Une famille lance un recours collectif contre Ottawa
Radio-canada Et Cbc
2024-03-14 10:30:56
Une demande d’action collective a été intentée contre Ottawa et les pensionnats autochtones…
Une famille saskatchewanaise lance un recours collectif contre le gouvernement fédéral dans le but d’obtenir des dommages et intérêts pour les traumatismes intergénérationnels causés par les pensionnats sur les enfants autochtones, notamment leur fils adoptif.
Ce dernier, Matthew Brandon, avait 6 ans lorsqu'il est entré dans la vie de Chris et Shannon Gardiner. L'enfant avait des besoins complexes : il ne parlait pas et avait déjà été déplacé à maintes reprises dans le système de placement familial.
L’avocat représentant la famille est Me E.F. Anthony Merchant du cabinet Merchant Law Group.
Selon M. Gardiner, Matthew Brandon est atteint d'une déficience intellectuelle, d'une infirmité motrice cérébrale ainsi que d'autres troubles médicaux, ce qui le rend incapable de subvenir à ses propres besoins.
La famille Gardiner note qu'elle n'a pas été informée de l'état de santé de Matthew Brandon à son arrivée.
« Ma femme et moi n'avions aucune formation dans ce domaine. Nous n'étions même pas des parents d'accueil agréés », se remémore Chris Gardiner, qui s'occupe toujours de Matthew Brandon.
« Nous avons élevé un enfant autiste. (...) Nous avons assisté à d'innombrables réunions sur l'autisme, avant de découvrir, en 2012, après que les psychologues ont jeté un coup d'œil au dossier des services sociaux, qu'il avait en fait subi une lésion cérébrale », ajoute-t-il.
Entre les années 1870 et la fin des années 1990, plus de 150 000 enfants des Premières Nations, des Métis et des Inuit ont été contraints de fréquenter des pensionnats pour Autochtones administrés par l'Église et financés par le gouvernement fédéral.
Dans la demande d'action collective soumise le 28 février, la famille Gardiner soutient que les maltraitances subies par les parents biologiques de Matthew Brandon pendant leur scolarité au pensionnat pour Autochtones ont directement influé sur la manière dont ils ont élevé leurs enfants.Selon les documents déposés par le cabinet d'avocats Merchant Law Group, le père de Matthew Brandon, aujourd'hui décédé, aurait été soumis à des actes de « discipline violente » pendant son séjour au pensionnat, qu'il aurait ensuite reproduits sur Matthew, ce qui entraîné une blessure grave pour l'enfant et des séquelles permanentes.
Tout le monde au sein de la communauté autochtone, et en particulier les dirigeants, a parlé de l'impact intergénérationnel des pensionnats et en est conscient, note l’avocat Tony Merchant.
Il rappelle qu'une action collective intentée par les survivants des pensionnats pour Autochtones a été résolue et que ces derniers ont été compensés dans le cadre d’un accord de 2006, intitulé Convention de règlement relative aux pensionnats indiens.
La prochaine étape du recours collectif proposé est sa certification. M. Merchant précise que son cabinet d'avocats recueille les témoignages individuels de personnes touchées par les traumatismes intergénérationnels.
Chris Gardiner est persuadé que les traumatismes intergénérationnels engendrés par les pensionnats pour Autochtones sont la principale source des souffrances de Matthew Brandon. Par le biais de ce recours collectif, il espère également sensibiliser le public sur ce sujet.
« Ce n'est pas seulement un mal qui a touché un petit groupe de personnes », déplore Chris Gardiner. « Il s'agit en fait d'un traumatisme intergénérationnel qui a causé des calamités et des dommages à des générations d'Autochtones dans ce pays ».
Le ministère de la Justice du Canada n'avait pas répondu à la demande d'interview de CBC au moment de la publication de cet article.