Quelle incidence des legaltech sur la déontologie ?
Delphine Jung
2018-05-14 13:15:00
Durant cette conférence, Me Gilles de Saint-Exupéry, fondateur de Lex Start, a demandé au bâtonnier si le Barreau se dirigeait vers un « assouplissement des actes réservés » ?
Du mal à y voir clair
Avec beaucoup de prudence, le bâtonnier a expliqué que le Barreau a encore « beaucoup de difficultés à tracer la frontière entre ce qui est un conseil juridique et ce qui ne l’est pas » et qu’en plus, il est « rare d’être devant un projet de legaltech clair ».
Globalement, les personnes présentes dans la salle ont pu constater à quel point le Barreau se questionne face au développement des legaltech. Me Grondin a même évoqué une « bête à apprivoiser » tout en concédant que son institution avance à tâtons.
« N’y a-t-il pas des services tellement simples qu’une machine, qu’une intelligence artificielle serait tout à fait capable de s’en charger pour faire gagner du temps à l’avocat ? » a demandé Me de Saint-Exupéry.
« Il nous faut du concret. Pour l’instant, personne ne nous a posé des questions à ce sujet et d’ailleurs, d’après ce qu’on lit, on n’est pas encore dans l’intelligence artificielle. Pour le moment, il y a des petites automatisations », a dit Me Grondin.
Pour le bâtonnier, les avocats ne s’entendent d’ailleurs pas dans ce qui est « simple » ou pas. En plus, il est difficile d'après lui de segmenter les services juridiques. « On est ouvert à ça, mais il est difficile de mettre des barrières autour des conseils juridiques », a poursuivi Me Grondin.
Me de Saint-Exupéry a également rappelé que la plus-value d’un avocat réside dans l’assurance professionnelle. « Peut-on envisager de créer différents paliers d’assurance? », a-t-il demandé.
« Pour le moment, personne ne nous a demandé d’avoir une responsabilité différée ou partagée », a répondu le bâtonnier.
Par rapport aux enjeux que posent les médias sociaux et la publicité sur ces derniers, Me Grondin a expliqué que le Barreau souhaite adapter le code de déontologie et a rappelé qu’« essentiellement, les avocats n’ont pas le droit de publier des témoignages ».
Qu’en est-il alors des « étoiles » de notations qu’on peut trouver sur Google ou Facebook ? « C’est une question compliquée et le syndic est le seul à pouvoir répondre à cette question. On n'essaie pas de radier des gens pour des questions qui ne sont pas prioritaires pour la protection du public », s'est osé à dire le bâtonnier.
Et au niveau de la formation ? « Oui, on pourrait se pencher sur la question, mais il faut noter que ce que le Barreau contrôle, c’est surtout l’École du Barreau », a répondu Me Grondin.
Globalement, sa réponse était la même tout le long de la conférence : le Barreau s’y intéresse, reste à l'affût de ce qu’il se passe dans le milieu, fait une veille, mais n’arrive pas encore à saisir les réels enjeux de l’intelligence artificielle, des legaltech ou encore de l’automatisation.
Il estime qu’on pose certaines questions un peu trop tôt, mais veut rassurer en affirmant que l'institution « est à 100% pour l’avancement technologique ».
Anonyme
il y a 6 ans"Le Barreau est démuni"?
Le reste de l'article me semble pourtant être une analyse très lucide du bâtonnier. Il ne promet pas la lune et expose froidement les enjeux.
Anonyme
il y a 6 ansJ’étais à cette conférence, j’ai apprécié la candeur de Me Grondin, alors peut-être que je n’ai pas vu le même film que vous. Il avait parfaitement raison en disant qu’on ne peut même pas encore définir ce qu’est une legaltech.
Anonyme
il y a 6 ansUne étoile de plus dans ton cahier pour le commentiare posistif sur le bâtonnier
Oyoyoy
il y a 6 ansJe crois que les règles actuelles sont adaptées aux avancées technologiques en ce qui concerne les actes réservés.
Il faut suivre la même voie qu'actuellement, soit qu'un avocat doit toujours confirmer l'information à être transmis au client, ainsi que les actes et procédures rédigés au bénéfice du public.
Pour moi, il n'y a aucune différence entre une adjointe administrative qui fait une recherche pour un avocat ou qui remplit un document et une machine automatisée. Au final, un avocat doit vérifier le travail effectué et ce qui sera remis au client devra être considéré comme provenant à 100% de l'avocat et engager sa responsabilité professionnelle.
Les mêmes principes doivent s'appliquer quant à la facturation. L'avocat qui utilise de telles technologies sera justifié à facturer les coûts inhérents à son utilisation, considérant l'avantage pour le client.
Même chose pour les incorporations, la société devra être détenue en majorité par des avocats.
Il est effectivement par contre plus difficile de délimiter où le conseil juridique commence.
La question est cruciale et le Barreau, et le syndic, devront prendre position.
L'enjeu est de taille. Nous voyons clairement une forte tendance des non professionnels à vouloir donner des services aux citoyens sans passer par des professionnels.
Jeunot
il y a 6 ansN’importe quoi ce débat, Gilles de Saint-Exupéry, un Français, on l’accueille chez nous pour qu’il vienne démarrer une start-up et nous convaincre que notre éducation et nos talents ne valent pas grandes choses puisque apparament ces robots (aka lui derrière un ordi) ça peut remplacer tout cela!
Quelle honte que mes cotisations qui paient le salaire d’un bâtonnier qui passe du temps avec ce type, supposé maître qui ne cherche que s’enrichir sur notre dos!
Anonyme
il y a 6 ansMoi je dirais que le bâtonnier est là en train de faire ce qu'il devrait faire, c-à-d expliquer les tenants et aboutissants de la déontologie applicable ou pas aux legaltechs
Ça devient lassant le je-peux-pas-croire-que-mes-cotisations-paient-pour-ça
Anonyme
il y a 6 ansLe barreau se questionne (nt??)