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Des expressions populaires d’origine juridique

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Stéphane Tremblay

2023-02-17 12:00:00

Saviez-vous que plusieurs expressions courantes québécoises proviennent du domaine juridique? Petit exercice lexical pour mieux comprendre tout ça…
Source: Shutterstock
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Beaucoup d'expressions que nous utilisons quotidiennement ont leur origine, plus ou moins lointaine, dans l'univers judiciaire. Juristes ou non souhaitent se familiariser avec la terminologie juridique anglo-saxonne.

L’utilisation de ces expressions ajoute à la variété et au métissage linguistique. C’est une façon de s’exprimer à la fois populaire, familière, amusante, insolite, imagée, innovatrice et qui donne une couleur particulière à la langue.

Œil pour oeil

Sans doute la plus connue des expressions judiciaires est certes « œil pour œil » , puisqu'elle est issue de la loi du Talion écrite dans le code d'Hammurabi : à une faute doit répondre un châtiment équivalent. On trouve également trace du principe dans le livre de l'Exode : Quand des hommes se disputent une femme enceinte, si le foetus sort et que la femme survit, une amende sera exigée selon ce que demandera le mari de la femme, et le coupable paiera au taux usuel. Mais si la femme meurt, tu paieras oeil pour oeil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied, brûlure pour brûlure, blessure pour blessure, plaie pour plaie.

Vider son sac

« Vider son sac » « L'affaire est dans le sac », « avoir plus d'un tour dans son sac ». Quel est donc ce sac dont on parle si souvent ? Avant la Révolution, les pièces juridiques de dépositions et de requêtes nécessaires au procès étaient rassemblées dans un sac en toile de jute, de chanvre ou plus rarement de cuir. À l'ouverture du procès, « on vidait le sac », afin d'étaler les pièces à conviction lors de l'audience. L'avocat avait pris soin d'y accumuler les preuves nécessaires à sa démonstration et « avait plus d'un tour dans son sac ». Quand l'audience était close, les pièces retournaient dans le sac et l'affaire « était dans le sac ». Celui-ci était ensuite suspendu à un crochet afin d'éviter que le papier ne soit attaqué par les insectes ou les rongeurs.

Tirer l'oreille

L'expression « tirer l'oreille » est également issue de l'Antiquité romaine. Elle désignait la pratique de traîner un témoin récalcitrant devant le tribunal en le tenant par les oreilles. Qui se fait tirer l'oreille n'a généralement pas très envie de faire ce que l'on demande…il était physiquement traîné par les oreilles devant le tribunal. Sa déambulation dans l'espace public exposait au grand jour son incivilité. Cette pratique avait pour but de le mettre en position d'humiliation publique et de l'obliger à témoigner.

Mettre sa main au feu

L'expression « mettre sa main au feu » vient de l'ordalie par le fer rouge : L'ordalie, ou « jugement de Dieu » était le principe que le suspect était soumis à certaines épreuves plus ou moins pénibles, voire mortelles, pour décider de son sort. S'il était innocent, Dieu, qui le savait, l'aidait à surmonter l'épreuve.

Cette forme de justice n'était pas mise en œuvre par les autorités religieuses, mais par des juges qui décidaient du type d'ordalie à appliquer.

L'accusé devait porter une barre de fer ou marcher sur des socs de charrue chauffés à blanc pendant neuf pas. La main ou les pieds étaient ensuite bandés dans un sac scellé par le juge. Trois jours après, l'accusé retournait devant le tribunal pour montrer ses plaies. Si celles-ci étaient cicatrisées, cela prouvait son innocence. À l'inverse, une vilaine plaie signifiait sa culpabilité.

Amende honorable

Qui fait « amende honorable », reconnaît son erreur. Sous l'Ancien Régime, l'amende honorable était une peine simple pour des délits légers, ou complémentaire pour les crimes. En chemise et pieds nus, à genoux, un cierge à la main, le condamné devait reconnaître en place publique - généralement le porche de l'église - sa faute et en demander pardon à Dieu, à la société et aux hommes.

En somme, ces expressions sont le reflet de l'histoire de la justice et des pratiques judiciaires anciennes. Elles témoignent de l'évolution des normes et des pratiques en matière de justice, et continuent d'être utilisées de nos jours pour décrire des situations judiciaires ou pour exprimer un sentiment d'équité et de justice.

Face à la multitude et à la diversité́ des expressions, il est impossible d’en dresser une liste exhaustive. Vous en connaissez aussi?
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1 commentaire
  1. Anonyme
    Anonyme
    il y a un an
    Expressions québécoises?
    Ce sont des expressions qu'on retrouve dans la langue française parlée par des centaines de millions de personnes au monde. C'est bien beau le chauvinisme mais à un moment donné, il faut arrêter! Le français, ce n'est pas la chasse gardée du Québec!

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