L’aide juridique de Montréal bientôt en grève?
Emilie Laperrière
2022-05-04 12:00:00
« Les questions normatives sont réglées. Il ne reste que de petits détails à peaufiner. Les éléments qui accrochent sont liés à l’aspect financier », explique Justine Lambert-Boulianne, présidente du syndicat de Montréal, en entrevue avec Droit-Inc.
La parité salariale entre les avocats de l’aide juridique et les procureurs de la Couronne existe depuis 30 ans. Ce principe ne semble toutefois plus dans les plans du gouvernement.
« Au 31 décembre 2019, dernière journée de notre convention collective, on avait la parité. Ça a l’air qu’on l’a perdue le lendemain », déplore Me Lambert-Boulianne.
Alors que les procureurs de la Couronne obtiendront des augmentations de 10 % sur quatre ans, les avocats de l’aide juridique ont ainsi reçu des offres de 2 % par année sur trois ans. Les avocats qui poursuivent seraient donc payés plus cher que les avocats qui défendent les accusés.
Tout comme leurs collègues des Laurentides, de Lanaudière, de la Gaspésie, du Bas-Saint-Laurent et de Laval, qui ont aussi voté pour la grève, les 125 avocats de l’aide juridique de Montréal se battent pour conserver leurs acquis.
« On veut que le gouvernement reconnaisse notre valeur et notre importance dans le système de justice », souligne la présidente du syndicat de Montréal.
Sans vouloir prêcher pour sa paroisse, celle-ci rappelle que les avocats de l’aide juridique représentent les femmes victimes de violence conjugale, des enfants de la Commission Laurent, les nouveaux arrivants et des citoyens qui perdent leur logement.
« Nous sommes au front pour ces gens-là. Le gouvernement dit qu’il en fait une priorité, mais dans les faits, il n’y a aucune reconnaissance dans les offres salariales », note Justine Lambert-Boulianne.
Des troupes « galvanisées »
La présidente du syndicat de Montréal se réjouit de voir les membres se serrer les coudes.
« La grève a quand même été votée à 100 %. C’est rare que ça arrive! En plus, on a eu un super bon taux de participation à l’assemblée. D’entrée de jeu, c’était clair que tout le monde était extrêmement motivé à voter la grève », estime-t-elle.
Cette dernière remarque qu’en ces temps de pénurie, la rémunération est un enjeu essentiel pour la rétention du personnel.
« C’est une vocation, être avocat à l’aide juridique. Et en ce moment, le marché est très compétitif. Si on veut recruter des avocats compétents et motivés, et les garder, il faut qu’il y ait une reconnaissance. »
Le syndicat de Montréal n’a pas encore déterminé quand il utilisera son mandat de grève. Il compte s’arrimer avec les syndicats des autres régions. Ça ne devrait toutefois pas tarder. « La fenêtre pour régler notre convention collective est maintenant et on en est très conscient », assure Me Lambert-Boulianne.
Aucune date de négociation n’est pour l’instant prévue entre le gouvernement et la Commission des services juridiques.