Marc Bellemare: "je suis d'accord à 100 %"
Agence Qmi
2011-11-29 11:15:00
C'est du moins l'avis de l'ex-ministre de la Justice, Marc Bellemare, qui s'est porté à la défense du virage « tough on crime » du gouvernement Harper.
«C'est un excellent projet de loi, a déclaré Me Bellemare, hier. J'espère que la Chambre des communes l'adoptera le plus tôt possible. On est dû pour un coup de barre. À certains égards, je crois même que certaines mesures auraient pu être encore plus sévères.»
L'avocat a rappelé qu'à l'époque où il était ministre et procureur général du Québec, il était «favorable à des peines plus sévères» et n'hésitait pas à porter en appel «celles qui n'étaient pas satisfaisantes».
Il a soutenu que les nombreux amendements prévoyant l'imposition de peines minimales pour des crimes graves «sont tous justifiés». Particulièrement pour les crimes sexuels «odieux» commis sur des mineurs, qui seraient dorénavant punissables d'au minimum une année de prison.
«Des dérapages»
«On est tous d'accord avec la réhabilitation. Mais avant, est-ce qu'on a le droit de mieux protéger les victimes et les enfants? Il est grand temps de le faire. Les sondages nous disent que quatre Québécois sur cinq souhaitent que notre système de justice soit plus sévère. Je suis d'accord à 100 %.»
L'avocat, qui a fait sa spécialité des litiges sur l'indemnisation des victimes par l'État, a écorché au passage le ministre québécois de la Justice, Jean-Marc Fournier. Ce dernier a critiqué «le gouvernement du Reform Party», après s'être rendu à Ottawa pour demander au fédéral de faire marche arrière.
«Un show d'hystérique, a lancé Me Bellemare. M. Fournier a dérapé. Le Québec va conserver le pouvoir d'appliquer ça différemment qu'ailleurs. Pour le gouvernement libéral, la lutte aux criminels est le dernier de ses soucis. Mais je comprends que les libéraux ont un agenda préélectoral et que pendant qu'on parle de C-10, on ne parle pas de corruption au Québec.»
«Y a-t-il un Québécois qui soit contre une peine minimale d'un an pour un entraîneur de sport ou un moniteur de camp d'été qui abuse sexuellement d'un mineur? J'aimerais le connaître...»
De l'identification d'un ado criminel
«Il faut d'abord que le tribunal soit d'accord. J'ai cinq enfants, j'aimerais ça, savoir si y a un p'tit bum de 17 ans qui a tué deux personnes, qui est toujours à risque de récidive et qui reste à trois coins de rue.»
Des peines pour adultes à des mineurs
«Ce n'est pas automatique, comme le ministre Fournier le laisse entendre. Ça prend des cas de violence extrême. La Couronne doit le demander et le juge doit être d'accord. Mais c'est une excellente mesure.»
De la discrétion amoindrie des juges
«Depuis 30 ans, Ottawa a augmenté les peines maximales pour un tas d'infractions, sans que ça ne se reflète sur la sévérité des peines. Là, les juges devront décider entre un an et 14 ans de prison. Ça reste pas pire comme pouvoir discrétionnaire.»
Des valeurs québécoises
«Le ministre Fournier n'a pas parlé au nom de tous les Québécois à Ottawa. Je pense que les valeurs québécoises sont compatibles avec ce projet de loi.»
Du sénateur Pierre-Hugues Boisvenu
«Je suis d'accord avec lui quand il dit que le Québec est mou avec ses criminels.»
Du gouvernement Charest
«Le 25 septembre 2010, j'ai entendu notre premier ministre dire à son ami Bastarache (qui a présidé la commission sur le processus de nomination des juges) que la justice était sa priorité. Mais le gouvernement libéral a ri des Québécois pendant deux ans avant d'annoncer la commission d'enquête publique qu'ils réclamaient sur les «mafiosos» de la construction. Les bottines ne suivent pas les babines.»
Des «lobbys pro-défense»
«Ils étaient où ces lobbys quand j'ai entendu Guy Cloutier dire à la commission des libérations conditionnelles qu'il n'avait jamais été attiré par des enfants et qu'on l'a libéré, après avoir purgé 29 des 42 mois de pénitencier auxquels il avait été condamné?»