Brûlé? Partez en sabbatique!
Mathieu Galarneau
2019-06-27 14:15:00
Alors que la santé mentale des avocats est discutée partout sur la place publique, y compris au Québec où près d’un avocat sur deux avoue ressentir de la détresse psychologique, le cabinet Shook, Hardy & Bacon a décidé d’offrir le congé sabbatique à ses employés, rapporte The American Lawyer. D’ailleurs, un associé de Houston, Peter Henk, a décidé de prendre trois mois à ses frais au début mai. Il en profite pour réaliser un rêve qu’il mettait toujours de côté: apprendre à conduire une moto.
Il n’est pas le seul de son cabinet à opter pour la sabbatique. Walter Cofer, un associé au Missouri, cumule déjà quatre congés sabbatiques dans sa carrière. Il avertit ses clients longtemps d’avance quels avocats de son cabinet seront disponibles quand lui ne le sera plus. « Tu te tasses du chemin pour que les jeunes avocats prennent leur place », explique-t-il à The American Lawyer.
Plusieurs employés apprécient la chance de pouvoir ralentir le rythme, indique la présidente du conseil de Shook, Hardy & Bacon, Madeleine McDonough. « Certains ont écrit des livres, d’autres ont enseigné ou sont retournés à l’école en programme estival », indique-t-elle. Elle précise que pour que le congé soit accepté, les avocats doivent assurer qu’ils travailleront une année complète pour le cabinet à leur retour.
Il semble que l’idée de la sabbatique soit excellente, selon le spécialiste Chris Ritter, directeur du Programme d’assistance pour les avocats du Texas. « Pour être résilient, il est parfaitement logique de permettre aux avocats de prendre des congés sabbatiques et aurait probablement un sens en ce qui concerne la rentabilité. Vous seriez en mesure d’obtenir plus de productivité de la part de cette personne et, très franchement, d’éviter l’épuisement complet, qui vous fait perdre des avocats très précieux et compétents. »
Pas pour tout le monde
Mais ce n’est peut-être pas tout le monde. Selon Pierre Arcand, recruteur juridique et chroniqueur chez Droit-Inc, il vaut mieux y penser à deux fois avant d’opter pour ce choix.
Il estime qu’il vaut mieux ne pas prendre un congé sabbatique si votre but ultime est de réorienter votre carrière par la suite. « Une pause d’une année sur votre curriculum aura sans l’ombre d’un doute un effet négatif, il est important d’analyser si d’autres options sont envisageables. »
M. Arcand conseille de prendre rendez-vous chez un spécialiste pour comprendre vos motivations et si le congé est nécessaire. « Un candidat sans emploi est toujours moins intéressant pour un employeur qu’un candidat avec emploi. »
Bref, le congé sabbatique peut être une option pour recharger sa pile, mais il ne doit pas être vu comme un tremplin pour amener votre carrière à un autre niveau.