Nouvelles

Une entreprise ne peut pas invoquer la Charte pour éviter de payer une amende

Main image

Camille Laurin-Desjardins

2020-11-06 14:15:00

La Cour suprême a tranché : seules les personnes physiques peuvent invoquer les traitements « cruels et inusités » interdits par la Charte...
La juge Dominique Bélanger. Photo : Site web de la Cour d'appel du Québec
La juge Dominique Bélanger. Photo : Site web de la Cour d'appel du Québec
Dans un jugement qui était très attendu au sein la communauté juridique, la Cour suprême a décrété jeudi que les personnes morales, comme les entreprises, ne peuvent pas se prévaloir de l’article 12 de la Charte canadienne des droits et libertés, qui interdit à l’État de recourir à des traitements ou à des peines dégradants ou déshumanisants.

Le plus haut tribunal du pays a invalidé un jugement de la Cour d’appel du Québec, rendu en mars 2019.

« L’article 12 de la Charte ne protège pas les personnes morales contre les traitements ou peines cruels et inusités, parce que l’expression “cruels et inusité” dénote une protection que seul un être humain peut avoir.

En conséquence, la protection de l’article 12 se limite aux êtres humains », peut-on lire dans le jugement.

Me Martin Villa. Photo : LinkedIn
Me Martin Villa. Photo : LinkedIn
L’entreprise 9147-0732 Québec Inc. invoquait avoir subi un traitement « cruel » en devant payer une amende de 30 000$ pour avoir agi comme entrepreneur en construction sans détenir la licence requise. Il s’agit de l’amende minimale obligatoire prévue par la Loi provinciale sur le bâtiment pour ce type d’infraction.

La décision rendue par la juge Dominique Bélanger, de la Cour d’appel, aurait pu encourager de multiples entreprises privées à contester leur peine ou leurs amendes. Or, la Cour suprême a vu la chose autrement.

« Le texte de l’article 12, en particulier la présence du mot “cruels” dans celui-ci, suggère fortement que cette disposition s’applique uniquement aux êtres humains », écrivent les magistrats dans leur décision.

« Les mots “traitements ou peines cruels et inusités” s’entendent de la douleur et de la souffrance humaines, tant physiques que mentales. »

Mes Stéphanie Quirion-Cantin, Sylvain Leboeuf et Julie Dassylva. Photos : LinkedIn et archives
Mes Stéphanie Quirion-Cantin, Sylvain Leboeuf et Julie Dassylva. Photos : LinkedIn et archives
Ce sont Mes Martin Villa et Niki Galanopoulos, de l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ), qui ont plaidé ce dossier pour l’entreprise à numéros au centre du litige.

Du côté du Procureur général du Québec, Me Stéphanie Quirion-Cantin a piloté le dossier, assistée de Mes Anne-Sophie Blanchet-Gravel, Sylvain Leboeuf et Julie Dassylva.
4453
Publier un nouveau commentaire
Annuler
Remarque

Votre commentaire doit être approuvé par un modérateur avant d’être affiché.

NETiquette sur les commentaires

Les commentaires sont les bienvenus sur le site. Ils sont validés par la Rédaction avant d’être publiés et exclus s’ils présentent un caractère injurieux, raciste ou diffamatoire. Si malgré cette politique de modération, un commentaire publié sur le site vous dérange, prenez immédiatement contact par courriel (info@droit-inc.com) avec la Rédaction. Si votre demande apparait légitime, le commentaire sera retiré sur le champ. Vous pouvez également utiliser l’espace dédié aux commentaires pour publier, dans les mêmes conditions de validation, un droit de réponse.

Bien à vous,

La Rédaction de Droit-inc.com

PLUS

Articles similaires