Comptables

L’enfant d’Enron

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Céline Gobert

2012-09-06 14:15:00

Il a fait de la gestion de risques son quotidien. Passe son temps à soutenir les organisations dans leurs plans stratégiques. Collabore avec les avocats à l’interne. Cela ne l’empêche pas d’aimer François Truffaut et de garder le sourire!
C’est dans les nouveaux locaux de RSM Richter Chamberland, situés sur l’Avenue McGill College, qu’arrive un Pascal Théoret tout sourire.

Il est le premier directeur du service en audit interne, gestion des risques et services conseils du cabinet comptable.

Le deuxième boss- entre le Directeur principal et le Directeur- à coordonner une équipe de douze personnes.

« Je suis le premier second ! », lance-t-il en plaisantant.

Pascal Théoret est le premier directeur du service en audit interne, gestion des risques et services conseils
Pascal Théoret est le premier directeur du service en audit interne, gestion des risques et services conseils
Cet enfant de la loi 52-108, qui a suivi le scandale Enron, déclare s’être lancé dans cette voie lors de la première vague de recrutement d’équipe en audits internes.

En effet, lorsqu’en 2004, la loi arrive au Canada, les entreprises en bourse se sont révélées très demandeuses. Une aubaine pour ce passionné.

« Dès le départ, le monde de l’audit interne m’a passionné dans la mesure où l’on a une visibilité sur tout le processus d’affaires et une vision globale de l’organisation, ce qui pour moi est intéressant », confie-t-il à Droit-Inc.

S’il est comptable de formation, son travail aujourd’hui consiste à conseiller les entreprises afin de les aider à réaliser leurs plans stratégiques ; gouvernance, risques et contrôles inclus.

Parmi ses clients : des sociétés d’État, des sociétés de la Couronne, des entreprises listées à la bourse, des compagnies dans le commerce de détail, dans les arts.

Par exemple : Téléfilm Canada qu’il aide à revoir l’attribution des programmes, des subventions, des processus internes et administratifs, à qui il donne des assurances sur la gestion des risques.

Aussi, une société d’État dans le domaine du détail, avec un chiffre d’affaires de 3 milliards de dollars pour qui il a réalisé la revue d’un processus d’approvisionnement, incluant achats via des appels d’offres publiques, et optimisation du processus avec une approche Lean Six Sigma.



Récemment, à la suite du rapport Duchesneau, il a également réalisé la revue des mécanismes anti collusion et anti fraude d’une organisation qui avait un programme d’investissement d’un milliard de dollars sur cinq ans.

« L’efficacité c’est d’arriver à ses objectifs, l’efficience c’est de le faire avec le moins de ressources possibles », explique ce co-auteur d’un récent article intitulé « L’audit interne garant de l’intégrité » que vous pouvez consulter ici.

Et, pour ce faire : deux étapes.

Limiter le gras autour de la viande

1- L’analyse des tâches

« Lorsque l’on veut optimiser un processus, on regarde les tâches qui y sont réalisées et rattachées, explique-t-il, et l’on essaie d’améliorer les outils et de les rendre plus efficients. »

Par exemple, il s’agit de relever les tâches effectuées en double, ou d’identifier les risques rattachés aux axes stratégiques d’une entreprise qui feraient en sorte que ces axes là ne seraient pas réalisés.

Des axes qui englobent des questions aussi variées que la croissance, la pénétration de marché, ou la réduction des lignes d’affaires.

« Il faut limiter le gras autour de la viande », dit-il.

2- Le contrôle des risques

La deuxième étape est simple : il faut s’assurer que ces risques là soient bien contrôlés.

« C’est bien beau de dire : on a tel ou tel mécanisme, il faut se demander : est-ce qu’il fonctionne bien ? Est-ce qu’il est efficace ? Nous, on donne une assurance sur ces mécanismes. »

« L’efficacité c’est d’arriver à ses objectifs, l’efficience c’est de le faire avec le moins de ressources possibles », explique Pascal Théoret
« L’efficacité c’est d’arriver à ses objectifs, l’efficience c’est de le faire avec le moins de ressources possibles », explique Pascal Théoret
Les risques, eux, englobent le contexte économique, les risques de change, l’endettement.

En plus de la crise financière qui a touché les institutions financières de son groupe de façon directe, Pascal Théoret doit faire face à certaines autres difficultés.

Parmi elles : le volet politique.

« Quand on réalise des mandats on émet des recommandations, c’est certain que cela doit affecter le travail de certaines personnes, il faut donc bien les positionner en terme de rédaction par exemple, car cela pourrait avoir des impacts à l’interne. »

Par exemple, dans le cas de la ligne de divulgation d’actes fautifs qu’il est en train de mettre en place, la question était : qui est le propriétaire de la ligne à l’interne ?

« Trois services le voulaient, dit-il, il fallait ramener sur la table l’objectif et les contraintes. »

Avocats à l’interne

Bien sûr, il collabore avec les services juridiques. Mais plutôt avec les avocats du client, qui exercent à l’interne.

« Dans tout ce qu’on touche comme mandats, on doit s’assurer de la conformité des lois, des règlements ou des politiques internes, donc à tout moment on doit collaborer avec les services juridiques. »

Par exemple, s’il doit revoir les clauses des contrats majeurs de construction ou faire la revue des clauses contractuelles, il travaille en collaboration avec les avocats.

Soit pour ajuster ou amender une clause, soit pour en ajouter une afin que l’organisation soit mieux protégée.

« Il nous est nécessaire d’avoir leur interprétation de la loi, afin de nous assurer qu’elle est bien appliquée », explique celui qui travaille environ 55 heures par semaine.

Un conseiller en stratégie, qui applique d’ailleurs lui-même ses propres stratégies pour équilibrer sa vie de travail et sa vie de famille.

« Je me suis rendu compte qu’il faut avoir une vision globale de la chose, voir les 24 heures de façon globale, pas se limiter au 8heures- 5heures. »

Voilà qui lui laisse le temps nécessaire pour s’occuper de son petit garçon de cinq ans, profiter de la nature, et même… revoir quelques films comme Kill Bill de Tarantino ou Farenheit 451 de François Truffaut...
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