Pierre Duhamel
La fusion SGF-Investissement Québec
Pierre Duhamel
2010-09-16 07:46:00
Le journaliste et chroniqueur économique bien connu Pierre Duhamel a inauguré son nouveau blogue cette semaine. Il commente ici la fusion SGF-Investissement Québec.
Cette fusion tombe tellement sous le sens qu'on se demande pourquoi le Québec a tenu pendant des années à avoir deux sociétés d'État de développement économique. Espérons maintenant que cette union ouvre la porte à un grand débat sur le rôle de l'État dans l'économie.
Le Québec dépense plus que toutes les autres provinces pour soutenir les entreprises. Combien au juste ? Difficile à chiffrer précisément, mais il y en a assurément pour plus de 5 milliards de dollars. Pour vous donner un exemple de la difficulté de s'y retrouver dans la comptabilité des subventions et des crédits d'impôts, les sites du gouvernement font état de 134 programmes alors qu'un annuaire se targue de faire la lumière sur les 1 700 différents programmes offerts aux entreprises québécoises. Il faut dire qu'on tient compte ici des aides municipales et fédérales. Il n'empêche qu'il y en a énormément.
Le Québécois en ont-ils pour leur argent ? Certains vont nous répondre que le taux de chômage au Québec est maintenant plus bas que celui de l'Ontario et tend à se maintenir au niveau de la moyenne canadienne, du jamais vu depuis des décennies. Cela s'expliquerait selon eux par le rôle particulièrement actif de l'État québécois pour dynamiser son économie. Il est là le problème. Le Québec compte plus qu'ailleurs sur l'investissement public et moins sur l'entreprise privée. Entre 2005 et 2009, le Québec a généré 16 % des investissements privés au Canada contre 24 % des investissements publics.
Au moment où les États doivent faire des choix et compter leurs sous, un modèle de développement bâti autour de subventions nombreuses et alléchantes et d'investissements publics ne peut pas tenir la route.
Cela pose aussi le problème de la pertinence de ces aides. Un des objectifs de Clément Gignac avec la fusion SGF-Investissement Québec est de régler le problème des déficits à répétition de la SGF. Elle a perdu 245 millions au cours du dernier exercice et le déficit accumulé atteint le milliard de dollars depuis 10 ans. Manifestement, ses différentes administrations n'ont pas su flairer les bonnes affaires. La SGF a été créé en 1962 pour attirer de grosses compagnies au Québec en leur faisant un pont d'or. Est-ce ainsi qu'on fait encore du développement économique en 2010 ?
Entre-temps, la fusion permettra au Québec d'avoir un peu plus de cohérence et un peu moins d'éparpillement. C'est presque comique chaque année au sommet de Davos quand le premier ministre, les ministres du Développement économique et du Commerce Extérieur, les présidents d'investissement Québec, de la SGF et de la Caisse de dépôt et de placement tentent tour à tour de vendre le Québec aux étrangers. Cela fera un joueur de moins et de 10 à 15 millions de dollars d'économies. C'est déjà ça.
Nouveau blogue
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Le Québec dépense plus que toutes les autres provinces pour soutenir les entreprises. Combien au juste ? Difficile à chiffrer précisément, mais il y en a assurément pour plus de 5 milliards de dollars. Pour vous donner un exemple de la difficulté de s'y retrouver dans la comptabilité des subventions et des crédits d'impôts, les sites du gouvernement font état de 134 programmes alors qu'un annuaire se targue de faire la lumière sur les 1 700 différents programmes offerts aux entreprises québécoises. Il faut dire qu'on tient compte ici des aides municipales et fédérales. Il n'empêche qu'il y en a énormément.
Le Québécois en ont-ils pour leur argent ? Certains vont nous répondre que le taux de chômage au Québec est maintenant plus bas que celui de l'Ontario et tend à se maintenir au niveau de la moyenne canadienne, du jamais vu depuis des décennies. Cela s'expliquerait selon eux par le rôle particulièrement actif de l'État québécois pour dynamiser son économie. Il est là le problème. Le Québec compte plus qu'ailleurs sur l'investissement public et moins sur l'entreprise privée. Entre 2005 et 2009, le Québec a généré 16 % des investissements privés au Canada contre 24 % des investissements publics.
Au moment où les États doivent faire des choix et compter leurs sous, un modèle de développement bâti autour de subventions nombreuses et alléchantes et d'investissements publics ne peut pas tenir la route.
Cela pose aussi le problème de la pertinence de ces aides. Un des objectifs de Clément Gignac avec la fusion SGF-Investissement Québec est de régler le problème des déficits à répétition de la SGF. Elle a perdu 245 millions au cours du dernier exercice et le déficit accumulé atteint le milliard de dollars depuis 10 ans. Manifestement, ses différentes administrations n'ont pas su flairer les bonnes affaires. La SGF a été créé en 1962 pour attirer de grosses compagnies au Québec en leur faisant un pont d'or. Est-ce ainsi qu'on fait encore du développement économique en 2010 ?
Entre-temps, la fusion permettra au Québec d'avoir un peu plus de cohérence et un peu moins d'éparpillement. C'est presque comique chaque année au sommet de Davos quand le premier ministre, les ministres du Développement économique et du Commerce Extérieur, les présidents d'investissement Québec, de la SGF et de la Caisse de dépôt et de placement tentent tour à tour de vendre le Québec aux étrangers. Cela fera un joueur de moins et de 10 à 15 millions de dollars d'économies. C'est déjà ça.
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