'“Sex, law and the city”
Céline Gobert
2012-04-05 15:00:00
Il se décrit lui-même comme un étudiant moyen, aux résultats académiques corrects mais peu impressionnants. Il n’obtiendra aucune offre de stage.
Pourtant, il postule partout : au gouvernement, dans les cabinets de taille moyenne, les grands bureaux, au Ministère de la justice fédérale...
Il confie même que Fasken était l’un de ses favoris mais que rien n’est jamais venu. Conséquence : il n’exerce pas au Québec.
"Je n’étais pas un étudiant modèle, je n’avais aucun contact, aucun avocat dans la famille", explique-t-il.
Au final, un concours de circonstances heureux le mène jusqu’à New-York, en plein rêve américain.
"Je me suis tout simplement trouvé au bon endroit, au bon moment."
Salaire mensuel entre 6000$ et 10 000 $, appartement dans Manhattan, job sur la Cinquième avenue, une pratique qui se partage entre le droit corporatif, l’immigration et droit de la mode. Sa vie, dit-il, ressemble à "Sex and the city".
Une véritable plongée dans "un autre monde" pour cet avocat qui a d’abord quitté le Québec pour un stage à Paris.
Débuts
Tout commence alors qu’il se trouve chez Lette, Lette & Associés. Il reçoit, en 2009, une offre de stage à Paris chez Alérion où sa pratique se concentre sur le droit des affaires, et le département asiatique.
Selon lui, la France est pleine d’opportunités pour les avocats québécois.
"Les Québécois ont de nombreux atouts : une culture juridique anglophone, le bilinguisme. On pense différemment, on emprunte d’autres chemins, on se montre créatifs", dit-il.
Il y passe deux années académiques. Il y collabore avec Singapour, la Chine. Part même vivre à Shanghaï quelques mois.
"30 heures par semaine, je suivais des cours de mandarin. A côté je rédigeais mon mémoire sur l’ouverture économique de la Chine. C’est clair qu’il est bien plus intéressant d’exercer à Hong Kong ou New York."
Salaire plus élevé, dossiers plus gros, l’avocat est "au centre de tout ce qui se passe", selon lui.
En juillet 2011, il prête serment au Barreau de New-York.
Hasard ou destin, il recroise un avocat américain qu’il a connu dans le passé, et qui pratique alors avec des clients français chez Philips Nizer.
Ils discutent, le cabinet le rappelle le jour même pour lui faire l’offre de sa vie.
NYC
Il y pratique depuis dans divers domaines : le droit de la mode ( "fashion law") où personnels, cadres et mannequins font appel à lui, avec volet immigration d’un côté (les procédures pour la famille, les enfants) et volet distribution de l’autre (étiquetage produit import États-Unis, ouverture de magasins…).
"New York, c’est LA ville, l’une des trois capitales financières avec Londres et Tokyo. A Paris l’avancement n’est pas le même qu’à New-York, l’offre est venue sur un plateau d’argent", confie celui qui passait alors le plus clair de son temps à effectuer des traductions pour quelques 1000 euros par mois.
En Août 2011, et à 24 ans, il débarque donc à New-York. Selon lui, même s’il avait le potentiel de contribuer à son propre pays, et qu’on ne lui a pas donné sa chance, il n’est pas pour autant rancunier.
"Je ne ressens pas de sentiment de vengeance ni de haine. C’est plutôt de la fierté."
Au contraire, il se sent même reconnaissant envers ceux qui n’ont peut-être pas voulu de lui. Car cela a contribué à le rendre plus fort, à le faire avancer.
Faut dire que Me Khoury ne recule devant aucun défi. Par exemple, il ne parle pas moins de sept langues : français, italien, anglais, mandarin, arabe, espagnol, et un peu d’allemand.
Devant tant de succès, beaucoup lui demandent comment faire, et quelle est sa recette du succès. Car là où même les diplômés de Yale ou d’Harvard ont du mal à décrocher un emploi, l’avocat s’est imposé.
Ce qui a fait la différence, selon lui, ce sont ses capacités linguistiques et, aussi, son ouverture vers l’extérieur.
"Essayez d’être le plus international possible, ou participez à des compétitions entre universités comme le tribunal école ou la simulation des Nations Unies", conseille l’avocat d’origine libanaise, lui-même très impliqué, au sein de la Chambre de commerce de France, l’Association des Banquiers Chinois, ou l’Association de l’immobilier chinois aux États-Unis.
Glamour la vie à la Sex and the city ? Oui, mais.
Pour garder la tête froide, et alors que la moitié de son salaire passe dans son appartement new-yorkais, il conseille d’avoir recours à un planificateur financier.
En moyenne, ce sont 45 heures facturables par semaine. Le double, en réalité. Pas de tout repos donc.
Enfin, se faire des amis… peut se révéler plus différent qu’ailleurs...
"Ici, tout est toujours orienté vers l’ambition. Lorsque je rencontre un ami je me demande : qu’est-ce que je peux faire avec ? Est-il un client potentiel ? Un futur associé ?"
Pour autant, cela ne lui déplaît en rien.
Ses prochains défis ? Se concentrer sur l’Asie, continuer à développer sa clientèle chinoise, apprendre le portugais pour s’ouvrir au Brésil.
"C’est l’éternelle insatisfaction de soi qui permet de progresser, dit-il, il faut toujours vouloir plus."