Un avocat à la tête d'une puissance du hockey
éric Martel
2018-09-13 15:00:00
« En fait, ça ne m’avait simplement jamais traversé l’esprit! », affirme l’avocat de 41 ans au bout du fil à Droit-Inc.
C’est que le principal intéressé, qui est membre du Barreau du Québec ainsi que du Barreau américain, s’imaginait à l’époque dans un stade de baseball, et non un aréna.
Joueur d’arrêt-court lors de son adolescence, BriseBois rêve à une carrière au sein des Expos de Montréal jusqu’au moment d’atteindre le niveau junior élite. Il réalise alors que miser sur les études plutôt que sur le sport semble une perspective plus sage…
Il se tourne donc vers le plan B qu’il concocte depuis l’âge de 10 ans: devenir avocat.
Le sport malgré tout
Il ne tarde pas à se démarquer lors des années qui suivent son admission à l’Université de Montréal. Auteur d’un article portant sur le droit du sport publié dans la Revue juridique Thémis, il tombe dans le viseur du défunt cabinet Heenan Blaikie, qui l’embauche pour compléter son stage du Barreau en 1999.
À l’époque, le cabinet souhaite ouvrir une division de droit du sport à sa pratique, mais BriseBois ne souhaite pas s’y impliquer: lui, c’est en droit fiscal qu’il veut démarrer sa carrière. Mais pourtant… « Il m’a suffi que d’une semaine à l’emploi pour comprendre que mon avenir était dans le droit du sport! »
Heenan Blaikie, qui se spécialisait en arbitrage salarial, comptait parmi sa clientèle une douzaine d’équipes de la LNH, dont le Canadien de Montréal, alors dirigé par Réjean Houle.
Lorsque ce dernier se fait montrer la porte, son successeur, André Savard, cherche à faire l’embauche d’un conseiller juridique pour l’équipe afin de l’aider dans la rédaction de contrats et l’interprétation de la convention collective de la LNH.
Le président de l’organisation, Pierre Boivin, le réfère donc au jeune Julien BriseBois, qu’Heenan Blaikie accepte de « prêter » au Tricolore.
« Me retrouver avec des hommes de hockey comme ça, à l’âge de 23 ans, était assez intimidant au début! Par contre, j’amenais à l’équipe une expertise unique. J’ai vite réalisé que j’étais à ma place. »
Le nouveau membre du Canadien franchit alors les étapes à une vitesse fulgurante. Nommé directeur des affaires légales en 2001, il occupe petit à petit des responsabilités relatives au volet hockey de l’organisation.
En 2006, le nouveau directeur général du Tricolore, Bob Gainey, fait de lui son nouveau vice-président des opérations hockey.
« Les dirigeants du Canadien ont été généreux avec moi. À force de côtoyer des têtes de hockey telles que Martin Madden Jr. au quotidien, je gagnais en expertise. J’étais prêt à m’impliquer à fond dans le volet hockey. »
L’instinct du juriste
Après quatre années au cours desquelles il occupe un poste important dans l’organigramme hockey du CH, BriseBois quitte l’équipe pour le Lightning Tampa Bay, désirant apprendre différentes méthodes de travail au sein d’une nouvelle équipe. Pourtant, le Canadien lui avait proposé diverses offres intéressantes afin de le conserver…
Hasard ou pas, le Lightning se qualifie en séries éliminatoires la saison suivant son embauche, après les avoir ratées lors des trois dernières campagnes.
Aujourd’hui, l’équipe fait partie d’un club sélect aspirant à la Coupe Stanley.
Il faut dire que la situation dans laquelle est plongé Julien BriseBois est assez unique. Généralement, les directeurs généraux sont embauchés lorsque leurs prédécesseurs, limogés, ne font pas le boulot.
Le cas du nouveau DG est différent: il aura à remplir les chaussures d’une des têtes de hockey les plus estimées au monde, Steve Yzerman. Une situation qui ne semble pas l’embêter une seule seconde…
« Steve nous lègue une organisation en santé, disposant d’un des meilleurs personnels d'entraineurs de la Ligue. Je ne ressens pas plus de pression que l’an dernier. »
Sa confiance est compréhensible...
Reconnu comme un génie de la gestion de la masse salariale, BriseBois est l’un des architectes du Lightning ayant réussi à faire cadrer les salaires de vedettes telles que Nikita Kucherov, Steven Stamkos, Victor Hedman et Ryan McDonagh sous le plafond salarial imposé par la LNH.
Son côté juriste y est-il pour quelque chose?
« Il y a certainement des choses que j’ai apprises chez Heinan Bleikie qui me servent encore aujourd’hui, comme ma diligence et mes méthodes de travail. L’instinct de juriste, c’est quelque chose que tu ne perds pas. »
La Coupe Stanley, rien de moins !
Chose certaine, le directeur général ne s’imagine pas mettre à nouveau ses instincts de juriste en pratique dans un cabinet de sitôt. « Ça fait trop longtemps que j’ai fait de la pratique active. Je suis beaucoup trop en retard sur les nouvelles méthodes du milieu! »
À travers ces considérations, les rumeurs qui l’envoyaient remplacer Marc Bergevin chez le Tricolore sont choses du passé et Julien BriseBois ne met l’emphase que sur une chose.
« Remporter la Coupe Stanley ! »
Celui qui a négocié son propre nouveau contrat croit que le Lightning peut accomplir cet exploit dès cette année.
Est-ce vraiment possible, alors que l’équipe n’a pas apporté de changements considérables à son alignement cet été après avoir été vaincue par les Capitals de Washington en finale de l’est?
« Nos joueurs comptent sur année d’expérience de plus et un sentiment de vengeance énorme après leur défaite en séries. On peut y arriver cette année. »
Anonyme
il y a 6 anset la combativité de Big, "Mac", Templeton.
Avec ça, la coupe est possible...
Anonyme
il y a 6 ansPitié... qu’ils viennent à l’aide de ses anciens collègues du barreau du Québec!
Anonyme
il y a 6 ansquel beau parcours et une position plus qu'enviable. Je l'ai déjà rencontré, très terre à terre et sympathique (et vraiment bel homme...!) Pas fan de hockey mais je serais bien heureuse qu'il revienne à Mtl pour le CH! ;)