Ma boss m’épuise, que faire ?

Question

Bonjour Me Arcand,

je suis une jeune avocate, je travaille en corpo et transactionnel depuis deux ans dans un grand cabinet de Montréal; ma patronne immédiate est une associée bien connue dans la communauté juridique. Et je vous l'avoue: je n'en peux plus !
En fait, je ne la supporte plus tellement elle se prend pour une diva; elle me traite moi et quelques autres comme des moins que rien. Si bien que je ne cherche qu'une chose, me sauver le plus tôt possible. D'un autre côté, le salaire est bon et je sais bien que j'aurais bien du mal à trouver mieux ailleurs.

Que me conseillez-vous?

Une avocate en détresse...

Réponse

Chère lectrice,

Votre situation n’est malheureusement pas exceptionnelle. Sans excuser votre supérieure, il faut comprendre que la pratique en grand cabinet est stressante et que ce stress affecte plusieurs associés.

Un associé stressé est rarement un gestionnaire attentionné. Il gère des urgences et des crises, doit facturer ses heures, faire le suivi de sa facturation et développer sa clientèle. Lorsqu’il a accompli tout cela, il peut enfin s’investir dans la formation et le bien-être de ses subalternes.

Je ne dis pas que c’est comme ça que les choses doivent se faire, je dis que c’est malheureusement la réalité de plusieurs juristes. Idéalement tous les associés auraient compris que les avocats juniors sont une ressource qui leur permet d’être plus efficaces et qu’ils peuvent motiver et améliorer cette ressource en la traitant avec respect. Le but ultime étant de bien servir les clients afin de fidéliser et développer sa clientèle pour en tirer un bénéfice financier, toutes les ressources devraient être maximisées y compris les avocats juniors. Je crois sincèrement que la majorité des associés ont compris ce concept, mais il en reste encore qui sont coincés à l’âge de pierre, ou encore qui sont incapables de bien gérer des ressources humaines.

Je comprends que votre patronne immédiate n’a pas saisi le concept et, malheureusement, il y a peu de chance que les choses changent dans un avenir proche. Il est toujours possible d’apporter certains correctifs au comportement d’un individu, mais ce que vous m’en dites me laisse croire que votre patronne n’est probablement pas très ouverte aux critiques constructives. Ce serait un coup d’épée dans l’eau que d’essayer de corriger la situation.

Vous devez donc bouger ; car si on peut expliquer le comportement de votre patronne, il n’existe pas de moyen de le justifier et aucune raison pour vous de le tolérer.

Vous pouvez bouger à l’intérieur du cabinet si vous avez des associés alliés au sein du département qui vous prendraient dans leur équipe. Il y a toujours moyen d’effectuer une certaine transition sans heurter la susceptibilité de votre patronne, mais il faut le concours d’autres associés qui vous donneront de plus en plus de mandats, et demanderont éventuellement que vous leur soyez attribuée en quasi exclusivité.

Si vous ne pouvez pas trouver une oreille attentive au sein de votre cabinet, vous devez partir. Vous dites que le salaire est bon et que vous ne trouverez pas « mieux » ailleurs ? C’est faux. Le salaire est relativement similaire dans les cabinets de dimension comparable et, de toute façon, si vous trouvez un environnement sain et agréable ailleurs, ce sera déjà « mieux », même si le salaire est un peu inférieur. Il n’y a pas que l’argent dans la vie, et vous ne mourrez pas de faim, même si vous subissez une légère baisse de salaire.

En résumé, soit vous allez chercher des mandats auprès des autres associés du cabinet, soit vous mettez à jour votre curriculum vitae.

Si vous quittez votre cabinet, je vous suggère d’expliquer clairement, mais de façon diplomatique, aux associés directeurs les raisons de votre départ. Cette démarche ne pourra qu’être bénéfique aux collègues que vous laisserez derrière vous.

Sur ce, je vous souhaite à tous une belle semaine.


La Question au Recruteur

Chaque semaine, le recruteur juridique Me Pierre Arcand répond à une question posée par vous, chers lecteurs.

La Question au Recruteur de la semaine est choisie parmi toutes celles reçues sur le site. Toutes les questions sont bonnes pour autant qu’elles concernent votre carrière de juriste.

Sur l'auteur

Pierre Arcand s'est spécialisé en recrutement juridique après avoir pratiqué le droit pendant une douzaine d'années. Ayant été associé au sein de cabinets boutiques ainsi que d'un important cabinet de Montréal, il connaît bien la communauté juridique et les enjeux reliés à la pratique du droit tant en cabinet qu'en entreprise. Arcand et Associés, une entreprise spécialisée dans le recrutement de cadres et de professionnels, a été fondée en 1999. Pierre Arcand et son équipe apporte un soutien professionnel tant aux entreprises qu'aux cabinets qui cherchent à recruter les meilleurs candidats disponibles.