Pas de meilleur moment pour être avocat!
Mathieu Galarneau
2019-08-26 11:15:00
Il n’y a pas meilleur temps pour être avocat au Québec qu’en ce moment, comme l’indique Me Caroline Haney, de recrutement juridique Haney.
Le milieu juridique n’est pas différent du marché général de l’emploi au Québec. La Presse canadienne rapportait la semaine dernière qu’il y avait pas moins de 116 000 postes vacants dans la province.
« Le milieu des affaires bouge pas mal, ce qui entraîne plus de mandats pour les avocats. Tout le monde est surchargé de travail, en entreprise comme en cabinet », constate pour sa part Me Pierre Arcand, vice-président d’Arcand et Associés.
Comme les entreprises roulent à plein régime, ce sont les avocats spécialisés qui sont en manque un peu partout. Sans surprise, on cherche particulièrement des juristes en droit des affaires.
« La rareté de la ressource fait monter les enchères. Les employés ont le beau jeu jusqu'à un certain point parce que les salaires sont souvent meilleurs que ce qu'ils ont été dans les dernières années » pense Me Dominique Tardif, présidente de ZSA au Québec.
Mais le droit des affaires n’est pas le seul domaine où le manque de main-d’oeuvre qualifiée se fait sentir. Danielle Montpetit, présidente du Groupe Montpetit, pointe aussi le départ à la retraite des baby-boomers qui crée de la demande dans tous les secteurs du droit également.
« Pour tous les postes affichés pour le milieu juridique en général par le Groupe Montpetit, on aurait besoin de 60% plus de candidats tellement on a de mandats à combler », révèle-t-elle.
Une tendance à laquelle Dominique Tardif fait écho. Même si on croit que lorsque l’économie roule, les gens ont tendance « à moins se chicaner », elle voit une hausse de demande en litige. « Mais, encore plus surprenant, on a des postes en faillite et insolvabilité à combler. C'est la pédale dans le tapis partout! »
Les avocats bougent... mais pas tant que ça
Les entreprises et les cabinets s’efforcent de trouver les meilleurs candidats possible. Ils augmentent les conditions salariales, les avantages sociaux… mais n’arrivent pas à combler leurs besoins à tout coup.
C’est que les avocats spécialistes ne souhaitent pas nécessairement bouger.
« Quand t'es dans un emploi stimulant, pourquoi tu bougerais? Ton patron sait qu'il va avoir de la misère à te remplacer, alors il s'arrange pour te garder », raconte Pierre Arcand.
Les employeurs tentent donc d’être aux petits soins avec leurs avocats et s’arrangent pour les garder le plus longtemps possible avec de meilleures conditions. Ce qui n’empêche pas les avocats d’avoir un oeil attentif sur les ouvertures de postes.
« Il y a un buzz en ce moment où les gens se tiennent au courant et ne se gênent pas pour poser des questions pour savoir ce qu'il y a pour eux dans les autres entreprises », confie la recruteuse juridique Stéphanie Frenette-Marier du Groupe Montpetit.
Devant une absence de solution miracle pour combler leurs besoins en personnel, les entreprises et les cabinets se tournent vers le développement avec de jeunes avocats ou des stagiaires qu’ils forment et spécialisent à l’interne.
« Le concept clé en main où l'avocat arrive et est capable de faire la job, c'est utopique dans le marché actuel », pense Pierre Arcand.
Et tout ça, sans garantie que ces nouveaux avocats leur demeureront fidèles pendant un bon bout de temps.
« Marier les différentes générations, c'est le plus gros défi qu'ont les entreprises en ce moment », conclut Danielle Montpetit.