Rencontre avec le nouveau président

Abc -Québec
2014-09-11 11:15:00

Me Leduc est entouré par les membres de l’exécutif de l’ABC-Québec composé de la présidente sortante, Me Michèle Moreau, du vice-président, Me Pierre E. Moreau, de la trésorière, Me Francine Pager, de la secrétaire, Me Anne Jacob, et des administrateurs, Me Philippe Dufresne, Me Pierre Giroux, Ad. E., Me Mathieu Leblanc-Gagnon, Me Anne Lessard, Ad. E., Me Frédéric Pérodeau, Me Mathieu Bouchard, Me Caroline Larouche, Me Justin Tremblay, Me Isabelle Cloutier et Me Christine Jutras.
Question : L’un des rôles importants de l’ABC-Québec est de fournir des activités de formation. En tant que professeur et chercheur universitaire, comment souhaitez-vous contribuer à ce rôle?
Me Antoine Leduc : L’ABC Québec est reconnue pour la qualité de ses formations et de son matériel pédagogique. Il nous faut donc continuer de bâtir à partir de ce contenu afin de contribuer à faire de nos membres de meilleurs avocats.
De mon côté, il s’agit vraiment d’un prolongement, d’un continuum, oserais-je dire, entre mes activités scientifiques et professionnelles. Afin de rester à la fine pointe du droit, il faut créer de meilleurs ponts entre les mondes de la pratique et de la recherche universitaire, car le droit est une matière vivante et les deux pôles se nourrissent.
Vous avez été conseiller pour plusieurs pays émergents dans le cadre de réformes entourant leur gouvernance et leurs institutions juridiques. Comment cela vous aidera-t-il en tant que président de l’ABC-Québec?
Nous disions que le droit est une matière vivante; c’est aussi un fait de société, comme disait le sociologue français Pierre Bourdieu, qui correspond aux normes que se donne une société à un moment donné de son histoire. Parfois, le droit évolue, parfois il régresse : jamais n’est-il statique.
Nous avons beaucoup à apprendre des travaux qui émanent des projets de réformes du droit dans les pays émergents car, dans biens des cas, l’État de droit et son institutionnalisation s’y dessinent sur une page blanche. Cela peut donner lieu à des innovations qui sont plus difficiles à imaginer dans nos démocraties libérales, un certain conservatisme propre au milieu juridique pouvant parfois s’ériger en rempart.
Toutefois, ce conservatisme présente aussi ses vertus : une institution doit certes évoluer pour correspondre aux besoins changeants de la société, mais le propre d’une institution consiste justement à s’élever au niveau de l’idéal à atteindre. Résister aux changements qui ne constituent que des effets de modes passagers est donc un devoir en soi, car l’État de droit dans son achèvement tel que nous le connaissons au Québec, est le fruit d’une évolution séculaire, dont on ne prend pas suffisamment la mesure de nos jours. En cela, le droit comparé permet de tirer des leçons de ce qui se passe à l’étranger, que ce soit pour améliorer notre droit ou pour éviter les écueils observés ailleurs, et dont l’histoire est aussi riche d’enseignements.
L’ABC-Québec se veut la voix et le soutien des juristes au Québec. Nous avons un rôle à jouer en matière de législation et de réforme du droit, et ce, afin de défendre l’intérêt de nos membres et l’État de droit, qui vont de pair. C’est ce que l’ABC-Québec a voulu rappeler, notamment, lors de l’étude de l’Avant-projet de loi instituant le nouveau Code de procédure civile.
Ces différentes expériences dont vous parlez me seront donc précieuses dans le cadre de ce mandat qui commence à la présidence de l’ABC-Québec.
Quel rôle a joué votre mentor, le professeur Paul-André Crépeau, dans votre carrière?
Il a fait de moi le juriste que je suis, il fut un père spirituel. Il est une inspiration, tant pour sa rigueur intellectuelle, son idéalisme et sa générosité, que par le fait qu’il a toujours été au cœur des enjeux de notre société et de la pratique du droit. Je lui dois beaucoup.
Fellow du American College of Mortgage Attorneys, conférencier et auteur de nombreuses publications, son ouvrage Mondialisation et harmonisation du droit des sûretés (Thémis, 2012) s’est mérité le Prix du Concours juridique 2013 de la Fondation du Barreau du Québec, catégorie « Monographie et traité ».