Droit-inc à Toronto
Céline Gobert
2012-03-26 10:15:00
À l’instar de Me Jason Caron, par exemple, qui a travaillé neuf ans chez Heenan Blaikie, avant de se lancer, il y a presque deux ans, en entreprise, dans une société de produits de santé, Covidien.
Selon lui, occuper la direction des affaires juridiques de cette entreprise a insufflé de la profondeur à sa pratique du droit. C’est autre chose que dans un cabinet.
« Je suis très heureux, je ne compte pas mes heures… Chez Heenan, qui reste dans mon cœur, la pratique du droit est considéré comme un business. Ici, le business c’est l’industrie médicale et le droit est un outil, mais pas les affaires en soi », confie-t-il.
Un aspect qui, selon lui, modifie en profondeur sa pratique tant sur le plan des responsabilités que de la diversité des tâches.
Même constat pour Me Éric Lister, d’AG Growth International, entreprise basée à Winnipeg, qui confie pouvoir lui-même « faire ses propres règles ».
Lorsque la crise économique éclate en 2008, il réalise qu’il ne se voit plus travailler en cabinet pour le restant de sa carrière. Au final, il a gagné liberté et humanisme.
« Je viens au bureau en jeans, confie-t-il, si je viens en costume cravate, mes collègues me diraient 'mais qui est mort aujourd’hui ?' »
Le rapport avec le client est également très différent, souvent le « deal » est la dernière chose dont on parle. L’aspect humain et relationnel est davantage pris en compte.
« On prend des nouvelles des épouses et des enfants », dit-il.
Un constat que fait également Me Ed Kroeger de Wawanesa à Winnipeg, qui ne retournerait en arrière pour rien au monde. Il a fait le grand saut à 40 ans, pour se rapprocher du client.
« On se construit un savoir, il n’est pas question que de transactions. Avec de plus petits clients, on en apprend beaucoup plus sur leur business. D’ailleurs, le 'deal' en soi ne m’a jamais vraiment excité. »
Un sentiment que partage Me Caron.
« Lorsque l’on m’annonçait un deal avec Fasken ou Stikeman, je savais que c’était une semaine de travail acharné qui s’annonçait, je ne désirais plus cela. »
Tous les trois, au début de leur pratique en entreprise, des « baby counsels » comme le dit Me Lister en plaisantant, s’apprêtent à assister aux multiples conférences des deux prochains jours.
Au programme notamment de cette première journée: la séance plénière d’ouverture, très attendue, autour du thème "Gérer vos cinq premières années : concepts essentiels à votre réussite à l’interne" ou encore, demain, une discussion autour de l’éthique pour les avocats internes.