Et si vous développiez votre pratique au Nunavut?

Me Patrice Brunet vient de sauter le pas. Celui qui a fondé son propre cabinet, il y a plus de 30 ans, spécialisé en droit de l’immigration et en droit du sport a récemment été assermenté par le Barreau de Nunavut.

Tombé en amour avec cette communauté en 2023, l’avocat n’avait qu’un objectif : étendre sa pratique dans ce territoire.

Il faut dire que le Nunavut est un territoire présentant de nombreux défis et opportunités pour la communauté juridique. Droit-inc a discuté avec Me Patrice Brunet pour mieux comprendre les enjeux juridiques inhérents à cette région.

Pourquoi il était important pour vous d’obtenir le Barreau de Nunavut?

Je fais de l'immigration depuis le début de ma pratique et je m'intéresse aux différentes communautés culturelles qui viennent s'intégrer au Canada. Quand j'ai visité le Nunavut en 2023, j'ai été particulièrement intéressé par cette communauté.

J'ai entamé les démarches pour être membre du Barreau du Nunavut afin de développer des affaires là-bas car il y a beaucoup de travailleurs étrangers.

Il y a des gens qui ont besoin de renouveler leur statut, qui veulent avoir accès à la résidence permanente ou à la citoyenneté canadienne. Ça me permet de me rapprocher de la communauté du Nunavut mais également de combiner mon expertise dans mon domaine de pratique.

Justement, quelle est la situation en droit de l'immigration dans ce territoire? Comment les cabinets d'avocats sont implantés?

Le Nunavut, c'est un territoire canadien qui est en grande croissance économique, où le revenu individuel est important. Il y a vraiment des opportunités économiques qui sont importantes pour les travailleurs étrangers et, bien entendu, pour les Canadiens.

Ce sont des gens qui vont travailler soit dans la communauté ou pour le gouvernement mais qui vont aussi travailler pour des entreprises en ressources naturelles.

Sur place, il y a peu d'avocats. Il y a environ 400 membres du Barreau, donc c'est peu, comparativement au Barreau du Québec qui a plus de 20 000 membres. Mais évidemment, ça prend un certain investissement et du temps pour s’y rendre…

Est-ce qu'il y a des enjeux juridiques qui sont inhérents à cette communauté?

Ce qui est intéressant par rapport à la pratique, c'est que le Barreau du Nunavut est très protecteur. Ils veulent protéger leur population donc les clients qui résident au Nunavut ne peuvent pas être représentés par des membres d'autres barreaux.

Je pense que c'est une bonne chose parce qu'il y a une certaine partie de la population qui est vulnérable, d'où mon souhait de me conformer aux obligations déontologiques.

Y a-t-il un engouement de la part des membres de votre cabinet?

C'est sûr que dans mon équipe, il y a beaucoup d'enthousiasme et d'intérêt pour m'accompagner. Le Nunavut, c'est à peine à trois heures de vol à partir de Montréal ou d'Ottawa donc ça se fait quand même assez bien.

Quand on arrive là-bas, on est vraiment bien accueilli. Les gens sont très heureux de voir qu'on s'intéresse à leur communauté et aux enjeux qui les touchent.

Tout à l'heure, vous disiez qu'il n'y avait pas énormément d'avocats sur place. Mais au niveau de la demande, comment ça se passe?

On est vraiment au tout début, je viens tout juste d'être assermenté. Mais ce qui est sûr, c’est qu’il y a beaucoup d'anglophones qui proviennent d'autres provinces du Canada donc je pense que ça va être un réel avantage pour nous d'être bilingues.

Vous parliez également d'une activité économique intéressante. Que se passe-t-il actuellement pour qu’il y ait une telle attraction dans ce territoire?

C'est une région qui a beaucoup de développement économique grâce notamment aux ressources naturelles mais qui a peu de place pour loger les gens. Finalement, le premier enjeu pour les employeurs, ce n'est pas vraiment de combler les postes mais ce sont les problématiques de logement.

Y-a-t-il d'autres réalités qui sont spécifiques à cette communauté?

C'est sûr que quand on arrive dans ces communautés, il faut faire preuve de beaucoup d'humanisme et d'humanité, parce qu'il y a des gens qui souffrent. Il y a des gens qui ont souffert des pensionnats. Ça se sent encore dans la communauté aujourd'hui.

On doit être humain, on doit les accompagner et on doit être réceptif. À chaque fois que j'y vais, je prends le temps de m'intéresser à eux, d'être curieux sur ce qu'ils vivent et ce qu'ils ont vécu. Ce sont des gens qui ont un passé qui est extrêmement riche et dont on peut également s'inspirer.