Demandes d’asile : les avocats au bout du rouleau
Delphine Jung
2017-11-24 11:15:00
Rappelons que depuis février, la Commission de l'immigration et du statut de réfugié a reçu près de 15 000 demandes de la part de personnes entrées de façon irrégulière aux frontières entre le Canada et les États-Unis. Cela n’inclut pas les autres demandeurs, entrés au pays par avion, notamment.
300 à 600 $ par dossier
Comme la trentaine d’avocats québécois qui prennent en charge les demandeurs d’asile, elle est débordée. « Ils travaillent entre 70 et 90 heures par semaine », appuie Me Jean-Sébastien Boudreault, président de l’Association québécoise des avocats et avocates en droit de l’immigration.
Et tous ces efforts pour quoi ? « Entre 300 à 600 $ par dossier qui prend environ 20h de travail »… affirme Me Boudreault.
Sur le terrain, la situation devient intenable pour les avocats qui sont débordés. « En octobre particulièrement, j’étais épuisée, je n’avais presque pas le temps de dormir », dit Me Ianniciello, qui fait du refuge depuis 16 ans, principalement pour des Érythréens et des Vénézuéliens. « Avoir un meilleur salaire, c’est sûr que ça aiderait, même si c’est 2000 $. Comme on n’est pas bien payé, on doit prendre plus de dossiers pour rentrer dans nos frais et joindre les deux bouts, c’est un cercle vicieux et ça peut être décourageant. »
Elle doit par exemple débourser des frais pour payer des interprètes.
L’avocate tient le coup par amour pour son travail. « Lorsque je vois un sourire sur le visage de mes clients, qu’ils sont heureux, qu’ils me ramènent une boîte de biscuits pour me remercier, ça n’a pas de prix. Je suis heureuse de faire une différence dans leur vie », dit-elle.
Des demandes qui sont restées lettre morte
Le président, appuyé par le bâtonnier du Québec, Me Paul-Matthieu Grondin, réclame plus de moyens auprès du ministère de la Justice. « Cela fait plusieurs années qu’il y a de moins en moins d’avocats qui prennent ces dossiers de l’aide juridique, car ce n’est pas bien payé. On peine à intéresser les jeunes avocats. Ils préfèrent se diriger en droit de l’immigration économique », précise Me Boudreault qui assure que cela fait 4 ans que son association demande plus de moyens financiers.
Que lui répond-on ? « Pas grand-chose… on nous donne des grenailles à droite et à gauche, pour les frais de photocopies », déplore-t-il.
Me Boudreault demande également plus de commissaires à la Commission de l'immigration et du statut de réfugié (CISR), qui doit traiter 27 000 dossiers déposés en six mois seulement. C'est une augmentation importante lorsqu’on sait que le niveau s'était maintenu entre 15 000 et 20 000 demandes.
« Le tarif d’aide juridique fait actuellement l’objet de négociations entre le Barreau et le MJQ. En conséquence, nous ne commenterons pas cette question sur la place publique », répond le ministère de la Justice.
Avocat
il y a 7 ansIls ont seulement à refuser les mandats.
Sedia Stercoraria
il y a 7 ansN'oublions pas que c'est le Barreau du Québec qui a négocié l'actuel tarif de l'aide juridique...
Ewa
il y a 7 ansJe quitte le quebec définitivement pour cette raison car on ne respecte pas les avocats et on est payé moins que le salaire minimum bonne chance à ceux qui restent !