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Laplante et ses quatre années de silence

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Agence Qmi

2012-01-11 10:15:00

Paul Laplante n’a jamais confirmé les soupçons que les policiers avaient sur lui concernant le meurtre de sa femme, Diane Grégoire. Et pour son avocat Marc Labelle, le routier avait de quoi préparer une bonne défense.
Laplante ici avec Diane Grégoire, a bien tenu sa langue pendant quatre ans
Laplante ici avec Diane Grégoire, a bien tenu sa langue pendant quatre ans
Les suspects finissent généralement par trop en dire. Paul Laplante a tenu sa langue pendant quatre ans, malgré tous les efforts des policiers pour la lui délier.

Le jour de son arrestation pour le meurtre prémédité de Diane Grégoire, le 13 décembre dernier, il s’est fait cuisiner pendant six heures dans une petite salle d’interrogatoire au quartier général de la Sûreté du Québec, rue Parthenais. Le camionneur de 54 ans est resté muet comme une carpe. Ou presque.

« Non seulement il n’a pas livré d’aveux, mais il a gardé le silence, sauf pour dire quelques banalités », relaté son avocat, Marc Labelle, qui a visionné l’enregistrement vidéo de ce monologue à huis clos. « Le seul qui déballait son sac, c’est le policier qu’il avait devant lui et qui dévoilait des détails de l’enquête en essayant de le faire parler », a indiqué Me Labelle.

L’avocat a confirmé que les policiers détenaient aussi une preuve d’écoute électronique dans le dossier. La police de Longueuil, qui a amorcé l’enquête au moment de la disparition de la mère de famille de 51 ans, le 31 janvier 2008, a intercepté des dizaines d’heures de conversations du suspect de la première heure, à l’insu de celui-ci.

« Je n’en ai pas pris connaissance, a dit Me Labelle. Mais ce que je peux vous dire, c’est que la police n’a aucun aveu de M. Laplante, ni de témoin qui a pu recueillir ses aveux, ni de témoin direct du crime, ni de profil génétique (preuve D’ADN).»

Des erreurs

Paul Laplante a cependant commis « plusieurs erreurs » qui ont permis aux policiers d’amasser une somme importante d’éléments de preuve circonstanciels, ont indiqué des sources proches du dossier.
Son avocat avait des « interrogations » sur certains points « intrigants » de la version de l’accusé.

Me Labelle affirme que la police n'a aucun aveu de Paul Laplante
Me Labelle affirme que la police n'a aucun aveu de Paul Laplante
« Il avait des choses à expliquer. Pourquoi a-t-il appelé le 911, à 16 h 11, le jour où il a signalé la disparition, alors que sa femme avait 11 minutes de retard au rendez-vous qu’ils s’étaient donné aux Promenades Saint-Bruno ? Pourquoi ne pas être allé voir le service de sécurité du centre d’achats où elle avait magasiné, depuis 10 h 30 cette journée-là, d’après lui ? Le fait qu’elle ait laissé son sac à main dans le véhicule pouvait aussi surprendre. »

Me Labelle a concédé que son client avait « fait des dépenses qu’il n’aurait jamais faites, une fois sa femme disparue ». « Mais c’est loin d’être évident que le mobile du crime était l’argent, d’après la lecture que je fais de la preuve. » La preuve évoque notamment un VUS de marque RAV4 de près de 50 000 $ que cet employé de Pepsico a payé comptant, peu après le meurtre de Diane Grégoire. Une Mercedes neuve, achetée la veille de son arrestation. Un appartement loué 2000 $ par mois près du Stade olympique. Une procuration qu’il a fait signer à sa femme — bénéficiaire d’un héritage d’une valeur d’un million de dollars —, en 2007, pour pouvoir accéder à ses comptes bancaires, peu avant le drame de Coteau-du-Lac.

Il y a aussi la vente précipitée des antiquités de Mme Grégoire (d’une valeur de 300 000 $) et de sa voiture, principalement utilisée par leur fille Elizabeth. Son absence aux recherches menées pour trouver sa femme. Son refus de se soumettre au test du polygraphe des policiers. Et sa présence assidue au procès de Ghyslain Dion, pour le meurtre de sa conjointe Julie Croteau, qui s’est tenu au palais de justice de Saint-Hyacinthe, en 2007. Me Labelle croit néanmoins que Laplante avait une chance de se défendre. Et de ne « pas être pris à faire 25 ans » de pénitencier.

Messages mystérieux

Peu de temps après la disparition de sa femme, Paul Laplante pourrait avoir tenté de brouiller les pistes et manipuler l’opinion publique en donnant de fausses informations dans des messages qu’il aurait laissés à des médias, croit la police.

Peu après la disparition de Diane Grégoire, le 31 janvier 2008, un ou des messages donnant des informations erronées auraient en effet été laissés par un homme sur la boîte vocale du chroniqueur judiciaire Claude Poirier.
Les enquêteurs de la police de Longueuil ont soupçonné que ces messages peuvent avoir été laissés par Paul Laplante lui-même, qui aurait ainsi changé sa voix pour ne pas être reconnu.

Selon des sources, les policiers ont fait écouter ces messages par des experts, qui n’auraient pu établir hors de tout doute qu’il s’agissait bel et bien de la voix de Paul Laplante. L’affaire en est donc restée au stade des soupçons.

Crâne défoncé

Toujours selon nos sources, Diane Grégoire serait décédée après avoir reçu à la tête un violent coup porté par un objet contondant. Des informations qui circulent dans les médias laissent croire que le crime a été commis avec une barre de fer servant à déboulonner les roues d’une voiture ou par un cric. Or, nous ne le saurons jamais puisque les enquêteurs n’ont pas retrouvé l’arme.

Isolé

Depuis environ un an, Paul Laplante s’était isolé de sa famille et ses deux enfants avaient complètement coupé les ponts avec lui. Il n’avait plus d’ami et fréquentait régulièrement les salons de massage, a-t-on appris. Depuis la mort de sa femme, il a eu trois conjointes. Il a notamment vécu à Montréal, dans le Village olympique, et à Blainville. Il venait de s’établir à Laval lorsqu’il a été arrêté le 13 décembre.

Séparation ?

Peu avant sa mort, Diane Grégoire aurait songé à la séparation et aurait commencé certaines vérifications, notamment au sujet de son héritage, selon nos informations. Juste avant une croisière que le couple a faite, en janvier 2008, Diane Grégoire a signé une procuration par laquelle elle a remis le contrôle de toute sa fortune à Paul Laplante, qui l’aurait convaincue de signer un tel document au cas où il leur arriverait malheur en voyage. Il semble que Paul Laplante aurait également signé une telle procuration, selon des informations qui n’ont pas été confirmées.

C’est un suicide

L’autopsie pratiquée sur le corps de Paul Laplante, hier, confirme son suicide par pendaison, commis la veille avec un drap de sa cellule, à la prison de Rivière-des-Prairies. « L’autopsie confirme le décès par asphyxie par compression des structures du cou. Aucune évidence d’intervention d’un tiers n’a été observée par le pathologiste » dans cette mort violente, a précisé la porte-parole du Bureau du coroner, Geneviève Guilbault. L’enquête a été confiée au coroner Pierre Bélisle, qui produira un rapport complet sur l’ensemble des circonstances du décès, au cours des prochains mois.

Il a laissé une lettre

Par ailleurs, une lettre écrite de la main de Paul Laplante a été retrouvée sur lui, dans la cellule qu’il occupait à l’aile de protection G-6 du centre de détention, lundi. Tant la Sûreté du Québec que le Bureau du coroner se sont gardés d’en commenter le contenu, ainsi que l’identité des destinataires. Aucun aveu de culpabilité ne transpirerait cependant de ces écrits.

Seuls à savoir

Les deux enfants du couple Laplante-Grégoire, Francis et Elizabeth, pourraient être les seuls à apprendre tous les détails de cette enquête policière, s’ils en manifestent le désir à la Couronne. Des représentants du Directeur des poursuites criminelles et pénales pourraient les rencontrer avant de classer l’affaire, qui n’aura pas de suite devant la justice.

Selon Me Marc Labelle, son client a peut-être craqué par manque d’appuis dans la préparation d’une éventuelle requête pour remise en liberté en attendant son procès. « On avait trouvé une caution prête à garantir 25 000 $ sur son hypothèque. Mais il fallait trouver deux autres personnes pour déposer le même montant en garantie à la cour et c’est là que ça a accroché », a indiqué l'avocat.

Paul Laplante déshérite ses enfants

Dans les trois lettres que Paul Laplante a rédigées avant de s’enlever la vie, il aurait notamment précisé qu'il ne lèguerait rien à ses enfants, Francis et Elizabeth, selon ce qu’a appris TVA Nouvelles. Par le biais de ces lettres, il aurait décidé de laisser ses avoirs à une congrégation religieuse. Par ailleurs, les écrits laissés par Laplante spécifieraient qu’il désire être enterré aux côtés de sa défunte épouse Diane Grégoire. Ces lettres ne contiendraient aucun aveu de culpabilité.
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