Des juristes se questionnent
Stéphane Tremblay
2023-05-01 11:15:00
Le président du Tribunal du Barreau mentionne que les juristes peuvent parfois se retrouver dans un dilemme à savoir qu’ils peuvent se retrouver dans des situations où ils doivent choisir les causes pour lesquelles ils sont prêts à s’engager et celles pour lesquelles ils ne le sont pas.
Il ajoute qu’ils peuvent également se demander s’ils sont tenus de faire autre chose que ce qui est lié aux intérêts de leurs clients.
« En tant que défenseurs de la primauté du droit, les juristes sont confrontés à des défis uniques qui peuvent mettre à l’épreuve leurs obligations éthiques, encore plus lors de périodes de bouleversements marqués par la polarisation politique, la dégradation de l’environnement et les mouvements anti-sciences ».
Une ancienne procureure fédérale, Me Emilie Taman, avocate chez Champ et Associates, croit qu’il serait plus sage de ne pas associer les valeurs personnelles d’un juriste à celles de son client.
Elle exprime également son inquiétude face à une pratique de plus en plus répandue sur le Web, celle de discréditer les juristes qui défendent des causes impopulaires. « Nous avons tous nos propres limites, mais cela ne veut pas dire que les gens qui représentent l’autre camp sont des personnes mauvaises ou immorales ».
Les juristes disent souvent que leurs obligations éthiques ultimes sont envers leur client et leur intérêt. « Toutefois, juridiquement, c’est faux », dit Me Steven Vaughan, ancien juriste en droit de l’environnement qui enseigne maintenant la déontologie.
Pour sa part, Me Marcus McCann, avocat chez Millard et Company, souligne que les juristes peuvent être « rouillés » après trois ans de pandémie. « Il vaut la peine d’envisager la possibilité que les juristes et les plaideurs auxquels ils sont opposés ne soient peut-être pas nécessairement à leur meilleur ».
D’autres principes juridiques, comme l’intégrité, l’honnêteté et l’indépendance, viennent s’ajouter aux raisons de pourquoi défendre ou non.