Un avocat évoque les « tenues provocantes » d’une présumée victime de viol
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Radio Canada
2017-06-09 10:40:00

L’avocat de l’agent Nyznik a été le premier des trois défenseurs à contre-interroger la plaignante après l’interrogatoire de la Couronne la veille. Me Harry Black s’est attaqué aux intentions de la plaignante, mais aussi à ses vêtements, qu’il a qualifiés de provocateurs et son penchant pour l’alcool, qu’il a jugé excessif.
Me Black l’interroge au sujet de l’accoutrement qu’elle avait choisi pour sortir en boîte avec des collègues de son poste de police, en très grande majorité des hommes, le soir du 16 janvier 2015.
Il dit que la plaignante avait signalé à deux des trois accusés quelques jours avant la fête qu’elle porterait quelque chose de très sexy ce soir-là. L’avocat de la défense mentionne notamment un « bustier très révélateur », « un chemisier à manches ouvertes sur le côté » et une jupe avec « un accès facile ».
La plaignante a nié avoir raconté cela à Nyznik et Kara dans leur auto-patrouille lorsqu’elle les a croisés au travail. La défense l’accuse néanmoins d’avoir revêtu une tenue qu’elle a qualifiée d’aguichante dans le but de « flirter avec un groupe de policiers masculins » au cours d’une fête bien arrosée pour de jeunes recrues de son service.
La femme s’est en outre défendue de parler sans cesse de sexe au travail comme le prétend Me Black. « Je réserve ce genre de conversation à des amis intimes » a-t-elle expliqué à la barre.
Me Black a surtout présenté une autre version des faits, en l’accusant d’avoir été l’instigatrice de leur rencontre sexuelle à quatre. Il dresse donc le portrait d’une femme allumeuse qui aime flirter et attirer l’attention de ses collègues masculins. La défense ajoute en outre que la plaignante avait raconté à une collègue qu’elle trouvait deux des trois accusés séduisants.
La plaignante a rejeté ces accusations, mais elle a reconnu que l’agent Nyznik était bien mignon « sauf quand il ouvre la bouche ». Elle rappelle en outre qu’elle ne s’intéressait pas à l’agent Kara parce qu’il venait d’avoir un enfant. Elle reconnaît néanmoins qu’ils ont échangé un baiser avant qu’il ne tombe malade au bar Pravda, parce qu’il avait trop bu.
Me Black soutient par ailleurs que la plaignante a dit à Nyznik au bar de danseuses Brass Rail qu’elle aimerait bien avoir une relation sexuelle avec lui et l’agent Cabero pendant que Kara dormirait sur le lit de leur chambre d’hôtel. Selon la défense, la femme s’est par ailleurs amusée à dénouer la cravate et à déboutonner la chemise d’un autre policier, lorsque Nyznik est allé aux toilettes.
La plaignante a rétorqué pour la première fois qu’elle avait été droguée dans ce dernier bar, parce qu’elle ne se sentait pas bien dans le taxi en route vers l’hôtel. Elle dit ignorer en revanche par qui, à quel moment et de quelle façon.
La défense a toutefois rejeté ses prétentions en lui rappelant qu’elle avait consommé sept verres d’alcool et que la caméra de surveillance du Westin la montre souriante à son arrivée avec deux des trois accusés, mais toujours en possession de ses moyens. « Vous vous êtes en fait invitée à leur hôtel, conclut Me Black, vous saviez que l’agent Kara était dans l’impossibilité d’aller nulle part et que la fête se finirait dans leur chambre. »
Cette semaine, la ministre de la Justice, Jody Wilson-Raybould a présenté sa loi de modification du Code criminel. Le projet de loi vise notamment à ne pas retenir le passé sexuel d’une victime de viol.
Anonyme
il y a 7 ansEn Ontario il a encore le droit de respirer.
Michaël Lessard
il y a 7 ansIncroyable d'entendre encore des telles suppositions tentant de faire un lien causal ou de responsabilité à partir des vêtements ou de la réputation d'une victime de viol. Un viol est un crime grave et l'habillement des victimes ou la réputation des victimes ne peuvent en rien le justifier ni l'expliquer.
Même une personne prostituée peut être violée et mériter sa défense pleine et entière.
Le juge, selon cet article, ne semble pas avoir réagi, comme si des comportements érotiques ou séducteurs peuvent moindrement justifier un viol. Que certaines personnes immatures ne comprennent pas ce que j'explique ici, c'est possible, mais on s'attend à ce qu'un/une juge ou des juristes sachent qu'il est inacceptable d'insinuer de telles choses au lieu de juger s'il y a eu viol ou non selon des critères réellement juridiques.
Anonyme
il y a 7 ansJe ne suis pas un expert en droit criminel, mais il me semble que la notion de consentement est au cœur du débat. Est-ce qu'un consentement peut être inféré de l'habillement de la victime ou, plus important encore, de son comportement suggestif ? Peut-être. Il ne s'agit pas ici de justifier ou d'expliquer un viol, mais simplement de soulever un doute raisonnable quant au consentement. L'opinion de juristes experts en droit criminel pourrait nous éclairer.