«Savoir lire et écrire le droit»
Dominique Tardif
2016-01-06 14:15:00
Mon père était évaluateur agréé : son travail consistait donc à évaluer des propriétés pour établir les taxes applicables. La portion de son travail qui le passionnait le plus était d’aller défendre ses dossiers devant le tribunal administratif. De retour de ces journées, il nous parlait, le soir au souper, du dossier, de la façon dont il avait développé ses arguments, etc. Je pense que cette volonté de débattre de son opinion devant les gens m’est venue de là. Je faisais aussi beaucoup de politique à l’époque, et constatais que les chefs avaient bien souvent des formations en droit.
Il ne faisait par ailleurs pas de doute pour moi que je m’orienterais vers le droit immobilier : mes parents étaient propriétaires d’immeubles locatifs et je connaissais donc bien cet environnement. J’aimais à la fois le côté pratique du droit immobilier, qui permet de côtoyer des gens au quotidien, et son côté plus en profondeur, qui fait appel au travail d’analyse.
2. Quel est le plus grand défi professionnel auquel vous avez fait face au cours de votre carrière?
Mon plus grand défi est celui que je vis actuellement, à savoir de non seulement suivre la croissance énorme de Réseau Sélection, mais aussi de la devancer et de l’anticiper sur le plan juridique. Le portefeuille immobilier a augmenté de cinquante pour cent depuis janvier 2014 et nous visons aujourd’hui le développement hors-Québec. Dans le domaine des résidences, cela implique évidemment d’être conforme à un ensemble complet de nouvelles normes et de réglementation. Le taux de satisfaction de notre clientèle étant l’un des plus élevés de l’industrie, nous souhaitons transposer notre modèle à l’extérieur du Québec tout en maintenant ce même niveau de performance.
3. Si vous aviez une baguette magique, que changeriez-vous à la pratique du droit?
Ma réponse est probablement teintée par le fait que, comme je ne venais pas du Québec mais du Nouveau-Brunswick, je suis arrivée en droit après un premier baccalauréat (dans mon cas, un baccalauréat ès arts).
Si j’avais une baguette magique, je ferais en sorte qu’on accède au droit par un diplôme d’études supérieures. A mon avis, le fait d’avoir complété d’autres études permet de débuter dans la profession avec une plus grande maturité, un bagage plus important et des connaissances autres qui ajoutent au raisonnement, d’autant plus que les responsabilités qui nous sont confiées comme avocat sont énormes.
4. La perception du public envers la profession et les avocats en général est-elle plus positive, égale ou moins positive qu’elle ne l’était lors de vos débuts en pratique ? Et pourquoi, à votre avis ?
J’ai récemment fait des visites de cégeps avec ma fille et j’ai constaté que les jeunes disent encore avec beaucoup de passion qu’ils iront ou qu’ils sont en droit. Je crois que la profession conserve toujours son cachet d’antan, qu’elle a toujours été respectée et qu’elle continue de l’être. Les blagues d’avocats existent évidemment, mais je crois que l’opinion générale est fondamentalement assez bonne, particulièrement dans le monde des affaires, où le juriste a de plus en plus sa place.
5. Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un débutant sa carrière et souhaitant se retrouver à la tête d’un département des affaires juridiques? Quelle est la clé, s’il en est une, pour avoir une carrière à succès en entreprise?
Le fondement de la réussite consiste à savoir « lire et écrire en droit ». C’est la base, quand on sait que ‘tout se joue sur une virgule’. Il est absolument essentiel de savoir bien structurer une phrase, une pensée et ce que le client nous demande.
Il faut aussi savoir prendre le temps d’aller au fond des choses. En entreprise, où le souci de l’heure facturable existe moins, on peut se permettre de demander pourquoi la question nous est posée. Mieux comprendre la raison d’être des choses permet de mieux rédiger et de mieux protéger les intérêts de l’entreprise.
Enfin, le fait de prendre de l’expérience et d’aller chercher des connaissances autres permet d’apporter à la table une réelle valeur ajoutée.
Son livre préféré : The Edible Woman (auteure : Margaret Atwood).
Son film préféré : Fargo (réalisateurs : Joel et Ethan Coen).
Sa chanson fétiche : Fully Completely (The Tragically Hip).
Un dicton qu’elle affectionne: ‘Pigs get fat, hogs get slaughtered’…signifiant qu’une bonne négociation n’implique pas toujours de tout aller chercher, et parfois de devoir en laisser un peu sur la table.
Son péché mignon : un bon café!
Restaurant préféré : l’Européa (rue de la montagne)
Un pays qu’elle aimerait visiter : l’Italie
Le personnage qu’elle admire : Brian Mulroney, qui a changé le Canada pour le mieux et accompli beaucoup, notamment avec le libre-échange, Meech, la TPS, etc.
Si elle n’était pas avocate, elle serait…politicienne!
Me Pelletier détient un diplôme de maîtrise en droit de l’Université de Montréal (LL.M. 1998), un baccalauréat en droit de l’Université de Moncton (LL.B. 1991) et un baccalauréat ès arts de la même université (B.A. 1987). Elle a été assermentée en 1996.
Depuis 25 ans, Réseau Sélection développe et gère des complexes résidentiels pour les retraités.
Devenu pionnier dans son domaine, l’entreprise rassemble aujourd’hui 29 résidences en opération, emploie près de 3000 personnes au service de ses quelque 7500 résidents.