Immersion au coeur d'un contentieux d'un centre de santé et de services sociaux

Que se passe t-il derrière les murs du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, côté juridique? Droit-inc est parti en immersion en terrain inconnu…

Et pourquoi pas une carrière dans un centre de santé et de services sociaux? Droit-inc a décidé de mettre en lumière le contentieux du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal.

Avec 7000 à 7500 mandats par année, on peut aisément dire que les avocats ne lésinent pas en charge de travail.

D’où notre intérêt de donner la parole à plusieurs avocats travaillant dans différents domaines de pratique.

Le rendez-vous est donné dans le quartier du Plateau-Mont-Royal à Montréal. C’est ici que le pôle du contentieux a posé ses valises.

Dans des locaux spacieux et lumineux, les avocats se côtoient quotidiennement.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la direction sait comment convaincre ses équipes de revenir au bureau, après la pandémie mondiale qui a largement donné la place au télétravail.

Une salle de sport pour relâcher la pression mais également une salle de repos, où tout appareil électronique est proscrit.

C’est justement dans cette salle de repos qu’on a eu l’occasion de jaser avec plusieurs avocats de trois domaines de pratique différents.

Protection de la jeunesse

On commence notre série avec Me Laura Brochu qui travaille dans la cellule de protection de la jeunesse. Celle qui travaille depuis huit ans au contentieux du CIUSSS agit principalement en tant que plaideuse.

Soulignons que parmi l’important volume de dossiers que traitent les avocats du contentieux, plus de la moitié concernent des affaires en protection de la jeunesse.

« On est à la cour plusieurs jours par semaine. On représente la directrice de la protection de la jeunesse par le biais de personnes autorisées, à savoir les travailleurs sociaux », nous confie l’avocate.

Les travailleurs sociaux analysent le dossier et font une évaluation pour voir quels sont les motifs de compromission.

Concrètement, ils rentrent dans les familles pour voir si les enfants ont besoin d'aide, de soutien ou de protection.

« Souvent, c'est sûr que c'est intrusif la protection de la jeunesse mais il faut rappeler que les travailleurs sociaux sont là dans le but de protéger les enfants et d'outiller les parents dépendamment de leurs différentes difficultés ».

Pour cela, la loi prévoit plusieurs motifs de compromission : les négligences, les abus physiques, les abus sexuels et les mauvais traitements psychologiques.

Pour sa part, l’avocate va intervenir en soutien des travailleurs sociaux. Nul doute que les dossiers qu’elle traite au quotidien sont particulièrement forts en émotion.

Des dossiers sensibles

Est-ce que l’expérience atténue sa sensibilité? Plus que jamais, la solidarité qui règne au sein du contentieux lui permet de décompresser.

« On est vraiment une très belle équipe soudée. Il y a beaucoup d’échanges entre nous ».

Me Brochu reconnaît qu’il s’agit d’un travail difficile mais qui reste, avant tout, gratifiant.

« Oui, c'est épouvantable mais on est là dans le but de protéger l’enfant », assure-t-elle.

Et quid des qualités requises pour rejoindre la protection de la jeunesse? Selon elle, il faut être « sensible mais pas trop ».

Et aimer l’action…sans aucun doute! Pour cause, tout va très vite en cour, les avocats doivent donc être bien préparés.

Question volume de dossiers, certaines périodes de l’année s’avèrent tout particulièrement chargées à l’instar du début ou de la fin des classes.

« On a toujours beaucoup de volume, ça fait partie de d'adrénaline sur laquelle on carbure », finit-elle par conclure.