Déboires des avocats : la faute des seniors?

Julien Vailles
2016-06-06 14:15:00

Selon lui, les jeunes avocats ont fait tout ce qu'on exigeait d'eux, ont travaillé fort pour obtenir de bonnes notes, ont réussi leur Barreau, ont trouvé un stage et à présent, la belle carrière à laquelle on les faisait rêver s'avère n'être que du vent. Ils croulent sous les dettes, peinent à trouver un emploi et doivent souvent faire du bénévolat pour espérer en décrocher un. La profession a failli à cet égard, conclut-t-il sans détours.
Me Garcia ajoute que les avocats seniors, pour leur part, ont plus facilement accédé au programme de droit, ont payé moins cher, et il y avait davantage de postes disponibles à la fin de leurs études. Selon lui, ce sont ces avocats avec plusieurs années d'expérience qui ont manqué à leurs obligations de soutien et de formation envers la nouvelle génération.
Même si son objectif n'est pas de décourager quiconque d'entamer des études en droit, Me Garcia prévient que l'image souvent dorée qu'on se fait des avocats - principalement dans les films et séries américains - n'est pas fidèle à la réalité. Plus particulièrement, il déplore que les avocats membres d'une minorité visible ou ceux formés à l'étranger sont souvent laissés pour compte.
Pistes de solution
Entre autres, Me Garcia suggère de revoir la manière de faire des stages. Dans un premier temps, il envisage de supprimer les stages, qui constituent d'après lui un obstacle à l'embauche du fait du placement difficile.
Dans une deuxième optique, si l’on considère qu'il faut conserver les stages, il amène l'idée de remplacer une année d'université par une année de stage obligatoire. Il ressasse également l'idée d'alléger le fardeau financier des étudiants en réduisant les coûts universitaires.
Conseils aux jeunes
Quant aux jeunes avocats, Me Garcia les exhorte à ne pas désespérer. La clé du succès, argue-t-il, est de réseauter sans relâche. Il rappelle également que le stage étant pour l'instant obligatoire, il peut être opportun, pour un diplômé qui n'affectionne pas la pratique en cabinet, d'y accomplir son stage malgré tout, ce qui peut lui ouvrir les portes vers l'entreprise ou l'organisme qu'il préfère.
Et vous, qu’en pensez-vous?
Diplômé d'un baccalauréat en droit de l'Université McGill et d'un maîtrise en relations industrielles (MIR) de l'Université de Toronto, il a également complété récemment une maîtrise en administration des affaires (MBA) de l'Université Wilfrid Laurier.
Anonyme
il y a 8 ansJe seconde. J'ai vu de nombreux avocats possédant 20-30 ans expérience faire preuve d'incompétence pour blamer le junior lorsque l'erreur initialement commise par le sénior causait un préjudice irréparable au client ou pour l'image du cabinet. À titre d'exemple;
- sénior rédige un contrat de vente d'entreprise accordant le droit du vendeur (entreprise) d'inscrire une hypothèque mobilière sans dépossession sur l'inventaire. Or, l'acte hypothèque, également rédigé par le sénior, énonce l'individu, qui est le seul actionnaire/administrateur de l'entreprise venderesse, à titre de titulaire de l'hypothèque. L'hypothèque est inscrite au nom de l'individu par le junior et il se fait blamer lorsque le débiteur fait défaut de payer et risque de devenir insolvable.
- sénior inclut de la jurisprudence complètement impertinente dans le cahier d'autorités sans élaborer et demande au junior de développer l'argument à partir de ladite jurisprudence et le fustige lorsqu'il fait savoir qu'il n'a pu formuler l'argumentation. La non pertinence dudit jugement a été confirmé par le juge et énoncé dans le jugement.
Vu la difficulté qu'epprouvent plusieurs excellents candidats de nouveau junior, il est raisonnable de se questionner comment certains séniors médiocres ou pu se placer et continuer d'exercer durant une période prolongée si ce n'est pas de leur statut, le nom du cabinet prestigieux pour qui ils exercent ou le manque de sophistication de leurs clients.
Anonyme
il y a 8 ansJ'approuve entièrement. Avocat depuis peu, je suis lasse de me faire reprocher quelque chose sur lequel je n'ai aucun contrôle, tel que l'incompétence d'un de mes donneurs d'ouvrage... Je fais tout ce que je peux et ce n'est jamais assez... La semaine passée, un sénior m'a reproché de n'avoir trouvé aucune autorité sur un sujet extrêmement précis alors que je sais pertinemment qu'il n'y a rien sur ce sujet. Qu'est-ce que je peux y faire? J'endure. Je travaille 70 heures/semaine et pour eux je suis paresseux et je ne travaille pas assez! Pourquoi j'ai choisi le droit déjà?
Avocate junior
il y a 8 ansJe suis une avocate junior qui a pratiqué en grand cabinet et en cabinet boutique et ma plus grande déception à l'égard de ma pratique est la normalisation des heures effrayantes et de la piètre qualité de vie qu'on nous impose. Il est devenu normal de travaille 70 heures semaines, et ça devient impossible pour un avocat junior de se démarquer ou d'être apprécié pour ses efforts et son travail. Puisque les seniors sont tous passés par là, ils se disent qu'il est parfaitement normal de sacrifier tout pour son travail. Mais si seulement ça s'arrêtait là... Les avocats juniors sont devenus des machines de production que l'on n'associe qu'à des chiffres et des objectifs d'heures chargeables: tant et aussi longtemps que tu rapportes, tu es apprécié par tes patrons, mais le jour où tu faillis aux exigences, tu es remercié sans aucune considération des conséquences que cela peut avoir sur ta vie émotionnelle, physique ou financière. Parce qu'après tout... Tu n'es qu'un numero alors pourquoi s'en faire?
Je suis passionnée par mon métier et une chance... Parce que sinon, je ne l'exercerais plus depuis longtemps. Je m'accroche à cette passion et à quelques individus merveilleux qui font attention aux autres et qui te permettent de continuer d'avancer. Je j'encouragerais personne qui commence à devenir avocat. C'est triste.