Des produits comestibles à base de cannabis ? Oui mais comment ?
Glen Fraser
2018-08-24 10:15:00
Selon Statistique Canada, le marché de la vente au détail de cannabis est estimé à quelque cinq milliards de dollars et pourrait rapidement dépasser les dix milliards à mesure que le secteur évolue.
Bon nombre d’entreprises de transformation alimentaire voient dans le marché des produits comestibles à base de cannabis une formidable occasion de créer de nouveaux produits et d’accroître leurs ventes. Elles n’ont pas tort. Pour y arriver, elles devront toutefois composer avec certains obstacles, le principal étant des lois et des règlements stricts.
Comme la vente (l’utilisation) du cannabis à des fins récréatives est maintenant légale au Canada, il est important de reconnaître qu’aucune mesure législative encadrant les produits comestibles n’a encore été débattue au Canada. Un avant-projet de loi devrait être publié à l’automne 2018, puis adopté et mis en œuvre vers la fin de 2019.
Les produits comestibles à base de cannabis
À l’heure actuelle, les produits comme le café, le thé, les boissons, la bière infusée, la vodka au chanvre, les chocolats, les croustilles, le beurre, les huiles et les sirops infusés, les pâtisseries, les produits gélifiés et les repas congelés sont offerts dans les États américains du Colorado, de l’Oregon et de Washington, où le cannabis est légal. La vente de ces produits et l’intérêt qu’ils suscitent augmentent de manière considérable comparativement au cannabis séché. On peut s’attendre à une tendance similaire au Québec.
La création de ces produits posera certains défis, notamment le dosage, le déclenchement et la durée des effets du cannabis. Les consommateurs s’attendront à ce que le dosage des produits offerts par les fabricants soit parfaitement constant.
De l’octroi de licences à la distribution : un secteur strictement réglementé
Un facteur essentiel à considérer : selon la réglementation actuelle, les entreprises de transformation alimentaire n’ont pas le droit de manipuler, de posséder ni de transformer des produits du cannabis sans détenir de licence. Ainsi, l’établissement d’un partenariat avec un producteur autorisé pourrait être envisagé.
Quelle que soit l’option retenue, des lois et des règlements stricts comparables à ceux auxquels sont déjà assujettis les producteurs autorisés seront inévitablement adoptés pour encadrer la publicité, l’emballage, l’étiquetage, la distribution et la vente de produits comestibles à base de cannabis.
La voie de l’avenir : la recherche et les partenariats
Les entreprises de transformation alimentaire qui souhaitent faire leur entrée sur le marché des produits comestibles à base de cannabis ont intérêt à se munir d’une étude de marché rigoureuse et d’un modèle d’affaires solide. Elles doivent évaluer l’incidence qu’aura leur initiative sur leur image : devraient-elles lancer une nouvelle marque ou créer une filiale? Comment s’y prendre pour concevoir un produit de qualité supérieure à un prix concurrentiel et se doter d’un modèle de distribution efficace?
Enfin, elles devront nouer des partenariats et des alliances solides dans le secteur qui favoriseront une meilleure communication de l’information, une exploitation plus efficace des ressources et potentiellement la création de nouvelles pratiques commerciales.
Anand Beejan est leader régional de la niche du cannabis au Québec chez MNP.