Une avocate engagée à la tête du Collectif juridique

Sonia Semere
2025-03-14 14:15:10

Me Léa Charbonneau-Lacroix vient d’être nommée directrice générale du Collectif juridique, un organisme montréalais qui offre, depuis 2002, des consultations juridiques gratuites.
Loin d’être une inconnue pour le Collectif, l’avocate y a fait son entrée en 2023 après avoir exercé pendant six ans au sein du cabinet Brunel Immigration.
Son engagement envers la vulgarisation juridique et la défense des communautés vulnérables l’a naturellement menée vers cet organisme.
Quels défis l’attendent dans ses nouvelles fonctions? Quelles actions souhaite-t-elle mettre en place? Droit-inc s’est entretenu avec l’avocate.
Vous venez d'être nommée directrice générale du Collectif juridique. Qu'est-ce que représente ce collectif à vos yeux?
C'est vraiment un organisme de terrain, on se déplace toutes les semaines dans quatre différents points de service sur l'île de Montréal pour aller à la rencontre des gens et leur offrir des consultations juridiques gratuitement.
On a des liens forts avec tous les acteurs du milieu communautaire. C'est quelque chose de très précieux qui nous permet d'être plus conscients des réalités et des personnes avec qui on travaille. C'est aussi un organisme qui a une forte vocation de formation. Chaque année, on reçoit une quinzaine d'étudiants en droit. C’est une belle façon d'inspirer ces jeunes dans l'accès à la justice.
Quel type de public accueillez-vous et pour quelles questions juridiques ?
On intervient aussi bien en droit du logement, droit civil, droit de l'immigration, droit du travail qu’en droit de la famille. La clientèle varie beaucoup d'un point de service à l'autre. De façon générale, en raison de la nature du service qu'on offre, on s'adresse à des personnes souvent vulnérables et en précarité financière mais on a tout de même un large éventail de personnes qui viennent nous voir.
Dans notre point de service de Parc-Extension, plus de la moitié de nos consultations portent sur le droit de l'immigration. C'est certain qu'en droit du logement, on a énormément de demandes, surtout en ce moment. On a des personnes qui se retrouvent au pied du mur et qui ont besoin d'aide pour conserver un toit au-dessus de leur tête.
Vous parliez précédemment d'un exercice formateur pour les étudiants en droit, mais comment les préparer à faire face à des situations humaines aussi délicates?
Il y a quelques années, on a commencé à travailler avec une intervenante psychosociale qui était initialement engagée pour répondre aux besoins de la population. Elle est vraiment venue combler un vide qu'on constatait dans notre offre de service.
En plus de son rôle auprès de la communauté, elle intervient également auprès de nos étudiants. Quand il y a des dossiers plus difficiles, comme des cas de violences conjugales, elle va à leur rencontre. Il y a un véritable espace d'accueil et d'écoute où ils vont pouvoir parler de ce qu'ils ont vécu.
En tant que nouvelle directrice générale, qu'est-ce que vous aimeriez apporter comme nouveau souffle au collectif?
En ce moment, ce qu'on veut surtout exploiter, c'est la possibilité nouvellement gagnée d'offrir du conseil juridique. Avant, les avocats employés par les OBNL n'avaient pas le droit de donner des conseils juridiques. Ils pouvaient seulement donner de l'information juridique.
La loi a changé sur ce point. Désormais, il y a des démarches à faire auprès du Barreau et à l'interne. Il y a de nombreux procédés à mettre en place mais j’ai vraiment envie qu'on aille au bout de cette opportunité parce que j’estime que c'est là qu'il y a un énorme besoin. Cette possibilité de pouvoir offrir un accompagnement complet aux gens, c'est vraiment un cadeau pour les cliniques juridiques.
La lutte contre les inégalités semble être au cœur de votre parcours. Qu’est-ce qui nourrit cet engagement profond ?
Je pense que c'est un intérêt que j'ai toujours eu… Je suis proche de ma communauté et j'aime en prendre soin. Ça a vraiment du sens de travailler pour une mission qui redonne à la communauté et favorise une meilleure égalité des chances. J'ai passé quelques années en cabinet privé, et ça m'a énormément appris. Mais aujourd'hui, j'occupe un poste qui est parfaitement aligné avec mes valeurs.