tous les maux et de toutes les vicissitudes qui l’affligent aujourd’hui.
Voilà maintenant que Me Bérard monte au créneau pour notre cher Omar. Me Bérard rappelle que Khadr a une entente «… emprisonnement pour huit ans, et demande de transfert possible au Canada après un an.» Le contrat est signé, il faut le respecter ; c’est simple et indiscutable.
Me Bérard escamote allègrement que notre pauvre Omar s’il est emprisonné, c’est qu’il a admis avoir causé la mort du Sergent de première classe Christopher Speer et d’avoir aussi blessé d’autres soldats de l’armée américaine en lançant une grenade en direction de Speer le 27 juillet 2002 alors qu’il n’était membre d’aucune force armée régulière d’un pays en état de guerre. C’est cet aveu qui explique maintenant la détention de notre cher Omar.
Dans ce contexte assez particulier il faut bien le dire, Me Bérard escamote la question centrale de façon cavalière lorsqu’il écrit: «Terroriste, Khadr ? Aucune idée. Ceci importe peu ou pas.»
Singulière affirmation qui tient plutôt de l’aveuglement volontaire. Il est évidemment plus «glamour» d’écrire un beau papier sur les «Droits de l’Hômmme».
Pour conclure Me Bérard ne répond pas à la question qu’il pose. Si Omar Khadr est un cobaye, c’était le cobaye de qui ?
DSG
il y a 13 ans> J’ai écrit le 5 août dernier en commentaire à Droit inc. alors que, tel que le rapportait ce jour-là Droit Inc., notre très persécuté Omar venait de congédier ses avocats canadiens, encore ébahis de tant d’outrecuidance et d’«ingratitude», que la vrai histoire de Omar Khadr était en fait la malheureuse mésaventure d’un de nos «…valeureux compatriote qui s’est malencontreusement retrouvé dans une tranchée pleine de soldats ennemis alors qu’il fréquentait une colonie de vacances en compagnie de son papa (un autre de nos valeureux mais mésestimé compatriote)…»
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> À ce moment là il était question que notre cher Omar, dès qu’il toucherait la sol de la «mère-patrie», entreprenne un recours musclé contre le Gouvernement du Canada qui, comme tout le monde le sait, a toujours été depuis la naissance de ce citoyen modèle la source de tous les maux et de toutes les vicissitudes qui l’affligent aujourd’hui.
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> Voilà maintenant que Me Bérard monte au créneau pour notre cher Omar. Me Bérard rappelle que Khadr a une entente «… emprisonnement pour huit ans, et demande de transfert possible au Canada après un an.» Le contrat est signé, il faut le respecter ; c’est simple et indiscutable.
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> Me Bérard escamote allègrement que notre pauvre Omar s’il est emprisonné, c’est qu’il a admis avoir causé la mort du Sergent de première classe Christopher Speer et d’avoir aussi blessé d’autres soldats de l’armée américaine en lançant une grenade en direction de Speer le 27 juillet 2002 alors qu’il n’était membre d’aucune force armée régulière d’un pays en état de guerre. C’est cet aveu qui explique maintenant la détention de notre cher Omar.
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> Dans ce contexte assez particulier il faut bien le dire, Me Bérard escamote la question centrale de façon cavalière lorsqu’il écrit: «Terroriste, Khadr ? Aucune idée. Ceci importe peu ou pas.»
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> Singulière affirmation qui tient plutôt de l’aveuglement volontaire. Il est évidemment plus «glamour» d’écrire un beau papier sur les «Droits de l’Hômmme».
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> Pour conclure Me Bérard ne répond pas à la question qu’il pose. Si Omar Khadr est un cobaye, c’était le cobaye de qui ?
Very nicely written.
Anonyme
il y a 13 ansJe me doutais bien que cette chronique ferait des vagues, et ceci me va parfaitement. Cela dit, faudrait quand même faire preuve d'un minimum de rigueur dans vos critiques. Ne pas me faire dire ce que je ne dis pas et, à l'opposé, essayer de comprendre précisément ce que j'annonce.
Alors voici :
1) je n'ai jamais affirmé que Khadr était un enfant de choeur, ni un patriote. J'ignore d'où vous tirez un tel truc.
2)Je ne me suis pas non plus prononcé sur un recours potentiel contre le Gouvernement canadien. Je saisis donc mal votre sarcasme.
3)L'entente est signée, et oui, respectons-la. Ceci prévoit un droit de demander le transfert au Canada, ce qui est chose faite, ne vous en déplaise.
4)Sur la question de l'aveu, bien honnêtement, votre mauvaise foi est remarquable. Si on vous torturait pendant huit ans, sans possibilité de procès impartial (vous escamotez à votre tour la face du tribunal militaire), n'auriez-vous pas vous-même envie de conclure une entente afin d'en finir ?
C'est d'ailleurs exactement mon point : l'État canadien a violé allégrement le droit applicable afin d'avoir Khadr à l'usure, et faire croire au peuple que ceci est une preuve de culpabilité ultime. J'aurais crû que des intellectuels de votre espèce seraient en mesure de flairer l'arnaque. Visiblement, je faisais erreur.
Et de là mon allusion au cobaye: Khadr en est un dans la mesure où le gouvernement teste si, et dans quelle mesure, le peuple accepte ces violations au motif du fait qu'il s'agit d'un terroriste. Il appert de votre propos, malheureusement d'ailleurs, que c'est réussi.
J’ai écrit le 5 août dernier en commentaire à Droit inc. alors que, tel que le rapportait ce jour-là Droit Inc., notre très persécuté Omar venait de congédier ses avocats canadiens, encore ébahis de tant d’outrecuidance et d’«ingratitude», que la vrai histoire de Omar Khadr était en fait la malheureuse mésaventure d’un de nos «…valeureux compatriote qui s’est malencontreusement retrouvé dans une tranchée pleine de soldats ennemis alors qu’il fréquentait une colonie de vacances en compagnie de son papa (un autre de nos valeureux mais mésestimé compatriote)…»
>
> À ce moment là il était question que notre cher Omar, dès qu’il toucherait la sol de la «mère-patrie», entreprenne un recours musclé contre le Gouvernement du Canada qui, comme tout le monde le sait, a toujours été depuis la naissance de ce citoyen modèle la source de tous les maux et de toutes les vicissitudes qui l’affligent aujourd’hui.
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> Voilà maintenant que Me Bérard monte au créneau pour notre cher Omar. Me Bérard rappelle que Khadr a une entente «… emprisonnement pour huit ans, et demande de transfert possible au Canada après un an.» Le contrat est signé, il faut le respecter ; c’est simple et indiscutable.
>
> Me Bérard escamote allègrement que notre pauvre Omar s’il est emprisonné, c’est qu’il a admis avoir causé la mort du Sergent de première classe Christopher Speer et d’avoir aussi blessé d’autres soldats de l’armée américaine en lançant une grenade en direction de Speer le 27 juillet 2002 alors qu’il n’était membre d’aucune force armée régulière d’un pays en état de guerre. C’est cet aveu qui explique maintenant la détention de notre cher Omar.
>
> Dans ce contexte assez particulier il faut bien le dire, Me Bérard escamote la question centrale de façon cavalière lorsqu’il écrit: «Terroriste, Khadr ? Aucune idée. Ceci importe peu ou pas.»
>
> Singulière affirmation qui tient plutôt de l’aveuglement volontaire. Il est évidemment plus «glamour» d’écrire un beau papier sur les «Droits de l’Hômmme».
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> Pour conclure Me Bérard ne répond pas à la question qu’il pose. Si Omar Khadr est un cobaye, c’était le cobaye de qui ?
Isabelle
il y a 13 ansJustement ! Le gouvernement conservateur se cache derrière le profil peu sympathique de Khadr pour justifier ses actions illégales.
C'est une parfaite illustration de l'arbitraire.
La primauté du droit, ça existe et c'est fondamental. C'est ce qui permet à la démocratie, aux droits fondamentaux, dont la liberté, de vivre autrement que sur papier. Faut-il sacrifier ce principe et y substituer "la primauté du politique" (ou à vrai dire, de la politique) ?
Dollar Bill
il y a 13 ansLe respect qu'a un pays de ses propres lois fondamentales se mesure justement dans la façon qu'elle traite le plus odieux des justiciables.
J'aimerais penser que le gouvernement canadien ne s'abaissera pas au niveau des terroristes dans ses prises de décisions et qu'il respectera les lois qu'il a lui-même adoptées.
Anonyme
il y a 13 ansAbsolument d'accord. Vous résumez en quelques lignes l'ensemble de mon propos. Merci.
FB
Le respect qu'a un pays de ses propres lois fondamentales se mesure justement dans la façon qu'elle traite le plus odieux des justiciables.
>
> J'aimerais penser que le gouvernement canadien ne s'abaissera pas au niveau des terroristes dans ses prises de décisions et qu'il respectera les lois qu'il a lui-même adoptées.
Julien Boucher
il y a 13 ansIl y a le droit et il y a les préjugés. Le droit est un système complexe, parfois hermétique et assurément difficile d'accès. La primauté du droit? "De quossé?"
Il y a malheureusement des droits plus sexy que d'autres. La liberté d'expression et la liberté de religion sont assurément à la mode. Curieusement, des libertés aussi fondamentales qu'être traité humainement et équitablement lorsque sous détention de l'État ne font frissonner personne. On s'émeut rarement pour un détenu privé de sommeil ou torturé. La présomption d'innocence n'existe pas vraiment dans l'esprit de bien des gens. Un accusé est traité comme un coupable par plusieurs. Il suffit d'une accusation pour amorcer la descente aux enfers. Les féministes n'ont toujours pas fini de tirer des roches sur DSK, à titre d'exemple.
Les préjugés, c'est quand un citoyen se met à haïr un accusé dès lors qu'il apprend qu'il subit son procès. Les préjugés, c'est aussi d'avaler tout ce dont le monde médiatique nous abreuve. Le terrorisme, cette créature pitoyable. L'islam, cette menace mystérieuse. Si Omar Khadr s'était plutôt appelé Pierre Ouellet, l'indifférence populaire n'aurait pas été si totale. Et probablement que la pression populaire aurait forcé le rapatriement. Mais Khadr est un citoyen de seconde zone. Pour Harper et pour beaucoup de citoyens, dont DSG. Désolant.
La Cour suprême a oublié de mettre ses culottes le matin où elle a laissé au gouvernement le choix de la réparation. En espérant que ça ne reproduise plus. Quand le dernier rempart contre un gouvernement douteux fait preuve de mollesse, on a raison d'avoir peur.
Plourde
il y a 13 ansEn 1945, Trudeau dénonçait l'incarcération arbitraire d'Adrien Arcand. Le fait qu'Arcand était un fasciste notoire importait peu ou pas. Trudeau n'appuyait évidemment pas les idées d'Arcand : il demandait seulement à ce qu'il soit traité équitablement selon la loi.
Je crois que Trudeau avait raison.
Frédéric Bérard
il y a 13 ansExcellente analogie. Précisément mon propos quant à Khadr, bien que celui-ci (i.e. mon propos) semble plutôt mal compris de certains.
Merci de votre commentaire,
FB
En 1945, Trudeau dénonçait l'incarcération arbitraire d'Adrien Arcand. Le fait qu'Arcand était un fasciste notoire importait peu ou pas. Trudeau n'appuyait évidemment pas les idées d'Arcand : il demandait seulement à ce qu'il soit traité équitablement selon la loi.
>
> Je crois que Trudeau avait raison.
Anonyme
il y a 13 ans«> En 1945, Trudeau dénonçait l'incarcération arbitraire d'Adrien Arcand. Le fait qu'Arcand était un fasciste notoire importait peu ou pas. Trudeau n'appuyait évidemment pas les idées d'Arcand : il demandait seulement à ce qu'il soit traité équitablement selon la loi.
>
> Je crois que Trudeau avait raison.»
Il avait raison mais a changé d'idée en octobre 1970.
DSG
il y a 13 ans> «> En 1945, Trudeau dénonçait l'incarcération arbitraire d'Adrien Arcand. Le fait qu'Arcand était un fasciste notoire importait peu ou pas. Trudeau n'appuyait évidemment pas les idées d'Arcand : il demandait seulement à ce qu'il soit traité équitablement selon la loi.
> >
> > Je crois que Trudeau avait raison.»
>
> Il avait raison mais a changé d'idée en octobre 1970.
Excellent reflex. You are correct; the War Measures Act temporarily suspended civil liberties and due process.
Plourde
il y a 13 ans> Excellent reflex. You are correct; the War Measures Act temporarily suspended civil liberties and due process.
À la lecture de vos commentaires, dois-je conclure que vous croyez que Trudeau avait tort en 1945 de défendre Arcand, mais qu'il avait raison d'autoriser l'incarcération arbitraire de plusieurs centaines de présumés terroristes en 1970?
DSG
il y a 13 ans> > Excellent reflex. You are correct; the War Measures Act temporarily suspended civil liberties and due process.
>
> À la lecture de vos commentaires, dois-je conclure que vous croyez que Trudeau avait tort en 1945 de défendre Arcand, mais qu'il avait raison d'autoriser l'incarcération arbitraire de plusieurs centaines de présumés terroristes en 1970?
You'll never catch me defending anything that Trudeau did. This never-ending spiral of political unrest is all his fault; accomplished in part by the implementation of the Charter without Quebec's consent.
Anonyme
il y a 13 ansPour être précis, monsieur, la Charte québécoise existait bien avant la Charte canadienne que vous décriez, ceci étant votre droit le plus strict(protégé d'ailleurs par la Charte, ironiquement). Sachez tout de même que l'absence de Charte canadienne n'empêcherait nullement les largesses que vous semblez aborrer, et ce, du simple fait de l'existence de la Charte québécoise.
FB
Excellent reflex. You are correct; the War Measures Act temporarily suspended civil liberties and due process.
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> > À la lecture de vos commentaires, dois-je conclure que vous croyez que Trudeau avait tort en 1945 de défendre Arcand, mais qu'il avait raison d'autoriser l'incarcération arbitraire de plusieurs centaines de présumés terroristes en 1970?
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> You'll never catch me defending anything that Trudeau did. This never-ending spiral of political unrest is all his fault; accomplished in part by the implementation of the Charter without Quebec's consent.
DSG
il y a 13 ansAnd don’t forget the Canadian Declaration of Rights. It doesn’t change my position.
> Pour être précis, monsieur, la Charte québécoise existait bien avant la Charte canadienne que vous décriez, ceci étant votre droit le plus strict(protégé d'ailleurs par la Charte, ironiquement). Sachez tout de même que l'absence de Charte canadienne n'empêcherait nullement les largesses que vous semblez aborrer, et ce, du simple fait de l'existence de la Charte québécoise.
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> FB
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> Excellent reflex. You are correct; the War Measures Act temporarily suspended civil liberties and due process.
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> > > À la lecture de vos commentaires, dois-je conclure que vous croyez que Trudeau avait tort en 1945 de défendre Arcand, mais qu'il avait raison d'autoriser l'incarcération arbitraire de plusieurs centaines de présumés terroristes en 1970?
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> > You'll never catch me defending anything that Trudeau did. This never-ending spiral of political unrest is all his fault; accomplished in part by the implementation of the Charter without Quebec's consent.
GBS
il y a 13 ansLa convention de genève a des règles très claires en ce qui concerne les prisonniers de guerre, et le traitement que l'on doit réserver aux enfants soldats.
Les USA ont traité ces gens, qui étaient associés et protégeaient des terroristes, comme s'ils étaient des espions de la 2ème guerre mondiale, alors qu'ils étaient en réalité des soldats qui luttaient contre els forces américaines.
Cerets, ces soldats n'étaient pas du bon côté, et ne peuvent à mes yeux se réclamer de la guerre juste, mais ils étaient des soldats qui luttaient contre des soldats.
Khadr est accusé d'avoir tué un soldat américain qui envahissait son pays.
Son gouvernement, son association, et sa cause sont méprisables et affreuses.
Mais c'était un enfats soldat.
Il n'a pas commis d'acte terroriste. Il est accusé d'avoir tué un soldat américain sur un champs de bataille.
Ce qu'on a fait subir à cet enfant est impardonable.
Anonyme
il y a 13 ansJ'ai effectivement occulté en bonne partie la question de l'enfant-soldat, faute d'espace. Celle-ci demeure parfaitement pertinente, surtout en ce qui concerne les obligations internationales applicables.
Merci de votre commentaire,
FB
La convention de genève a des règles très claires en ce qui concerne les prisonniers de guerre, et le traitement que l'on doit réserver aux enfants soldats.
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> Les USA ont traité ces gens, qui étaient associés et protégeaient des terroristes, comme s'ils étaient des espions de la 2ème guerre mondiale, alors qu'ils étaient en réalité des soldats qui luttaient contre els forces américaines.
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> Cerets, ces soldats n'étaient pas du bon côté, et ne peuvent à mes yeux se réclamer de la guerre juste, mais ils étaient des soldats qui luttaient contre des soldats.
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> Khadr est accusé d'avoir tué un soldat américain qui envahissait son pays.
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> Son gouvernement, son association, et sa cause sont méprisables et affreuses.
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> Mais c'était un enfats soldat.
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> Il n'a pas commis d'acte terroriste. Il est accusé d'avoir tué un soldat américain sur un champs de bataille.
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> Ce qu'on a fait subir à cet enfant est impardonable.