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Y a-t-il trop d’avocats ?

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Jean-francois Parent

2018-09-12 15:00:00

Leur nombre croît 2,5 fois plus rapidement que la population...
Me Paul-Matthieu Grondin
Me Paul-Matthieu Grondin
Depuis 5 ans, l’augmentation du nombre de nouveaux avocats est de 150 % supérieure à celle de la population en général.

C’est ce que révèlent nos calculs, qui comparent la croissance annuelle des membres du Barreau à celle de la population en général.

Ainsi, de 2012 à 2016, le nombre de membres du Barreau a augmenté de 9,83 %, La population du Québec, elle, a augmenté de 3,92 %.

On remarque la même proportion en croissance annuelle moyenne : chaque année, la population croît de 0,65 %, tandis que les avocats augmentent leurs effectifs de 1,65 %.

30% plus que la moyenne canadienne!

Il y a quelque 325 avocats par 100 000 habitants au Québec. C’est 29 % de plus que la moyenne canadienne, où le ratio est de 252 avocats. Le Québec est 2e au pays pour le nombre d’avocats par rapport à la population, derrière les 339 avocats par 100 000 habitants en Ontario.

D’ailleurs, en Ontario, on remettait récemment en question la pertinence d’ouvrir une nouvelle fac de droit à l’Université Ryerson. Au moins deux administrateurs du barreau provincial qualifiant le projet d’« irresponsable » et votant contre.

Parce qu’ils jugent qu’il y a déjà trop d’avocats.

« La question se pose, et on doit faire ce débat-là, c’est certain », répond d’entrée de jeu le bâtonnier du Québec Paul-Matthieu Grondin.

D’ailleurs, dans un rapport publié en 2016 par le Jeune barreau de Montréal, on remarquait que dans les deux dernières décennies, le nombre d’avocats doublait, bondissant de 100 %, pendant que la population augmentait de 15 %.
Le problème est généralisé : en 2013, l’Association du barreau canadien (ABC) constatait que depuis l’an 2000, le nombre d’avocats a augmenté 5 fois plus que la population.


Y a-t-il trop d’avocats ?
Y a-t-il trop d’avocats ?




Une demande mal comprise

« Nous savons comment quantifier l’offre, mais pour la demande, c’est un problème qu’on n’a pas résolu », concède le bâtonnier Grondin.

Le défi consiste en effet à évaluer la demande pour les services juridiques. « On s’entend pour dire qu’il y a un problème, mais tous ne sont pas d’accord sur la façon de le quantifier. La demande est une variable intangible, difficile à calculer. »

En effet, doit-on par exemple tenir compte de la croissance du PIB pour évaluer combien d’avocats peut absorber la population ? La croissance économique présuppose davantage de moyens pour recourir aux services d’un avocat.

« Nous réalisons une étude sur la demande qui sera prête l’an prochain, et nous allons convier toutes les parties à une réflexion », poursuit le bâtonnier.

Dans l’immédiat, le Barreau du Québec calcule qu’un plateau sera atteint du côté de l’offre dans la prochaine décennie. « En faisant le bilan des arrivées dans la profession et des départs à la retraite, on on s’attend à une augmentation qui ne dépasser pas les 30 000 avocats » au total, soutient Me Grondin.

Contingentement

Contingenter les programmes d’études, dont celui de l’École du Barreau ? « On n’est pas rendus là. Toutes les options sont sur la table, incluant le non-contingentement », répond Paul-Matthieu Grondin.

Au contraire, le contingentement « est une base sur laquelle on peut commencer à parler du problème », postule le président du Jeune Barreau de Montréal, Jonathan Pierre-Étienne.

Dans son rapport de 2016 sur la situation de l’emploi des jeunes avocats, le JBM soutient, sans équivoque, qu’il y a trop d’avocats qui arrivent sur le marché du travail. Et ce, notamment à cause d’une hausse des admissions à l’École du Barreau.

Le JBM cite la situation de juridictions voisines pour illustrer ce qui attend le Québec : en Ontario, un manque grave de stages a provoqué de profonds changements dans la formation ; aux États-Unis, champions de la surpopulation juridique, les jeunes avocats sans travail et lourdement endettés sont légion.

Déjà au Québec, les salaires baissent et les stages sont de plus en plus difficiles à trouver. D’où l’importance, soutient Me Pierre-Étienne, de s’attaquer au problème.

Explosion hors de contrôle

le président du Jeune Barreau de Montréal, Jonathan Pierre-Étienne
le président du Jeune Barreau de Montréal, Jonathan Pierre-Étienne
Et les données actuelles sont suffisamment éloquentes, affirme le président du JBM, qui constate que l’explosion « incontrôlée » du nombre d’avocats n’améliore en rien l’accessibilité à la justice.

« On parle de croissance économique et de mesure de la demande, mais dans l’immédiat, on remarque que même si il y a plus d’avocats, le nombre de ceux qui acceptent des mandats d’aide juridique sont en diminution. » Cela pourrait signaler que la population a de moins en moins accès à l’offre juridique.

Parallèlement, les conditions de travail pour les nouveaux venus périclitent, tandis que les prix chutent.

C’est pourquoi le JBM soutient que c’est avec le contingentement qu’il faut lancer le débat. « Il faut raisonner le contingentement. Par exemple, plutôt que d’utiliser le taux de succès constant de 80 % d’année en année, l’École du Barreau doit viser à maintenir un équilibre de 275 avocats par 100 000 habitants », poursuit Me Pierre-Étienne.

Ce chiffre, qui est la moyenne des taux d’avocats canadiens et albertains, la province comptant le moins de procureurs au pays, est une base de départ soumise par le JBM, et non pas un absolu, précise Jonathan Pierre-Étienne. « On parle de contingentement raisonné, faisant que les effectifs sont modulés chaque année selon les besoins du marché. »
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23 commentaires
  1. Anonyme
    Anonyme
    il y a 6 ans
    GM
    Contingenter, de manière égale entre toutes les universités, les admissions au baccalauréat en droit = la meilleure solution.

    Simple et facile, ça permet de ne pas engorger les salles de classe, ça permet de ne pas avoir à toucher à la très efficace (haha) École du Barreau dont le régime est souple (double haha).

  2. Me(e)
    Me(e)
    il y a 6 ans
    Pendant ce temps...
    Pendant ce temps, le Grand Nord souffre de sous représentation. Les régions ont de la difficulté à recruter. Je crois qu'il y a là une piste de solution qui serait mutuellement profitable. La promotion de la pratique en région ou dans le Nord, où il est facile de se faire "les dents" comme avocat.

    • Meuuuu!
      Meuuuu!
      il y a 6 ans
      Les dents
      Le « Grand Nord » comme vous dites, d’abord a un nom, le Nunavik, ne souffre pas de sous représentation, sauf en matière civile.

      Il y a déjà suffisamment de jeunes qui s’y « font les dents », ce dont les Nunavimmiut ont de besoin, c’est de la compétence, et non pas de l’opportunisme, il y en a déjà assez comme ca. Dommage, mon autre commentaire à ce sujet fut censuré!

      Pour ce qui est des régions, en ce qui concerne l’Abitibi-Témiscamingue, ce n’est plus vrai qu’il y a un manque à gagner. Il est en effet difficile pour les jeunes de trouver un emploi d’avocat intéressant et stimulant.

      Je n’ai pas de solutions, mais certainement il est temps que le Barreau se pose la question.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 6 ans
      dents
      Pour avoir été impliqué au sein des différent comités du Barreau et des barreaux de section, je sais qu'en Abitibi et au Saguenay, les emplois ne sont pas légion. Mais pensez à la Côte Nord, à Chaudière Appalaches, à la Baie James et j'en passe. Certaines régions ont vraiment de la difficulté à recruter. Quand je pense au Nord, je pense aussi à Kuujjuaq et autres.

      Pour la question de l'opportunisme, un jeune qui se fait "les dents" à Montréal ou en région, je n'y vois pas de différence, sauf que la courbe d'apprentissage sera sans doute plus élevée en région.

  3. Anonyme
    Anonyme
    il y a 6 ans
    Contingentement au Barreau ou à la Fac
    Un bac en droit peut effectivement mené partout, mais contingenter à l'examen du Barreau n'est peut-être pas la meilleure idée pour l'image de la profession, qui abandonne sa relève alors qu'elle n'est qu'à un (1) examen de la réussite.

    Un contingentement dès l'entrée des facultés de droit, prenant pour acquis qu'une proportion des juristes en formation décidera de ne point se diriger vers le Barreau, et certaines normes d'admission pour le Barreau pourraient également être envisageable et envisagées.

    Il ne faut pas oublier l'impact qu'aura le départ à la retraite des baby boomers d'un coup sec. Peut-être qu'il n'est pas tant préjudiciable qu'un nombre raisonnable d'avocats puissent agir à titre de "coussin" pour la profession.

    Bien que l'ensemble de la population partira à la retraite, cela n'éliminera pas les litiges, surtout en matière commerciale, successorale, contractuelle et immobilière, bien au contraire.

    Peut-être sommes-nous trop alarmistes? Les jeunes avocats peuvent se démarquer par du dur labeur et persévérer pour trouver l'emploi qui leur convient le mieux.

  4. Anonyme
    Anonyme
    il y a 6 ans
    Dans l'optique libérale, les avocats c'est comme les immigrants
    Il n'y en jamais trop. Après tout, "on est le parti des libertés" (tm), dit Couillard.

    Le contingentement féroce c'est donc juste pour les médecins, ce qui leur permet de rançonner la population à coup de chantage au déménagement.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 6 ans
      non sequitur
      Comme aucun des partis d'opposition n'a proposé quoi que ce soit à ce sujet, vous méritez le prix non sequitur du jour. Félicitations!

  5. Avocat anonyme
    Avocat anonyme
    il y a 6 ans
    Faites quelque chose !
    Les psychologues, médecins, dentistes, etc. l'ont bien compris... pour maintenir les conditions de travail et la "valeur" du titre professionnel (éviter que le titre devienne "overrated"), il faut restreindre/limiter largement l'accès à la profession. Si cela signifie perdre des cotisations professionnelles ... SO BE IT !

  6. Cohorte de 2011
    Cohorte de 2011
    il y a 6 ans
    Départ à la retraite?!!
    On nous le promettait déjà en 2008, ce fameux départ massif des baby boomers. Dix ans plus tard, on est toujours là à l'attendre.

  7. DSG
    There's nothing to do
    Imposing any kinds of restrictions on admissions to law schools or the Barreau amounts to communism. The kids must remain free to choose, as long as they understand the risks of not being able to earn a living when they graduate. The profession itself tends to weed out the bad lawyers anyway.

    • AC
      communism?
      There are already many restrictions to admission in many programs. The reason universities open the doors to anyone barely qualifying in law schools is because it's a low cost program. You basically need chairs and a T.A.
      Compare that to the cost of teaching medicine, law is a pretty sweet deal for universities. There should be more "contingentement" at the law fac. It could have the happy consequence of making the Bar a little less of a pain in the behind if the Bar wasn't stuck with the task of weeding out...
      About the second part of your comment, the aspiring lawyers have no idea that the job market is shites on the other side of their degree. The profession is still viewed through the lens of programs like Suits. Part of the responsibility falls on them, but a bigger part falls on the universities who suddenly become mute when it comes to jobs prospects...

    • DSG
      Nevertheless...
      We can't tell people what to study. Law is not the only field of study that leads nowhere. 1 in 10 architectural graduates actually get a job in their field. Most engineers end up building shopping carts or fixing toasters. We're an over educated society and it makes no sense the state pays people to study subjects which then only leads to the state having to pay for the welfares checks. Yes, students should have free choice, but at the same time they should pay for their mistakes.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 6 ans
      DSG misses his own point !
      "We can't tell people what to study."


      On peut par contre hausser le niveau de difficulté pour accéder à certaines études afin d'éviter d'arriver au ratio de 1 sur 10 que vous décrivez. De plus, "ils" payent déjà pour leur erreurs, vu les amendements apportés à la Loi sur la faillite et l'insolvabilité.

      Vu la teneur de vos commentaires il m'apparait que vous êtes assez vieux pour avoir connu l'époque des offres de mariages en blanc publiées dans les journaux, à des fins de bonification des bourses gouvernementales. C'était l'époque où même des diplômés en médecine déclaraient faillite le lendemain de leur diplomation.

      Votre observation sur les architectes et d'ingénieurs est boiteuse car les réparateurs de toasters remplissent quand même un rôle socialement utile, et c'est plutôt les sciences humaines qu'elles devrait viser en priorité.

      Imaginez un monde où même les sciences humaines seraient très contingentées ! Il y aurait davantage de plombiers (qui couteraient donc moins cher), moins de crétins en politique, et moins de snowflakes pour vous faire chier. ça serais-tu pas beau ?

    • DSG
      On peut par contre hausser le niveau de difficulté pour accéder à certaines études
      I don't see the difference between making it very difficult to get in and shipping the applicants off to a gulag. Either way it's state interventionism. And it's not a question of being old. It's a question of believing in free markets where everyone gets the same chance to excel and those same markets will separate the strong from the weak. The government over-subsidizes tuitions and then we're left dumbfounded and trying to understand why the number of graduates outnumber the birthrate. I say zero intervention: no restrictions on admissions and at the same time, no free tuition. Lots of kids go to university just to delay joining the work force and for the free heat in the winter. Drive by any university in the summer and note the lack of kids on campus. If you make kids pay full price for their tuition, it will filter out the slackers from the truly ambitious and the ratio balances out in about 10 years.

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 6 ans
      L'université usine à snowflakes :)
      "moins de snowflakes pour vous faire chier"

      'est bonne... !

    • Anonyme
      Anonyme
      il y a 6 ans
      "moins de snowflakes pour vous faire chier"
      Donc, moins de gens instruits, moins de snowflakes? Donc, les anti-snowflakes sont donc des ignorants?

      Ouais, pour une fois tout à fait en accord.

  8. Anonyme
    Anonyme
    il y a 6 ans
    Darwin
    La survie des plus forts va régler le problème.

  9. Anonyme
    Anonyme
    il y a 6 ans
    Protégeons les conjoints de fait
    Ça va doubler la demande dans le secteur familial pour des emplois en droit.

  10. Me(e)
    Me(e)
    il y a 6 ans
    AJ
    ...et créons un code de tarif d'aide juridique pour ces litiges. Je vois déjà les mandats d'AJ revoler.

  11. Iconoclaste
    Iconoclaste
    il y a 6 ans
    Avocat
    Article extrêmement pertinent

  12. Anonyme
    Anonyme
    il y a 6 ans
    Le pire
    Les avocats commencent à imposer leur corporatisme dans des métiers où ils n'ont rien à faire. Parce qu'il y a un manque d'opportunités pour un exercice classique du droit, les membres du Barreau vont maintenant postuler à des emplois qui n'exigent pas d'en être comme vulgarisateur, rédacteurs juridiques, analystes en assurance. Une fois là dedans, ils s'arrangent s'ils sont devenus responsables pour exiger une appartenance au Barreau pour occuper désormais de tels emplois. C'est dégueulasse d'exporter cette mentalité de "country club" dans des secteurs d'activité ou des groupes de métiers où des avocats, c'est à dire des membres actifs du Barreau, n'ont rien à faire, un simple bacc en droit étant amplement suffisant.

    • Parajuriste
      Parajuriste
      il y a 6 ans
      Le pire (bis)
      Sans compter tous les postes de parajuristes qui sont monopolisés!

  13. Anonyme
    Anonyme
    il y a 6 ans
    Y'a rien qu'à augmenter l'immigration (tm). P. Couillard.
    " l’augmentation du nombre de nouveaux avocats est de 150 % supérieure à celle de la population en général."


    C'est la solution selon la formule néolibérale qui plait tant aux grands bureaux.

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