La Disposition préliminaire du N.cpc
Catherine Piché
2015-06-18 11:15:00
Elle élargit, de même, l’idéal de la justice civile québécois sur le plan horizontal; la justice civile comprend maintenant la justice civile privée, véhiculée par les modes privés, ainsi que la justice civile publique, que permettent le procès et la conférence de règlement à l’amiable. Le Code a aussi un champ d’application plus large sur le plan vertical, s’appliquant aussi aux démarches préjudiciaires des parties.
Par le biais de sa nouvelle Disposition préliminaire, le Code veut « permettre, dans l’intérêt public, la prévention et le règlement des différends et des litiges, par des procédés adéquats, efficients, empreints d’esprit de justice et favorisant la participation des personnes ».
Il vise aussi à intégrer le principe de bonne foi procédurale, ainsi qu’à reconnaître l’importance de la justice participative. En fait, par la Disposition préliminaire, le législateur québécois accorde une place fondamentale et une force normative aux principes fondamentaux adoptés d’abord par le Code de 2003 et sa nouvelle culture judiciaire, telles que la proportionnalité, la gestion par le tribunal, la maîtrise du dossier, la contradiction et la bonne foi.
Le législateur codifie également de nouveaux principes de la procédure, tels la coopération et le principe de priorisation des modes privés de prévention et de règlement des différends.
Il en reste que la proportionnalité procédurale est au cœur du nouveau Code, de sa Disposition préliminaire et ainsi, du droit judiciaire privé québécois; principe directeur, la proportionnalité exige que « le recours à la justice respecte les valeurs de la bonne foi et de l’équilibre entre les plaideurs et n’entraîne pas une utilisation abusive des institutions de la justice ».
Proportionnalité des procédures et preuves
De pair avec l’article 18 du nouveau Code, la Disposition préliminaire exige une proportionnalité des procédures et des moyens de preuve choisis et associe directement le principe au pouvoir d’intervention des tribunaux en gestion d’instance. Le nouveau Code impose, d’ailleurs, aux parties et aux avocats un devoir de coopération et de collaboration dans les moyens qu’ils envisagent, dans les démarches qu’ils entreprennent et dans les procédures entreprises de manière générale.
Enfin, la Disposition préliminaire établit comme principes d’interprétation du droit judiciaire privé le principe de prévalence du fond sur la forme ainsi que celui de cohérence, principe de la tradition civiliste. C’est ainsi que l’on peut affirmer que le Code est un ensemble, dont chacune des parties doit s’interpréter en fonction des autres dans le respect de la totalité du Code et des autres lois.
La professeure Piché a été formée en droit aux universités d’Ottawa (LL.L. magna cum laude, 1997) et de Dalhousie (LL.B., 1999), ainsi qu’à la New York University School of Law (LL.M., 2001). Elle est membre des barreaux du Québec et de New York, et a auparavant pratiqué en litige commercial pendant plus de six ans au sein de cabinets d’avocats nationaux à New York et à Montréal, particulièrement dans le domaine des recours collectifs et litiges complexes.
Elle est auteur pour les volumes consacrés à la procédure civile du Jurisclasseur Québec de LexisNexis Canada. Elle a également publié un livre intitulé Droit judiciaire privé (Éditions Thémis), ainsi que de nombreux articles dans les domaines du droit processuel, de la procédure civile et de la preuve.
Plusieurs de ses articles traitent des principes directeurs et de l’interprétation de la procédure civile, ainsi que de questions de recours collectifs, particulièrement de questions relatives aux critères d’autorisation, aux relations entre les différents acteurs judiciaires, aux questions éthiques sous-jacentes, au rôle du juge et aux règlements à l’amiable. Elle est directrice du Laboratoire sur les actions collectives/Class Action Lab, à la Faculté de droit de l’Université de Montréal.