Eau contaminée à Shannon : ça va être long!
Agence Qmi
2011-01-11 10:15:00
Marie-Paule Spieser, qui a elle-même connu des problèmes de santé, fait partie des personnes à l'origine du recours collectif. Lundi matin, elle se disait un peu anxieuse, mais confiante.
« C'est l'aboutissement de 10 ans de travail. [...] On va enfin pouvoir révéler tout ce qu'on sait, révéler l'inaction des gouvernements et reconnaître les victimes. »
Le TCE était utilisé sur la base de Valcartier et dans une usine de munitions située près de la base et de leurs résidences. L'usine a d'abord été exploitée par une société d'État fédérale, les Arsenaux canadiens, puis, revendue à quelques reprises. Elle est présentement propriété de la Société américaine General Dynamics.
Le produit s'est donc retrouvé dans la nappe phréatique, puis il a migré dans l'eau des puits de surface des résidants de Shannon. Cela a d'ailleurs amené Ottawa à défrayer entièrement les coûts d'implantation d'un nouveau réseau d'aqueduc à Shannon : une facture de 35 millions $.
Les requérants reprochent maintenant aux propriétaires de l'usine et aux autorités militaires de n'avoir rien fait pour disposer du TCE de façon sécuritaire. Ils ne relèvent pas moins de 500 cas de cancer et 200 décès potentiellement reliés à la présence du TCE, à Shannon, au cours des 50 dernières années.
Les réclamations du Regroupement des résidants de Shannon pourraient atteindre les 200 millions $, au seul titre des dommages exemplaires, selon Jean Saint-Onge (photo), de Lavery, avocat des codéfendeurs. Les demandeurs réclament des dédommagements pour sept catégories de dommages : corporels, moraux, matériels, troubles et inconvénients, atteinte à l’intégrité de la personne, atteinte à l’environnement et dommages exemplaires.
« Ce sont des citoyens qui se considèrent victimes de leur propre gouvernement. Un grand nombre d’entre eux ne peuvent être ici ce matin parce qu’ils ne sont plus de ce monde », a déclaré Charles Veilleux, avocat principal des demandeurs, dans son exposé d’ouverture.
Sans fondement, dit Ottawa
Les procureurs du gouvernement fédéral leur répondent que la cause des citoyens n'est fondée ni au plan scientifique ni sur les faits. Les seuls cancers pour lesquels un lien avec le TCE a été établi, disent-ils, sont ceux du rein et du foie. Et les niveaux d'exposition des citoyens de Shannon n'étaient pas assez élevés pour les provoquer.
Toujours selon Ottawa, il faut chercher ailleurs les causes des cancers qui ont frappé des résidants de Shannon.
Le procès s'annonce long – il devrait durer jusqu'à la fin-juin – et il est déjà prévu que pas moins de 120 témoins y seront entendus, dont 23 témoins-experts, certains venus d'autres pays, qui seront entendus avant les autres.