Avocat en Inde, étudiant à Montréal

Céline Gobert
2012-02-17 15:00:00
En Inde, il a obtenu son diplôme d’avocat, avec succès. Pourtant, le revoilà sur les bancs universitaires pour y passer un nouveau Master en aviation. Lui aussi est à la recherche d’un stage.
De part sa culture et un background que l’on devine particulièrement riches, Haroon Asrar est un candidat qui a de l’allure.
« Je suis venu rencontrer un cabinet tout particulièrement : McMillan, parce qu’il exerce dans un domaine de pratique qui m’intéresse : l’aviation. Ils m’ont donné tous les détails que je demandais, m’ont expliqué très clairement le profil de leurs collaborateurs, ils étaient vraiment convaincants. J’adorerai travailler avec eux », explique-t-il.
« J’aime poser des questions, les relations en face à face. Je suis en quête d’information, je ne parle pas de ce que l’on peut trouver sur un site internet, mais de l’aspect humain. Quand je travaillais au département légal de Jet Airways à Mumbaï, j’ai refusé des candidatures car certains candidats posaient moins de questions que moi », ajoute-il.
Étudiant, oui. Mais avec un CV impressionnant : en plus d’avoir travaillé chez Jet Airways, il a aussi été avocat chez Vaish Associates Advocates. Une expérience de plusieurs mois qui l’a énormément enrichi.

Même s’il apprécie le calme et l’absence de pollution de Montréal, son futur, il le voit en Inde.
« J’aimerais gagner un ou deux ans d’expérience, ici au Canada, pour ensuite retourner en Inde. L’Inde va devenir le plus grand marché de l’aviation au monde. Les opportunités de travail vont être énormes », déclare Haroon Asrar.
Une affaire de famille
Cette fascination pour le domaine de l’aviation, il la doit principalement à son frère aîné, qui travaille chez Qatar Airways.
Bien sûr il y a le côté glamour, avec les beaux hôtels, les nombreuses rencontres inhérentes au métier, mais c’est surtout la complexité des affaires juridiques qui l’intéresse : les accords, licences, les régulations dans les aéroports, les conventions.
Ses travaux de recherches portent d’ailleurs sur les conséquences des accords bilatéraux sur le marché de l’aviation en Inde. Encadré par Professeur Paul Stephen Dempsey, Directeur de l’Institut de droit aérien et spatial, il ne cache pas son immense admiration, pour celui qu’il considère comme son mentor. .
« En plus d’une connaissance aigüe de son domaine, il a une approche très différente des étudiants, cette manière qu’il a d’enseigner, de donner des exemples clairs, de vous impliquer… Il est une source d’inspiration pour moi. »
Un père spirituel, en quelque sorte. Son « vrai » père, lui, est en Inde. Un homme aux mille casquettes qu’il admire tout autant : écrivain, producteur, journaliste au « Rank and Files », un journal indien.
« C’est à lui que je dois mon goût pour l’écriture. J’écris des poèmes d’amour en ourdou, un langage sophistiqué proche du sanskrit », indique-t-il.

« L’un de mes projets également est d’ouvrir une galerie d’art dans laquelle je pourrais exposer mes œuvres. Des tableaux qui mixent découpages, peintures, art moderne et abstrait », confie-t-il.
Le vrai visage de l’Inde
Même s’il reconnaît préférer le système éducatif canadien, parce qu’il n’est pas terni par une compétition malsaine entre étudiants comme il peut y avoir en Inde, la jeunesse, selon lui, est la même, quel que soit le pays.
« Nous nous questionnons tous sur nos aspirations, notre avenir professionnel. En ce qui me concerne, j’ai la même vie à Montréal qu’à Mumbaï. »
Slumdog Millionnaire, le film de Danny Boyle, il l’a vu. Une compilation de clichés sur son pays, selon lui. Oubliez donc les serpents et les bidonvilles, l’Inde c’est autre chose.
« J’aimerais montrer aux gens ce qu’est vraiment l’Inde », dit-il, amoureux d’un pays qui n’a pas forcément la côte dans l’imaginaire collectif.
« On se fait de fausses idées sur l’Inde, explique-t-il, les gens ne voient que les gens pauvres lorsqu’il se l’imagine mais c’est faux. Même à New-York, il y a des places où vous ne voudriez pas aller, c’est la même chose là-bas. Cette vision est un cliché. Beaucoup de gens font partie de la classe moyenne, 40% de millions d’habitants parlent anglais, le pays possède une richesse et une variété folles en terme de nourriture, de culture, de langage. Aussi, nous sommes des leaders en matière de technologies de l’information et de productions de produits »
Aujourd’hui, il se déclare confiant en l’avenir.
« Je n’ai rien à perdre, et je suis intimement persuadé que si une chose doit arriver, elle arrive », dit-il.
Rien qui lui fasse peur donc ?
« Je pourrais vous répondre que j’ai peur de l’échec, mais ce ne serait qu’à moitié vrai car je pense savoir le gérer. Alors je vous dirais que le pire serait de perdre le contact avec ma famille. Chaque jour, c’est elle qui me donne l’énergie pour avancer », conclut-il.