Dopage : Une athlète blanchie et soulagée par sa fédération
Radio -Canada
2020-01-27 12:00:00
La Fédération internationale de canoë (ICF) juge que l’athlète ne mérite pas de sanction et lève automatiquement la suspension provisoire qui lui avait été imposée le 13 août 2019, après un test positif au ligandrol.
« Je suis tellement soulagée, a reconnu Vincent Lapointe en point de presse, à Trois-Rivières. Vous ne pouvez pas vous imaginer à quel point je suis soulagée, à quel point ça fait du bien de mettre fin à ce périple et de me concentrer sur ce que j’aime, retourner sur l’eau et me préparer en vue des Jeux. »
Son avocat, Me Adam Klevinas, qui l’a accompagnée tout au long du processus, a salué une décision « juste dans les circonstances ». Il a rappelé que l’athlète et son équipe ont multiplié les tests – qui ont coûté « extrêmement cher », a soutenu le juriste – pour trouver l’origine de l’infime quantité de ligandrol relevée dans son échantillon d’urine.
Dans sa défense auprès de l'ICF en décembre, la multiple championne du monde a plaidé avoir été contaminée par son conjoint de l’époque. Elle était passible d'une suspension de quatre ans.
La Fédération internationale s'est rendue à ses arguments et la blanchit en vertu de l'article 10.4 du Code mondial antidopage : « Lorsque le sportif ou l’autre personne établit dans un cas particulier l’absence de faute ou de négligence de sa part, la période de suspension normalement applicable sera éliminée ».
« Dans les semaines avant l’audience, on a trouvé l’origine, a indiqué Me Klevinas. C’est assez incroyable. J’ai parlé à plusieurs experts scientifiques de partout dans le monde. Ils me disaient que, vu la concentration dans l’échantillon d’urine de Laurence, c’était possible qu’on ne trouve jamais l’origine, que ça vienne d’une source que même les experts ne pouvaient imaginer ou trouver. »
« Laurence, c’est un cas de malchance. Elle a toujours été une athlète propre. »
Laurence Vincent Lapointe a pris connaissance de la version courte de la décision de l’ICF vendredi dernier. Elle a désormais le feu vert pour s’entraîner avec l’équipe nationale, pour retourner à la compétition et pour se concentrer sur l’obtention de sa qualification en prévision des Jeux de Tokyo, où le canoë féminin fera son entrée au programme olympique.
La Trifluvienne ira retrouver ses coéquipiers en Floride dès mardi.
« Je ne peux pas attendre plus longtemps, a-t-elle souligné. J’ai hâte d’y retourner. »
Tout n’est peut-être pas terminé pour autant. Me Klevinas a expliqué que l’Agence mondiale antidopage et le Centre canadien pour l’éthique dans le sport ont des droits d’appel qui pourraient prolonger le processus pendant des semaines, voire des mois, après la réception de la version longue de la décision de l’ICF. Cela pourrait déjà prendre deux semaines.
Me Klevinas juge cependant que la preuve de l’athlète est solide. Vincent Lapointe ne laisse d’ailleurs pas ce scénario imprévisible entacher son retour avec l’équipe nationale, car elle reconnaît avoir traversé des périodes creuses pendant ses mois d’entraînement en solitaire.
« Au cours du processus, chaque bonne nouvelle était suivie par une nouvelle un petit peu moins bonne, s’est-elle souvenue. Mais c’est un tel soulagement d’avoir le droit de m’entraîner que je me dis que je vais foncer, me croiser les doigts et tout donner à l’entraînement. Je ne vois pas de raison de me retenir au cas où il y aurait un appel. Je ne suis pas rendue là. »
29 juillet 2019
Test inopiné (sang et urine) demandé par la Fédération internationale de canoë (ICF) et effectué en matinée à Montréal.
12 août 2019
L’Institut national de la recherche scientifique (INRS) à Laval révèle que le test affiche du ligandrol.
13 août 2019
Canoë Kayak Canada et Laurence Vincent Lapointe sont avisés du contrôle positif.
L’ICF ordonne une suspension provisoire.
14 août 2019
L’ICF informe Vincent Lapointe du taux de ligandrol trouvé, 0,004 ng/ml.
15 août 2019
Ouverture de l’échantillon B au laboratoire de l’INRS.
16 août 2019
Confirmation de la contamination au ligandrol de l’échantillon B.
20 août 2019
Conférence de presse de Laurence Vincent Lapointe et de son avocat Adam Klevinas à Montréal et Trois-Rivières (polygraphe suggéré).
23 août 2019
L’ICF fournit à Laurence Vincent Lapointe la documentation du laboratoire.
Vincent Lapointe fait tester cinq suppléments dans un laboratoire agréé par l’Agence mondiale antidopage (AMA), dont un appartenant à son conjoint.
10 septembre 2019
Le laboratoire accrédité par l’AMA confirme qu’aucun des suppléments testés ne contenait du ligandrol.
27 septembre 2019
L’analyse d’un échantillon de cheveux de Vincent Lapointe dans un laboratoire français est négative.
2 octobre 2019
Vincent Lapointe subit un test polygraphique, qu’elle réussit.
En octobre 2019
Vincent Lapointe fait aussi tester 14 autres produits, consommés quelques jours avant son test inopiné, dans le même laboratoire agréé par l’AMA.
Le laboratoire de l’AMA n’a trouvé aucune trace de ligandrol dans les 14 produits.
Vincent Lapointe demande aussi que des échantillons des cheveux de son copain soient testés.
12 novembre 2019
L’analyse de l’échantillon des cheveux de son copain révèle la présence de ligandrol entre avril 2019 et octobre 2019.
À la suite de ce résultat, Vincent Lapointe demande qu’un autre produit utilisé par son copain soit analysé.
27 novembre 2019
Le laboratoire de l’AMA rapporte que le supplément consommé par son copain contient une quantité importante de ligandrol.
29 novembre 2019
Un expert informe Vincent Lapointe que la quantité de ligandrol retrouvée dans son système peut provenir d’une transmission de fluides corporels entre elle et son copain.
9 décembre 2019
Audience de Vincent Lapointe à Lausanne devant le tribunal arbitral de première instance de l’ICF.
8 janvier 2020
La Fédération internationale de canoë avise Laurence Vincent Lapointe qu’elle ne pourra rendre sa décision dans les 30 jours prévus selon le règlement antidopage de l’ICF et demande un délai supplémentaire.