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Comment évaluer une entreprise pendant la crise de la COVID-19

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Catherine Tremblay Et Nathaniel Kirsh

2020-04-21 14:30:00

Une évaluation d’entreprise est toujours fixée à un moment précis dans le temps. La Covid-19 complique les choses.Deux experts expliquent comment faire...
Nathaniel Kirsh, CPA, MBA, est expert-conseil, Services-conseils financiers chez MNP
Nathaniel Kirsh, CPA, MBA, est expert-conseil, Services-conseils financiers chez MNP
Le Canada a perdu un record de 1,01 million d'emplois en mars, tandis que le taux de chômage a grimpé à 7,8% alors que la nouvelle épidémie de coronavirus a fermé toutes les entreprises qui ne faisaient pas partie des services jugés « essentiels ». Le Fonds monétaire international a prévu que l’économie du Canada se contracterait de 6,2% cette année.

À l’échelle mondiale, le choc du coronavirus est grave, même par rapport à la grande crise financière de 2007-2008. Cependant, l’impact à long terme sur des entreprises spécifiques demeure difficile à quantifier.

Qu’est-ce que cela signifie pour la valeur d’une entreprise?

Les évaluations d’entreprises continueront d’être nécessaires en 2020 à des fins transactionnelles bien sûr, mais aussi pour la planification successorale, le dénouement des litiges financiers ou matrimoniaux et la préparation d’états financiers pour les sociétés détenant des investissements.

Une évaluation d’entreprise est toujours fixée à un moment précis dans le temps et ne peut généralement pas tenir compte des informations obtenues après cette date (le principe d’interdiction d’utilisation de renseignements rétrospectifs). Avec l’instabilité actuelle du marché, un taux de chômage record et un risque croissant d’insolvabilité des entreprises, nous devons examiner attentivement l’incidence sur les méthodes d’évaluation.

La méthodologie d’évaluation la plus courante pour les entreprises stables est la technique de capitalisation des flux monétaires représentatifs, en raison de sa simplicité. En se basant sur les résultats historiques et les attentes budgétaires, l’évaluateur détermine tout d’abord un niveau de flux de trésorerie représentatif des flux de trésorerie futurs (tel que le bénéfice normalisé avant intérêts, impôts et amortissement — BAIIA). Par la suite, ce résultat est multiplié par un facteur (le « multiple ») qui considère le risque de l’entreprise ainsi que son potentiel de croissance (déterminé théoriquement ou à partir de multiples observés sur des marchés ouverts). Ceci donne la « valeur d’entreprise », qui est définie comme étant la valeur marchande des capitaux propres et de la dette nette de l’encaisse.

Avec l’augmentation du nombre de variables inconnues en raison de la COVID-19, les évaluateurs risquent d’avoir du mal à déterminer un niveau de flux de trésorerie raisonnable et représentatif de l’avenir ainsi qu’un multiple juste qui tiennent compte des perspectives et de l’horizon de l’investissement.

Nous avons décrit quelques solutions possibles ci-dessous.

Bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) et COVID-19 (« BAIIA-C »)

Catherine Tremblay, CPA, CA, CBV, ASA, CFF, B.Com., est associée chez MNP et chef de service du groupe d’évaluation d’entreprises pour le Québec.
Catherine Tremblay, CPA, CA, CBV, ASA, CFF, B.Com., est associée chez MNP et chef de service du groupe d’évaluation d’entreprises pour le Québec.
Considérons une date d’évaluation du 1er juin 2020 pour XYZ Co. où son dernier trimestre de données financières a été affecté par une forte baisse des ventes couplée à des créances irrécouvrables de ses clients. Un évaluateur peut choisir d'examiner les douze derniers mois de BAIIA et d’ajuster les pertes liées à la COVID-19 en supposant que la pandémie est temporaire. L’évaluateur peut appliquer un multiple ajusté à la baisse pour prendre en considération le risque accru de l’entreprise à la date d’évaluation. Cette méthode devrait également tenir compte des pertes liées à la COVID-19 qui peuvent persister après la date d’évaluation.

Bénéfices des douze prochains mois

Une autre méthodologie serait d’utiliser les bénéfices anticipés des douze prochains mois, ajustés pour tenir compte des effets de la COVID-19, puis multipliés par un multiple futur approprié. Cette méthode pourrait être très utile dans l’hypothèse où les effets de la pandémie ne dureront pas douze mois après la date d’évaluation. Cependant, cette hypothèse peut être considérée spéculative tant que les impacts liés à la COVID-19 ne sont pas connus de manière définitive.

Modèle de flux de trésorerie projetés

Compte tenu de ce qui précède, il est probable que de nombreuses évaluations d’entreprises réalisées pendant la pandémie de la COVID-19 s’appuieront sur des modèles de flux de trésorerie pluriannuels. Avant le coronavirus, cette méthode était généralement utilisée pour évaluer des entreprises à forte croissance, des entreprises en difficulté ou des entreprises dont le niveau de flux de trésorerie fluctuait. Cette méthode est très sensible aux hypothèses et aux estimations sous-jacentes aux prévisions qui peuvent avoir une influence significative sur la valeur.

Étant donné le climat économique actuel, il est probable que les effets de la COVID-19 se feront encore ressentir chez les entreprises au cours des prochaines années. À ce titre, il peut être nécessaire de préparer une projection des flux de trésorerie d’une entreprise pour les trois prochaines années au minimum afin de tenir compte du retour à la normale de ses activités. Cela nécessitera une compréhension approfondie de l’entreprise, de son industrie et de l’impact de la pandémie sur ses opérations. Le défi est que personne ne connaît la durée des répercussions de la pandémie.

Points à retenir

Bien que personne ne sache avec certitude combien de temps les effets de la pandémie seront ressentis par les entreprises, une estimation des flux de trésorerie normalisés ou pluriannuels peut être utilisée pour une évaluation d’entreprise. Les professionnels de MNP peuvent contribuer à la modélisation des flux de trésorerie afin d’aider les entrepreneurs à sortir plus fort de la crise de la COVID-19 et, au besoin, préparer la documentation nécessaire pour se prévaloir des programmes d’aide gouvernementale.

Sur les auteurs

Catherine Tremblay, CPA, CA, EEE, ASA, CFF, B.Com, est associée chez MNP et chef de service du groupe d’évaluation d’entreprises pour le Québec.
Nathaniel Kirsh, CPA, MBA, est expert-conseil, Services-conseils financiers chez MNP
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