Quand les auxiliaires juridiques jugent les juges
Didier Bert
2024-04-11 12:00:31
Aux États-Unis, les auxiliaires juridiques pourront désormais évaluer les juges dans leurs rôles de patrons. Pour quoi faire?
La base de données du Legal Accountability Project contient déjà des données d’évaluations portant sur plus de 700 juges américains.
Alimentée par les auxiliaires juridiques, cette base de données vise à permettre aux étudiants en droit de connaître la réputation des juges avant d’accepter un poste, rapporte Reuters.
Le Legal Accountability Project est un OBNL fondé par Aliza Shatzman, une ancienne auxiliaire juridique, qui affirme avoir subi de mauvais traitements quand elle travaillait pour un juge. Le recueil des évaluations des 700 juges fédéraux et d'État constitue la plus grande base de données indépendante sur les stages dans la magistrature aux États-Unis.
L’objectif d’Alizia Shatzman est d’apporter de la transparence dans un système de recrutement opaque, en donnant aux étudiants en droit les informations qui leur permettront d’éviter les juges réputés pour leur comportement abusif, et de se tourner vers ceux qui sont de bons patrons.
Jusqu’à présent, seules quelques facultés de droit recueillaient des informations auprès d’anciens étudiants, pour connaître leur expérience en tant que stagiaire. Or, ces facultés peinent à recueillir des données reflétant vraiment la réalité, selon la fondatrice de l’OBNL, qui pointe d’énormes pressions qui poussent les auxiliaires juridiques à garder le silence.
Le Legal Accountability Project n’apporte modification dans le contenu transmis, afin d'éviter toute responsabilité au cas où un juge lancerait une poursuite en diffamation.
Seuls les étudiants et les anciens élèves des facultés de droit peuvent accéder à cette base de données, en souscrivant un abonnement de 20 $. Une autre formule d'abonnement offre la mise à disposition de la base de données à tous les étudiants d'une école, au prix de cinq dollars par an et par étudiant.
En 2022, Alizia Shatzman avait déposé une déclaration écrite à la Chambre des représentants, décrivant des comportements abusifs lors de son expérience d'auxiliaire juridique auprès d'un juge de la Cour supérieure à Washington. D'autres femmes avaient témoigné avoir été victimes de harcèlement alors qu'elles travaillaient dans le système judiciaire fédéral.