Les secrets des juges à la télé
Delphine Jung
2018-02-02 14:25:00
« Le tournage a commencé cette semaine. Nous allons tourner avec des juges, des procureurs de la Couronne, des greffiers, des avocats, des constables… et les suivre dans leur quotidien », explique Yves Thériault, producteur au contenu et scénariste. Il travaille également sur le projet avec Marie Brissette, productrice.
L’équipe a réussi à obtenir un accès « inédit » et « privilégié » à des endroits généralement interdits d’accès du palais, comme les blocs cellulaires qui permettent aux détenus de patienter avant leur comparution.
Les démarches pour obtenir ces autorisations ont débuté en septembre 2016 raconte M. Thériault. Si les négociations ont été moins dures que ce à quoi il s’attendait, il fallait tout de même développer une relation de confiance solide avec la magistrature et lui expliquer ce qu’elle avait à y gagner.
Revamper l’image de la justice
Ses premiers interlocuteurs étaient le juge Robert Pidgeon juge en chef associé de la Cour supérieure du Québec et Lucie Rondeau, juge en chef de la Cour du Québec. « On a senti une grande ouverture de leur part pour rendre la justice plus transparente, démocratiser le système judiciaire, faire en sorte que les gens comprennent mieux les enjeux », explique M.Thériault.
La Cour supérieure, la Cour du Québec, le ministère de la Justice, celui de la Sécurité publique, le DPCP ou encore le DPJ… Ils ont tous dû donner leur aval.
Pour les convaincre, le producteur leur a parlé de la mauvaise réputation du système judiciaire, des « niaiseries » que disent certains juges et qui sont rapportées dans les médias, ou encore de l’arrêt Jordan qui n’est pas venu arranger les choses.
Certaines ententes ont également été négociées pour s’assurer que ce qui sera diffusé ne va pas nuire à l’administration de la justice.
Le producteur pouvait compter sur son expérience pour convaincre de son sérieux. Il a déjà tourné à la prison de Bordeaux, a été le concepteur de l’émission L’Arbitre, qui met en vedette Anne-France Goldwater, et a écrit un essai remarqué, dans les années 2000, sur les failles du système de libérations conditionnelles, Tout le monde dehors!
Malgré ce pedigree, « il faut s’attendre à ce que ce genre de demandes prenne du temps », dit M. Thériault.
« On voulait montrer à l’écran des gens qui sont en mode solution, qui veulent redorer le blason de la justice », ajoute-t-il. Pour y parvenir, l’équipe de tournage de KOTV qui sera composée de quatre personnes devra se faire discrète, se fondre dans le décor. « Dans certaines circonstances, il y aura juste une caméra robotisée », précise le producteur.
C’est au palais de justice de Québec et non de Montréal que le tournage va se dérouler, notamment parce que « l’éclairage est meilleur et parce qu’on est plus proche des décideurs », ajoute Yves Thériault qui est convaincu que le palais de justice de Québec va lui offrir « une mine de sujets ».
Sahalor
il y a 6 ansAvec tous les égards dus à nos juges en chef, voilà ce qui m’apparait comme un exemple typique d’une fausse bonne idée.
D’abord, voyons la prémisse. Le système de justice a mauvaise réputation, certains juges disent des « niaiseries », il faut démocratiser la justice, etc. Démocratiser. Combien de fois n’entend-on pas cette expression, alors qu’en réalité on veut dire « banaliser ».
Le public va mieux comprendre? Laissez-moi rire. Il y a eu au Québec, il y a de cela plusieurs années, une série qui avait pour but de montrer à l’écran la réalité d’une salle de Cour. Il s’agit évidemment de « La Cour en direct » qui jouait sur Radio-Québec. Une série sérieuse, avec un juge digne et des commentaires pertinents livrés par une avocate d’expérience pour bien éduquer les téléspectateurs. Sur le fond, c’était impeccable. Mais c’était plate!!!!!
Parce que, avouons-le, la réalité de la pratique du droit, c’est que c’est tout, sauf un spectacle. C’est technique, souvent lent, avec des références à de long et fastidieux documents et à un corpus législatif et judiciaire non moins long et fastidieux. C’est ça vous croyez que recherche les producteurs.
Parlons-en de ces producteurs. Quelles sont leurs références pour nous convaincre du sérieux de leur démarche? Ils produisent le show de Me Goldwater! HAH! S’il y a un show qui donne du monde juridique québécois l’image d’un cirque, c’est bien L’arbitre. Et peut-être ne faut-il pas être trop dur envers Me Goldwater, car enfin de compte n’est-ce pas ce que recherchent les producteurs? Un contenu sensationnaliste qui provoque des émotions chez les téléspectateurs.
Vous voulez vraiment placer de VRAIS JUGES dans de VRAIS PROCÈS dans des situations où ils doivent faire les intéressants pour la TV? Attention, car certains pourraient bien céder à la tentation, et je ne parle même pas des plaideurs qui nous ressortiront les effets de toges et les tirades à l’emporte-pièce!
Et vous appelez cela « revamper » l’image de la justice.
Vous voulez vraiment rendre à la justice sa dignité? Vous voulez faire en sorte qu’on cesse de dire des « niaiseries » dans les salles de Cour? Alors, pourquoi ne pas simplement mettre fin à cette triste face que constitue le débat constitutionnel concocté de toutes pièces par la Cour supérieure en s’attaquant à la compétence de la Cour du Québec et dont certains membres très haut placés se sont fait les champions. Et employer plutôt les ressources des deux Cours à faire avancer avec plus de célérité les causes des justiciables. Cela vaudra beaucoup mieux que d’aller faire tourner des ballons sur son nez.