Carrière et Formation

Les avocats, pas assez sur le divan !

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Jean-francois Parent

2017-05-29 14:15:00

Demander de l’aide pour des problèmes de santé mentale nuit à la carrière, pensent trop d’avocats. Et vu comme un aveu de faiblesse...
La blogueuse et avocate américaine Jeena Cho
La blogueuse et avocate américaine Jeena Cho
Contrairement à la croyance populaire, «les avocats ne sont pas des robots, ils sont faits de chair et de sang, ont des émotions, un corps, une âme», postule la blogueuse américaine Jeena Cho, du magazine Above the Law.

Elle remarque cependant que le milieu juridique, surtout en pratique privée, nie ce fait. Avec, comme corollaire, l'absence de soutien pour les avocats qui sont aux prises avec la détresse psychologique et la dépression.


Un avocat sur cinq alcoolique

Longtemps balayés sous le tapis, les problèmes de santé mentale dans les cabinets sont maintenant intégrés aux opérations d'un cabinet, note le Wall Street Journal. Le quotidien observe que quelques cabinets embauchent maintenant des psychologues et des thérapeutes à l'interne pour venir en aide aux avocats qui en auraient besoin.

La réponse étant trop souvent « de faire comme si la dépression, les troubles anxieux et les problèmes de santé mentale n'existent pas dans ''notre'' cabinet », poursuit Jeena Cho, le problème va en augmentant : la dépression, perçue comme un échec personnel et professionnel, affligerait 28 % des avocats aux États-Unis. Un avocat sur cinq lutterait en outre contre l'alcoolisme.

La chroniqueuse, qui a délaissé la pratique pour se consacrer à l'implantation de programmes de santé et de mieux-être en cabinet juridique, constate que le préjugé envers la santé mentale est tenace dans la profession. Cela est illustré par un commentaire attribué par Cho au patron mondial de Dentons, Joseph Andrew, au sujet de l'intervention de psychologues dans les cabinets : la crainte, avec ce genre d'Initiative, « c'est que les clients pensent que nos avocats sont fous ».

C'est cette attitude qui expliquerait en partie l'importante proportion d'avocats affligés par l'épuisement professionnel, le stress ou la dépression, croit Jeena Cho.

« J'ai rencontré beaucoup d'avocats qui craignent d'aller chercher de l'aide pour lutter contre l'insomnie, le burnout, le stress ou la déprime, car ces problèmes sont vus comme un aveu de faiblesse, d'échec, voire de folie. »


On ne se soigne donc pas, et les choses empirent...

La dépression, perçue comme un échec personnel et professionnel, affligerait 28 % des avocats aux États-Unis
La dépression, perçue comme un échec personnel et professionnel, affligerait 28 % des avocats aux États-Unis
Les choses changent, lentement mais sûrement : dans les colloques professionnels, la gestion de la santé mentale est au menu. Et de plus en plus d'avocats font appels aux services d'un thérapeute.

Il reste que rares sont les avocats qui entament des démarche en ce sens; on craint trop les répercussions que cela peut avoir sur la carrière.

« Quand on a des maux de dos, on va voir le médecin. Quand on a des problèmes qui nuisent à notre productivité, pourquoi ne pas consulter? », demande Jeena Cho. Elle estime que c'est une question de bon sens : « Un cabinet peut-il vraiment servir ses clients adéquatement quand le tiers de ses avocats lutte contre la dépression, l'épuisement ou l'alcoolisme? »

Ce sont là des problèmes qu'on ne règle pas avec de plus gros bonis à la fin de l'année. « Consulter un thérapeute ne sert pas seulement en situation de crise : on va chercher des outils pour gérer les situations difficiles, pour mieux communiquer, pour désamorcer les conflits. »
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