Tempête en vue sur les finances des cabinets
Didier Bert
2022-08-11 13:15:00
Cet indice créé en 2006 avait chuté à 40 points durant la crise financière de 2008-2009. Il vient de tomber à 36 au deuxième trimestre 2022, après avoir chuté de 10 points par rapport au trimestre précédent.
C’est que la baisse de la demande de services juridiques, combinée à la hausse des rémunérations et à celle des frais généraux, fait souffler des vents contraires depuis le début de l’année, pointe Reuters.
Pourtant, il y a tout juste un an, cet indice atteignait un autre record, mais un sommet cette fois - plus de 80 points -, grâce à la flambée de la demande de services juridiques, de la part des entreprises. Mais depuis, l’indice n’a cessé de chuter, au point d’être tombé à son plus bas.
Les cabinets d’avocats ne ressentent pas encore ces difficultés, souligne Reuters. En effet, ils ont réussi à maintenir leurs bénéfices en relevant leurs tarifs. Mais cela ne pourra pas durer.
L’alignement des facteurs négatifs est bien réel. La demande de services juridiques est en baisse: celle formulée par les entreprises a déjà reculé de 1 % en un an. Le retrait est même de 5 % dans le domaine des fusions et acquisitions.
Et la productivité montre, elle aussi, des signes d’essoufflement. Elle vient de reculer de 4 % au cours de l’année écoulée.
Les coûts explosent
Lorsque les revenus reculent, on pourrait imaginer conserver des bénéfices en maîtrisant les coûts. Mais la réalité est toute autre. Les dépenses des cabinets continuent d’augmenter: les rémunérations des avocats ont flambé, avec une augmentation de 12 % au deuxième trimestre de 2022 comparativement à la même période un an plus tôt. Les salaires débutent à un niveau toujours plus élevé, et les primes de fidélisation se sont multipliées.
Quant aux frais généraux, le retour au bureau accélère leur hausse: les dépenses de bureau viennent de connaître une flambée de 40 % en un an. Dans le nouveau contexte de forte inflation, toute dépense se trouve alourdie.
En matière immobilière, les cabinets semblent même avoir repris leurs habitudes d’avant la pandémie: deux transactions de crédit bail sur trois concernent des déménagements de cabinets, plutôt que des renouvellements. Après être tombé à 30 % en 2020, c’est la première fois que ce taux retrouve son niveau de 2018. Cela semble montrer que les cabinets commencent à se projeter à long terme sur la configuration de leurs bureaux pour intégrer définitivement le travail hybride.
Mais là encore, les cabinets ne ressentent pas encore cette dégradation dans leur situation financière. Une preuve en est qu’ils continuent d’investir lourdement dans leurs outils technologiques. Les dépenses en technologie viennent d’augmenter à un rythme record depuis dix ans. C’est aussi un signe qu’ils ont le regard tourné vers le long terme.
Les prochains mois seront déterminants pour savoir si la santé financière des cabinets se détériorera brutalement… ou si la demande parviendra à se reprendre jusqu’à sauver les cabinets d’une sérieuse crise.