Comment comprendre les juges

1 - Le juge silencieux

« Un juge qui garde le silence est celui qui offre le plus grand défi aux avocats », rapporte l'associée de Torys à Toronto, Wendy Matheson, dans le Canadian Lawyer Mag.

Ce juge-là, mutique, ne souligne pas un élément important de votre plaidoirie, ne prend pas de notes pendant une partie de votre argumentaire, ne lâche pas un mot.

Autant dire que pour vous, impossible de guetter le moindre signe (dés)approbateur. Déstabilisant.

La bonne réponse, dans ce premier cas, est de disposer de solides arguments, et de s’être efficacement préparé au préalable. Vous-même, ne gardez pas le silence.

Au contraire, demandez au juge ce qu’il pense de tel ou tel point, s’il a besoin de plus détails sur un aspect particulier, etc. Restez actif, mais ne le devancez jamais.


2 – Le juge inquisiteur

A l’inverse, il y a le juge qui vous interrompt sans cesse.

« Maître, que pensez-vous de telle décision de la Cour dans telle affaire ? Maître, quel impact cela a-t-il sur notre cas? » Etc.

Ce juge-ci vous bombarde de questions, vous parle de cas dont vous n’avez jamais entendu parler avant, vous empêche, en gros, de suivre le plan que vous aviez prévu de suivre.

Donc, la bonne réponse est de répondre immédiatement à la question posée. Ne restez pas collé à vos notes.

Vous ne dites pas : « Votre Honneur, puis-je me pencher là-dessus pendant la pause et y revenir plus tard ? », mais plutôt : « Votre Honneur, j’ai effectivement prévu d’aborder ce point-ci un peu plus tard ». Et, un peu plus tard (mais pas trop), vous y venez.


3 – Le juge en colère

Lui, il vous apparaît comme agressif et insistant. Mais, vous pouvez vous tromper : un interrogatoire musclé ne signifie pas que le juge est contre vous.

Parfois, malgré les apparences, l’interrogatoire peut favoriser votre client.

Mais si, malgré tout, le juge en colère se révèle être vraiment contre vous, ne faites aucun compromis. Montrez-vous courtois, mais ferme.

Certains jeunes avocats pourraient être enclins à faire des concessions sur certains points, surtout lorsqu’ils sont mis en danger. Erreur ! Montrez-vous persuasif, et déterminé.


4 – Le juge qui va droit au but

Lui, il n’a pas de temps à perdre. Alors que vous, avocats, vous rêvez de pouvoir le convaincre, lui, a déjà certainement un avis tranché sur la question !

Il ne faut pas l’oublier : son expérience et son expertise lui offrent un cadre de référence, pour chacun des cas qui se présente à lui.

La bonne réponse, ici, est de rester à l’écoute des signes. Posez des questions pour distinguer ce que le juge sait déjà de ce qu’il ignore.

Orientez votre plaidoirie dans ce sens, en n’oubliant pas de demeurer sans cesse en interaction avec lui.

Et, de toute façon, rappelez-vous que quel que soit le type de juges auquel vous ayez affaire : ce dernier doit et aura toujours … le dernier mot !