Sans emploi à cause d’un changement au Code criminel

Agence Qmi
2014-12-01 12:30:00

L’homme de 44 ans dit être incapable de se trouver un emploi stable depuis 2005. Et il croit que c’est parce que l’article 283 du Code criminel a été modifié.
Celui-ci correspondait à un vol de moins de 1000 $ au moment où M. Barbier a commis ce délit, en 1987, mais il a été retiré du code. L’article 283 est maintenant rattaché à une accusation d’enlèvement d’enfant.
M. Barbier ignorait complètement ces modifications. « J’ai essayé plein de jobs, mais je ne les gardais jamais longtemps. On me congédiait sans que je comprenne pourquoi. On me disait même de ne pas revenir sans quoi ils appelleraient la police », raconte-t-il.
M. Barbier est allé suivre des cours de préposé aux bénéficiaires pour recommencer à neuf, mais encore une fois, après seulement trois semaines, il a été mis à la porte.
« Complètement absurde »
« Comme tous les autres, ils ne pouvaient pas me garder, même si ça allait super bien. Mais cette fois, ils m’ont expliqué que c’était parce que j’avais été condamné pour enlèvement d’enfant. Je n’en revenais pas », explique-t-il.
M. Barbier a multiplié les démarches afin d’obtenir les papiers prouvant qu’il avait bel et bien été accusé de vol et non d’enlèvement. Une fois le papier en main, il croyait son problème résolu, mais il n’était pas encore au bout de ses peines. « Je pensais que je n’avais qu’à le montrer à mes futurs employeurs, mais ils ne me croyaient pas. C’est dur de contredire le Code criminel », se désole-t-il.
M. Barbier a tenté de faire changer le numéro de son accusation, mais en vain. Incapable de se trouver un emploi, M. Barbier vit de l’aide sociale, à son grand désespoir. «C’est complètement absurde, je suis un gars travaillant, je m’implique beaucoup dans l’entreprise, mais personne ne veut m’engager», dit-il.
Impact sur sa famille
Cette bataille qu’il mène depuis plusieurs années a eu d’énormes impacts sur sa famille.
« Ma femme et moi, on a divorcé parce que ça devenait difficile, je cumulais les échecs. Mes enfants aussi m’en ont voulu parce qu’ils ne comprenaient pas pourquoi je ne pouvais pas les soutenir financièrement », souligne M. Barbier, les yeux remplis d’eau.
Yves Barbier a tenté par tous les moyens de faire changer le numéro du Code criminel dans son dossier, mais personne n’était en mesure de lui venir en aide. Même les avocats qu’il a consultés lui ont dit ne pas être habilités à le représenter. « Je suis allé au palais de justice, au poste de police, j’ai exaspéré bien des juges et des greffiers avec mes demandes répétées », raconte-t-il.
Les 12 travaux d’Astérix
Tout comme M. Barbier, Le Journal a tenté de trouver l’instance gouvernementale responsable de son cas, mais s’est retrouvé comme dans Les 12 travaux d’Astérix.
Après près d’une semaine d’appels au ministère de la Justice fédéral, au ministère de la Sécurité publique, à la GRC, personne n’était en mesure de répondre à nos questions et tous se renvoyaient la balle.
Seul le ministère de la Justice du Québec nous a indiqué qu’il s’agissait de la responsabilité de l’employeur de vérifier le bon Code criminel. C’est-à-dire que chaque employeur devrait donc posséder toutes les versions passées du Code criminel pour vérifier au bon endroit quelle infraction a été commise.
« Il revient à l’utilisateur du plumitif de vérifier le numéro dans le Code criminel qui était valide au moment de l’infraction », nous a répondu le porte-parole.
Demander pardon
La seule solution qui s’offre à M. Barbier serait de demander un pardon, maintenant appelé suspension de casier judiciaire. Mais pour y arriver, il aurait besoin de 2000 dollars. Une somme qui est difficile à accumuler en vivant de l’aide sociale.
« Je veux le faire, mais il faut que je m’assure d’obtenir un pardon pour le vol et pas pour l’enlèvement. J’aurais besoin d’un avocat qui serait prêt à m’aider ou d’un employeur qui comprenne. Je ne sais plus quoi faire », se désespère-t-il.