Le nouveau défi d’André Ryan
Céline Gobert
2012-05-29 14:15:00
Faut dire que l’avocat est un homme très occupé.
Associé au cabinet BCF, il vient d’être nommé futur président du Conseil d’Administration de Meritas, alliance internationale de cabinets d’avocats indépendants.
Pas trop dur de cumuler les deux fonctions ?
« Vive le télétravail ! répond Me Ryan actuel vice-président du CA. Ce ne sera pas une sinécure, mais j’ai l’appui inconditionnel du cabinet. Les outils de travail dont nous disposons aujourd’hui font en sorte que nous pouvons travailler là où nos voyages nous amènent. »
En avril 2013 et pour une durée de deux ans, il revêtira le costume de président du CA.
« Meritas regroupe aujourd’hui 175 cabinets d’avocats présents sur environ 275 marchés, dans 75 pays. Plus de 7000 avocats ont choisi de renouveler leur foi dans la pratique de la profession juridique à l’intérieur d’un cabinet indépendant », explique Me Ryan.
Son élection a été confirmée lors du dernier congrès annuel de l’organisation, à la Nouvelle-Orléans.
« C’est vraiment l’aboutissement d’un long parcours. Cela fait déjà une dizaine d’années que je m’implique dans le réseau, de manière spécifique, comme délégué du cabinet auprès du réseau.»
Motivations
Le premier objectif qui a motivé BCF a rejoindre le réseau de Meritas ?
« Fournir une façon intéressante de référer nos propres clients à des avocats et avocates qui nous ressemblent et qui sont à même de produire des services dans lesquels ils se reconnaissent. Peu importe où leurs affaires les conduisent », répond-t-il.
Cerise sur le gâteau : l’année dernière, BCF a été le cabinet qui a référé le plus de mandats à l’extérieur du Québec.
« Pour nous, c’est encore aujourd’hui la facette numéro une de notre alliance. »
En 2011, se souvient-il, BCF avait la responsabilité d’organiser le meeting annuel à Montréal, l’occasion pour le cabinet de se replonger un peu dans la gouvernance et la direction des activités de Meritas.
Mais aussi, pour Me Ryan, membre du réseau de 2004 à 2007, de rencontrer la présidente de l’époque.
« La présidente du Conseil qui prenait les rênes de l’organisation à l’issue du meeting de Montréal, m’a demandé à l’époque de faire partie du conseil exécutif et d’agir à titre de VP. Ensuite, la question a été de savoir si oui ou non je serai intéressé par la candidature de président. »
BCF considérant que c’était une opportunité importante, Me Ryan dépose sa candidature.
« Au niveau de la gouvernance, quand on agit à titre de président sur un CA, on a les intérêts de l’organisation à cœur, il va de soi que sans le support inconditionnel de mes associés, on ne pourrait pas envisager de postuler pour un poste comme celui là. »
Missions
En tant qu’ambassadeur de Meritas à travers le monde, beaucoup de travail l’attend :
- présider les réunions du CA composé de 21 membres;
- diriger le travail du comité exécutif et des comités permanents;
- veiller à la surveillance et la mise en œuvre du programme d’assurance qualité, sur le comité dont il a la charge : Quality Assurance and Compliance Comity;
- administrer les irrégularités ou les plaintes qui peuvent survenir occasionnellement ou les insatisfactions qui sont portées à l’attention du comité et qui demandent une forme d’investigation;
- établir les orientations stratégiques de l’association.
Parmi ses stratégies : développer la croissance et viser le marché de l’hémisphère sud.
« Les grandes études actuelles sur les mouvements de capitaux nous montrent que l’hémisphère sud est appelé à jouer un rôle de plus en plus important dans l’économie mondiale. »
Ainsi ont-ils commencé une politique de recrutement sur le continent africain.
« La croissance économique sur le continent africain est au rendez-vous, il y a des économies qui embrassent de plus en plus étroitement et avec un certain succès, le modèle libéral et démocratique. Pour nous, il est important de pouvoir avoir une présence là-bas. »
Quels sont les pôles sur lesquels nous devons nous concentrer ? Quels types de cabinets souhaitons-nous appuyer ? Comment les rejoindre et s’assurer que leur intégration au réseau se fasse de manière réussie ?
Autant de questions auxquelles Me Ryan est confronté.
« Je pense qu’il faut aussi augmenter notre capacité de travailler avec l’excellent réseau de cabinets que nous avons sur le continent sud américain. Pour moi, il s’agit d’un pôle sur lequel il va falloir axer des ressources. »
L’an dernier également, ils ont décidé de « revoir leur modèle d’employés permanents sur une base régionale », explique l’avocat, avec trois agentes de développement en fonction.
L’une basée à Shanghai, s’occupe de l’Asie, l’autre est à Amsterdam en charge de l’Europe et de l’Afrique, et la dernière est à Miami et s’occupe de l’Amérique.
« Dans la mesure où le réseau souhaite continuer à offrir une alternative aux grands cabinets mondiaux, il faut toujours travailler à développer des façons d’offrir des services intégrés aux entreprises dont les activités sont transnationales », dit-il.
Visions
L’autre volet, c’est la notoriété à l’intérieur d’un réseau.
« Les relations entre les cabinets sont construites autour des relations entre les individus, et le fait d’occuper des postes à haute responsabilité à l’intérieur d’une organisation, fait en sorte que l’on est un joueur extrêmement bien vu et apprécié dans le réseau. Je pense que mon accès à la présidence, augmente cette notoriété là », dit-il.
Quant au cabinet, il se porte très bien selon l’associé.
« BCF continue sa politique de saine croissance, tant par le recrutement interne que par des recrutements ciblés au niveau latéral. »
Rien qui ne perturbe Me Ryan donc. Sauf peut-être l’actualité montréalaise mouvementée. Qu’en pense-t-il en tant qu’avocat ?
« Comme la plupart des citoyens, je suis préoccupé par ce que je perçois comme étant une remise en question par certaines personnes de la règle de droit. Et comme avocat, on a tous à cœur de maintenir la règle de droit et sa primauté qui est au cœur du modèle démocratique dans lequel nous avons choisi de vivre. »
Selon lui, la règle de droit, c’est ce qui fait que le système fonctionne et se tient. Il s’agit de l’équilibre, selon lui, entre le respect des droits individuels et des droits collectifs.
« Lorsque l’on est devant des remises en question de l’application de cette règle de droit, par certains groupes, je pense que c’est une menace que l’on doit prendre au sérieux. »
La loi 78 est-elle une bonne réponse ?
« Je ne peux pas me prononcer là-dessus. Je ne suis pas en position de me substituer ni au gouvernement qui a la responsabilité d’agir, ni aux organismes qui ont pour tâche d’exprimer la voix des membres du Barreau, et je n’ai pas l’intention de le faire. »