Gala JBM : qui sont les leaders de demain?

C’est sous l’égide de Daniel Craig et de son regard azur que sept avocats ont été honorés jeudi soir par leurs pairs lors d’une édition baptisée « 009 » en hommage au célèbre espion.

Devant une assemblée de 290 juristes, et une ambiance chic mais bon enfant, les sept « leaders de demain » se sont vus remettre des mains de la maîtresse de cérémonie Me Joséane Chrétien un trophée dit « Distinctio » afin de saluer leur implication dans leur domaine d'expertise.

« C’est un prix extrêmement prestigieux, a indiqué à Droit-inc la présidente du Jeune Barreau de Montréal (JBM) Me Caroline Larouche. « Moi-même comme je suis présidente, je ne peux être finaliste et j’en suis jalouse ! » (rires)

Plus sérieusement, elle a rappelé que les finalistes ont eu affaire à un processus « rigoureux » et des critères de sélection « sévères ». « Pour nous, la compétence n’est pas nécessairement associée à l’âge et à l’expérience », a-t-elle ajouté. Selon l’avocate, un « pas de plus » a d’ailleurs été fait cette année par le Barreau du Québec qui a aboli le critère de sélection fondé sur les années d’expérience pour les comités statutaires et qui demandait dix ans et plus de pratique.

La passion, secret de la réussite

Dans la salle, on trouvait des acteurs juridiques majeurs, tels l’honorable juge Nicole Duval Hesler qui nous a confié, entre deux petits fours, l’importance de l’engagement chez les jeunes juristes.

« Il faut être passionné, il faut se donner, rendre service et faire partie de la société, au niveau du travail et pas seulement au niveau du plaisir et des loisirs ! On est des privilégiés et il faut s’engager ! »

Me Dominique Tardif, présidente de ZSA a également évoqué cette « passion » nécessaire au succès. « C’est la passion qui fait que l’on se démarque dans cette profession de plus en plus compétitive. Cela n’est pas forcément évident en début de pratique de trouver ce qui nous passionne mais ensuite cela fait qu’on ne compte plus ses heures, qu’on a du plaisir à faire ce que l’on fait, et que l’on met les bouchées doubles. »

Qu’est-ce qu’un leader ?

Pour Me Karine Péloffy, qui exerce en droit de l’environnement et qui a remporté le Distinctio dans la catégorie Carrière alternative, un leader est quelqu’un qui ne fait pas nécessairement ce qui est « populaire » mais ce qui est « nécessaire.» « Je considère que l’on a une crise écologique qui va avoir un impact absolument énorme sur tous les êtres humains et toutes les formes de vie sur Terre. Il y a urgence d’agir. On dépend tous de l’environnement. »

Tout porte à croire que s’engager dans la société est désormais une nécessité pour l’avocat d’aujourd’hui. « Faire quelque chose en laquelle on croit donne un sens à la vie », a ajouté Me Péloffy.

Me Vanessa Udy, avocate en droit corporatif et propriété intellectuelle chez Robic, finaliste repartie bredouille, est du même avis. « Il est important de s’impliquer socialement, pas seulement avec son temps mais avec son argent. L’hiver va être difficile au niveau communautaire avec les coupures. Cela va être difficile aussi d’accueillir les milliers de réfugiés. »

Enfin, pour Me Guillaume Lavoie associé chez Lavery, spécialisé en capital de risque et d’investissement, F&A et valeurs mobilières, un leader est quelqu’un qui prend son métier à coeur. « Un leader va vouloir partager sa passion du travail et ses connaissances avec les autres. Il ne travaille pas seulement pour son avancement personnel mais pour celui du bureau », a-t-il déclaré avant de monter sur scène pour recevoir son prix.

Des avocats chevronnés

Enfin, si le grand parterre du Rialto était majoritairement rempli de jeunes avocats comme Me Emile Langevin en droit des assurances chez BFL Canada, venu « encourager » la relève d’avocats « inspirants », d’autres juristes plus chevronnés se trouvaient aussi dans la salle, prêts à distiller leurs précieux conseils.

C’est le cas de Me Norman Montcalm de Lamarre-Linteau & Montcalm avec ses 43 années d’expérience. « Il faut travailler avec intensité et de façon réaliste, c’est à dire être exigeant pour soi et pour les clients, ne pas prendre n’importe quoi comme mandats et être vrai », a-t-il indiqué à Droit-inc.

Me John T. Pepper, du haut de ses 36 années d’expérience, n’a pas hésité lui non plus à y aller de ses conseils : « Couchez-vous de bonne heure, ne prenez pas trop de verres les jeudis soirs avec les belles et beaux avocats. Dites la vérité, travaillez fort, dormez. Ne vous prenez pas pour quelqu’un d’autre. Pensez beaucoup, et parlez après ! »

Et les jeunes avocats de l’année sont…

Litige civil et commercial

Me Léon Moubayed : Inscrit au Tableau de l'Ordre en 2010, il a effectué son stage de formation professionnelle au sein du cabinet Davies avant d'y être recruté comme avocat. Il fait partie des groupes de pratique Litige et Enquêtes et droit pénal des affaires. Il est intervenu dans plusieurs litiges liés à la protection de l'image et de marque de commerce sur Internet.

Né au Liban, il a fui la guerre au Liban pour aller en Syrie avant de rejoindre le Canada. Sur scène, il s’est rappelé le jeune garçon de 14 ans qu’il était et a eu une pensée pour son père (absent lors de la soirée parce qu'il était à l'étranger), espérant que ce prix « l'aurait fait sourire », lui qui lui a un jour confié qu’il n’avait pas pu « concrétiser » tous ses rêves.

Pro Bono et Implication sociale

Me Frédérique Bertrand-Le Borgne : Assermentée en 2014, elle est membre du cabinet RDL avocat où elle pratique en droit du travail, droit administratif et droit de la famille. Elle intervient également comme lobbyiste pour Citizen Climate Lobby et comme juriste pour Aministie Internationale pour soutenir les ONG dans le besoin.

L’avocate s’est dit « honorée » d’être choisie et a également insisté sur l’importance de l’implication sociale, en temps « d’austérité » où « les filets de sécurité » au Québec disparaissent .

Droit criminel et pénal

Me Olivier Charbonneau : Il exerce au Directeur des poursuites criminelles et pénales depuis son entrée dans la profession en 2006. Après être intervenu sur des dossiers relatifs aux gangs de rue, il fait partie de l'équipe qui s'occupe des dossiers d'agressions sexuelles et crimes majeurs, dont les tentatives de meurtre, ainsi que de voies de faits graves sur enfants.

Le juriste a tenu a partagé son prix avec ses collègues du DPCP, un organisme de « premier ordre », « de grand calibre » et de « grande dignité ». « Ils donnent de leur temps et de leur talent pour faire en sorte que le système de justice soit meilleur et plus accessible. »

Droit familial

Me Benjamin Prud'homme : Il exerce en droit de la famille chez Robinson Sheppard Shapiro. Il s’est joint à RSS en 2010 à titre d’étudiant puis de stagiaire avant d’intégrer l’équipe de droit de la famille à titre d’avocat en 2013. Ses principaux champs de pratique sont le divorce, la séparation, la garde et la pension alimentaire pour enfants et pour conjoints.

« Il vient avec le métier d’avocat une certaine connaissance de normes et de règles qui nous permet d’avoir une voix dans le débat public qui est vraiment importante », a-t-il indiqué à Droit-inc après avoir remporté le trophée et remercié l’une de ses mentors, Me Pascale Nolin.

Droit corporatif

Me Guillaume Lavoie : Membre du Barreau du Québec depuis 2007, il exerce chez Lavery et pratique dans le domaine du capital de risque et d’investissement, des valeurs mobilières et des fusions et acquisitions. Il agit comme conseiller juridique dans le cadre d’opérations d’achat ou vente d’actifs et d’acquisition de sociétés publiques et privées.

L’avocat a rappelé que de nombreux changements s’en venaient en matière de droit corporatif. Il a estimé que la communauté juridique montréalaise pourrait aider à faire évoluer ce droit de façon « innovatrice et créative. »

Contentieux / Juristes de l'état

Me Jamilla Leboeuf : Inscrite au Tableau de l’Ordre depuis 2012, elle exerce au sein du contentieux de la banque BNP Paribas. Elle pratique en droit bancaire et financement d’entreprises. Elle a été élue au poste d’administrateur au sein du CA du Barreau du Québec.

« Vous êtes des gladiateurs de la profession et c’est magique de travailler avec vous ! », a lancé l’avocate après avoir remercié son père, sa mère, le Barreau du Québec et le CA dont elle fait partie.

Carrière alternative

Me Karine Péloffy : Elle est la directrice générale du Centre Québécois du Droit de l'Environnement (CQDE) qui vise à favoriser l’utilisation du droit comme outil indispensable pour protéger et représenter les intérêts des citoyens, de la nature et de l’environnement. Diplômée en droit de McGill en 2005, elle a exercé chez Davies de 2006 à 2008.

« On peut changer le monde avec le droit !, a-t-elle lancé avec aplomb sur scène. Un grand leader de demain, c’est bien. Mais demain c’est déjà trop tard... On a besoin de leaders aujourd’hui ! ».