Des juristes francophones réunis lors d’un congrès historique
Radio-canada Et Cbc
2024-06-03 12:00:15
Un congrès historique met en lumière les défis et les avancées en matière d’accès à la justice dans les deux langues officielles…
Le premier congrès conjoint de l'Association des juristes d'expression française de l'Ontario (AJEFO) et de l'Association des juristes d'expression française de l'Alberta (AJEFA) se déroule ce week-end à Canmore, en Alberta.
Le sommet réunit des figures clés du système judiciaire, telles que des juristes, des juges, des avocats et des étudiants en droit.
C’est une occasion unique de renforcer leurs liens et de partager leurs expériences, selon Me Elsy Gagné, présidente de l'AJEFA. « En travaillant ensemble, nous pouvons mieux comprendre et surmonter les obstacles auxquels nous sommes confrontés x, confie-t-elle.
Une présence inspirante
L’honorable Anna Loparco, juge à la Cour du banc du Roi de l’Alberta, est invitée comme maîtresse de cérémonie du congrès.« C'est un grand honneur d'être ici, confie-t-elle ».
En tant que présidente du comité français de la Cour du banc du Roi de l'Alberta, elle travaille pour améliorer l'accès à la justice en français depuis 2020. « Notre cour a fait des efforts considérables pour améliorer l'accès à la justice en français », estime-t-elle.
Le parcours de la juge Loparco, d'origine italienne et francophile passionnée, est un exemple inspirant pour de nombreux juristes. Ses expériences personnelles et professionnelles l'ont sensibilisée aux enjeux linguistiques.
« Je comprends l'importance des droits linguistiques pour les justiciables », mentionne l’honorable Anna Loparco.
Davantage d'affaires en français
Les participants échangent autour des types d'affaires traitées en français. « Nous observons une augmentation des affaires en français, notamment en droit pénal et en droit de la famille. Nous devons être prêts comme institution à accueillir et à traiter ces demandes », confie la juge Loparco.
D’ailleurs, la présidente de l’AJEFO, Me Vicky M. Ringuette, rappelle qu’il est crucial que les justiciables puissent se présenter dans la langue officielle de leur choix. « Cela renforce la confiance dans le système judiciaire et assure une meilleure compréhension des procédures », assure-t-elle.
Les défis et les enjeux de l'accès à la justice en français sont similaires en Alberta et en Ontario selon les deux présidentes.
Pour Me Vicky M. Ringuette, la diversité linguistique est un atout pour le système judiciaire. « Avoir des juges bilingues est essentiel pour garantir une justice équitable », affirme-t-elle.
Les justiciables doivent pouvoir s'exprimer dans la langue dans laquelle ils sont le plus à l'aise.
« Les justiciables doivent pouvoir s'exprimer dans la langue dans laquelle ils sont le plus à l'aise », ajoute Elsy Gagné, présidente de l’AJEFA.
Former la nouvelle génération
Le rôle des jeunes juristes est également crucial pour l'avenir de la justice en français. « Il faut encourager les jeunes juristes à s'engager dans la défense des droits linguistiques car ils sont les futurs défenseurs de la justice en français », insiste la juge Loparco.
Pour encourager encore davantage la participation des jeunes étudiants, des initiatives ont été mises en place pour les accueillir au congrès. « On a facilité leur partenariat avec nous cette année pour augmenter leur présence », précise Me Elsy Gagné.
Cette interaction directe avec des professionnels en exercice offre aux étudiants une expérience pratique précieuse et peut les motiver à poursuivre une carrière dans le droit francophone. « À cet âge-là, on aime bien rencontrer des juges, on aime bien les toucher, leur parler, dire “voilà, vous me connaissez“», ajoute-t-elle.
Caroline Magnan, professeure de droit, joue un rôle central dans la promotion de la justice en français, en contribuant à la création d'un certificat destiné aux étudiants en droit de diverses universités, incluant l'Université de l'Alberta et l'Université d'Ottawa.
Ce programme innovant attire de plus en plus d'étudiants, dont beaucoup ne sont pas des francophones de naissance. En offrant une année de formation en droit en français, le programme aide ces étudiants à acquérir le langage spécialisé nécessaire pour pratiquer efficacement le droit dans les deux langues officielles du Canada.
Revendiquer ses droits
Un des aspects fondamentaux de la promotion des droits linguistiques est l'éducation du public, y compris celle des anglophones, selon Me Vicky M. Ringuette.
« Il est crucial de revendiquer ces droits, car ne pas le faire peut entraîner leur perte», ajoute-t-elle.
« Il faut vraiment que les gens aient le courage de demander des services juridiques en français, même si cela peut causer des délais », insiste-t-elle. Cette exigence ne devrait pas être vue comme un obstacle, mais comme une affirmation de droits essentiels, selon elle.
Avec des figures inspirantes comme la juge Loparco et des initiatives comme ce congrès conjoint, les deux présidentes pensent que l'avenir de la justice en français au Canada est prometteur.
En continuant à promouvoir les droits linguistiques et à renforcer la formation et la collaboration, les juristes francophones contribuent à un système judiciaire plus juste et plus équitable pour tous, selon elles.