À son compte et en pleine expansion!
Julien Vailles
2016-07-05 15:00:00
Droit-inc: Vous avez travaillé chez Stikeman Elliott et BLG. Pourquoi vous êtes vous lancé à votre compte?
Me Bryan-E. Lane: Ça a toujours été clair pour moi que je serais où je suis aujourd'hui. Je suis allé chez Stikeman par opportunisme, je ne m'en cache pas. Pour moi, c'était le meilleur endroit où apprendre. Et en effet, Stikeman m'a beaucoup apporté au niveau de la rigueur, de l'organisation, de la méthode. Les gens là-bas sont passionnés et très assidus.
Quels sont vos domaines de pratique?
Chez Lane, on se concentre sur deux créneaux : le droit des affaires et le droit immobilier. Avec ça, on travaille aussi en litige dans ces deux domaines. On fait également du recouvrement commercial, et beaucoup de dossiers en matière de vices cachés.
Sinon, on collabore avec Fanny Brodeur, avocate fiscaliste anciennement chez Stikeman, qui nous permet une profondeur accrue au niveau fiscal, par exemple en matière de gels, de fiducies et autres.
Dans un grand bureau, il faut souvent choisir : on peut être plaideur ou rédiger des contrats. Pour ma part, je cherchais un équilibre et c'est ce que j'ai atteint.
Quels sont les plus grands défis pour un avocat à son compte?
Progresser! Il est indispensable et ardu de progresser à tous les niveaux : augmenter la clientèle, augmenter la qualité des dossiers, augmenter le nombre d'avocats dans l'équipe, augmenter sa propre expertise, etc.
Certains se disent que leur carrière n'a pas progressé, parce qu'ils sont au même niveau qu'il y a cinq ans! De mon côté, je me suis adjoint une avocate, une assistante, et c'est là que ça a vraiment décollé.
Le problème, c'est que certains se lancent à leur compte pour les mauvaises raisons. Parce qu'ils n'ont pas le choix? Parce qu'ils en ont assez des grands cabinets? Donc, beaucoup en viennent à abandonner la pratique parce qu'ils sont « brûlés ». Mais dans ce métier, on ne peut pas fonctionner toujours à la dernière minute et sans une seconde de répit, en mode « éteinte de feu ». D'où la pertinence de chercher des collègues et de travailler en équipe.
Vous avez déménagé récemment, pourquoi?
J'étais locataire ailleurs, et j'étais rendu à quatre ou cinq bureaux et je cherchais vraiment un endroit où acheter. On m'a présenté à Jean Cordeau qui travaille juste à côté, et c'est lui qui m'a vendu les locaux en mai 2015. Et cet automne, je prévois doubler ma superficie de bureau. Le défi est donc de m'adjoindre un nouvel avocat d'expérience pour combler cet espace!
Est-ce que les tarifs élevés peuvent être un frein à la pratique en grand cabinet?
C'est difficile à dire, c'est possible. J'ai des dossiers où j'avais huit ans de Barreau et je facturais moins qu'une collègue qui avait deux ans, parce qu'elle facturait à taux national! Mais il faut comprendre que ce n’est pas elle mais le bureau qui demande ce prix. Les avocats des petits cabinets ont donc cet avantage, ils coûtent moins cher aux clients.
Mais malgré tout, ce n'est pas parce qu'ils sont moins chers qu'on peut tout leur pardonner. Au bout du compte, qu'on soit d'un grand ou d'un petit cabinet, peu importe nos tarifs, il faut livrer la marchandise de la même façon.
Je pense que le plus important, c'est de s'assurer de la pertinence des services. Si je suis médecin, et que je sais que tu vas mourir, je ne vais pas t'opérer quand même en te faisant payer 30 000 $! Les clients des avocats veulent la même chose : il faut donc s'assurer que cela vaudra la peine pour eux de payer tel prix.
Quel est le conseil le plus important que vous donneriez à un avocat qui se lance à son compte?
Je lui dirais d'aller travailler pour quelqu'un pendant quelques années, de prendre de l'expérience. Partir en solo immédiatement après son assermentation, ce n'est pas que ce n'est pas faisable, mais ce n'est vraiment pas le chemin le plus facile!
Aller chercher l'expérience nécessaire permet de développer les habiletés juridiques, la capacité rédactionnelle, les réflexes, la gestion des priorités, la gestion du stress...et ces aptitudes peuvent s'acquérir dans un cabinet national comme dans un cabinet boutique!