Les nouveaux lauréats du Barreau
Gabriel Poirier
2022-04-20 14:15:00
Le Barreau a révélé les récipiendaires de ses plus hautes distinctions jeudi dernier, à la veille de la longue fin de semaine de Pâques.
Notons que les récipiendaires recevront leurs prix lors d’une cérémonie qui se tiendra le 17 juin prochain, à l’occasion de la Journée du Barreau du Québec. L’événement se tiendra en présentiel au Centre Sheraton Montréal.
Jean-Pierre Ménard
Jean-Pierre Ménard, récipiendaire de la Médaille du Barreau, est un habitué des grandes distinctions : avocat émérite, prix Claude-Brunet, Prix de la justice du Québec… autant de titres qui composent ses faits d’armes.
« J’ai toujours considéré comme un grand privilège d’être avocat et que des gens m’accordent leur confiance pour les représenter. Ce privilège est encore plus précieux lorsqu’il s’agit de la représentation de personnes vulnérables, pour qui il est souvent plus difficile de se faire entendre », explique-t-il dans un communiqué du Barreau.
Me Ménard est reconnu au Québec pour son expertise en droit de la santé, un domaine qu’il a rapidement choisi au début de sa carrière. Il a présidé le Comité de juristes experts désigné par le gouvernement du Québec pour étudier la mise en œuvre des recommandations de la Commission spéciale de l’Assemblée nationale du Québec sur la question du droit à mourir dans la dignité.
Il est réputé avoir contribué à l’avancement du droit médical et de la bioéthique, particulièrement dans le cadre de l’élaboration de la loi sur l’aide médicale à mourir.
« Il reste encore beaucoup à faire, particulièrement dans le contexte actuel qui met à rude épreuve les fondements mêmes du système de santé. Il est essentiel que la société et l’État québécois se souviennent que le respect des droits des usagers et le libre exercice de ces droits, au-delà des mots qui les reconnaissent, ne sont pas une réalité alternative mais bien la raison d’être du système de santé », soutient-il toujours selon le Barreau.
Diplômé de sciences juridiques (UQAM 1978) et admis au Barreau du Québec en 1980, Jean-Pierre Ménard est associé de l’étude Ménard, Martin de Montréal.
La Médaille du Barreau est la plus haute distinction du Barreau. Elle souligne l'apport d'un avocat qui a contribué au développement de la société québécoise dans le domaine du droit, ainsi qu'à l'avancement du droit et de son exercice.
Lynne Kassie
Lynne Kassie, une figure bien connue de Robinson Sheppard Shapiro, où elle est associée et cheffe du groupe de droit de la famille, a obtenu le Mérite Christine-Tourigny.
Le Mérite Christine-Tourigny est attribué sur une base annuelle à une avocate ou avocate à la retraite pour souligner son engagement social et sa contribution à la progression des femmes dans la profession.
« De toute évidence, le Mérite Christine-Tourigny vient couronner les efforts que j’ai déployés non seulement pour gagner ma place dans la profession, mais surtout pour permettre à d’autres femmes de se réaliser pleinement, explique Me Kassie au Barreau. Dès que j’ai été en mesure de le faire, j’ai pris sous mon aile de jeunes juristes brillantes et motivées et je me suis fait un devoir de les épauler, de les encadrer et de les préparer à relever les défis qui se présentaient à eux. »
Elle a brisé un plafond de verre au sein de son propre cabinet, en 1985, lorsqu’elle est devenue la première femme à devenir associée, en plus de devenir, en 1998, la première femme admise à l’American College of Trial Lawyers.
Également avocate émérite (2007), elle a participé à plusieurs forums sur l’avancement des femmes, ce qui l’a notamment poussée à devenir la mentore de plusieurs avocates en matière de conciliation travail-famille et pour la promotion de leur carrière.
Elle a complété son baccalauréat en droit à l’Université de Montréal.
Marie-France Chabot
Marie-France Chabot est la plus récente récipiendaire du Mérite du Barreau. Elle a obtenu ce titre grâce à ses confrères, Mes Louise Boulanger et Jean Marois, qui ont soumis la candidature de l’avocate retraitée.
« Poussée par l’élan motivationnel familial, nourrie par les enseignements de mes savants professeurs, soutenue par l’influence de collègues compétents et généreux et par mes propres ambitions, je me suis constamment fixé comme objectif l’atteinte d’un standard olympique », concède à l’Ordre professionnel la Barreau 1991.
Me Chabot a bifurqué de la psychologie au droit au milieu des années 1980, à l’époque où elle travaillait comme psychologue clinicienne.
« Cette volonté d’excellence m’a permis de donner le meilleur de moi-même pour la justice et pour l’amélioration des relations, notamment en milieu de travail. Je crois avoir contribué à nous rapprocher de ces nobles objectifs. Je suis émue que le Barreau le reconnaisse et le souligne », insiste-t-elle au Barreau.
Cette jonction entre la psychologie et le droit l’a notamment poussé à privilégier et à promouvoir le domaine de la médiation, ainsi que l’enquête de harcèlement en milieu de travail, deux domaines où elle est reconnue pour son expertise.
Lucie Lemonde
Le Barreau du Québec a décerné un Mérite à titre posthume à la professeure de l’UQAM, Lucie Lemonde, qui est décédée en février dernier.
« C’était quelqu’un qui défendait le droit de toutes les personnes de vivre dans la dignité. Comme professeure, comme avocate et comme militante, elle se révoltait contre les injustices et cherchait à aider les gens à faire reconnaître leurs droits », avait déclaré la directrice du Département des sciences juridiques Rachel Chagnon, à Actualités UQAM.
Me Lemonde a consacrée sa vie à défendre les droits humains au Québec et à l’étranger. Barreau 1974, elle s’est rapidement préoccupée des conditions de détention dans les prisons, ce qui l’a poussé à mener des actions devant les tribunaux pour faire reconnaître les droits des détenus.
Elle a commencé à enseigner à l’UQAM à la fin des années 1980 en plus d’être présidente de la Ligue des droits et libertés de 1994 à 2000, période durant laquelle elle obtient son doctorat en droit de l’Université de Montréal.
Elle a rédigé, après le Printemps érable, le rapport Répression, discrimination et grève étudiante publié un an plus tard. Elle a ensuite supervisé le rapport collectif Répressions et manifestations en juin 2015.
Me Lucie Lemonde a reçu une mention d’honneur de la Commission des droits de la personne et de la jeunesse pour son engagement social. Elle est récipiendaire du Prix ACFAS Pierre-Dansereau visant à reconnaître l’engagement social d’un chercheur en vue d’améliorer la qualité de la vie en société. L’Université de Sherbrooke lui a décerné un doctorat honorifique en droit pour son rôle de pionnière de la pratique et de l’enseignement du droit carcéral au Québec et au Canada.